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Une candidature Borloo 
signifierait l'échec de l'UMP
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Présidentielle 2012

Jean-Louis Borloo a annoncé ce mardi son intention de "gagner" la présidentielle de 2012. Refusant de se laisser "bâillonner" par l'UMP, le président du Parti radical a annoncé une décision définitive quant à sa candidature "entre l'été et l'automne".

David Valence

David Valence

David Valence enseigne l'histoire contemporaine à Sciences-Po Paris depuis 2005. 
Ses recherches portent sur l'histoire de la France depuis 1945, en particulier sous l'angle des rapports entre haute fonction publique et pouvoir politique. 
Témoin engagé de la vie politique de notre pays, il travaille régulièrement avec la Fondation pour l'innovation politique (Fondapol) et a notamment créé, en 2011, le blog Trop Libre, avec l'historien Christophe de Voogd.

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Atlantico : Comment analysez-vous l’interview de Jean-Louis Borloo publiée ce mardi dans La Voix du Nord, où il déclare se préparer « pour gagner » en 2012 ?

David Valence : Les historiens disent parfois sur le ton de la plaisanterie que  « tout est affaire de contexte ». Je crois que c’est le cas pour ces déclarations de Jean-Louis Borloo.

Le dernier congrès du Parti radical, qui devait permettre à Jean-Louis Borloo de « marquer » l’opinion est d’abord passé relativement inaperçu car il se tenait la veille et le jour même (13 et 14 mai) où a explosé « l’affaire DSK ». Il lui fallait donc en « remettre une couche » pour se faire entendre auprès de l’opinion.

Par ailleurs, « l’affaire DSK » a dégagé un peu le terrain pour lui ; en tout cas l’électorat modéré est désormais plus disponible.

Ces derniers jours, plusieurs des alliés de Jean-Louis Borloo au sein de la Confédération des centres, et notamment Hervé de Charrette, lui ont en outre demandé explicitement de montrer plus de détermination dans la perspective de 2012.

Enfin, l’interview de Jean-Louis Borloo à La Voix du Nord  lui permet d’empêcher le retour de François Bayrou dans le débat public. Or, certains centristes sont peut-être tentés en ce moment de reprendre langue avec le leader du MoDem, comme on l’a vu aux obsèques de Bernard Stasi.

Quelles sont les différences principales entre François Bayrou et Jean-Louis Borloo ?

Ils ne sont pas si différents de prime abord, ou du moins leurs trajectoires se sont souvent rencontrées. Jean-Louis Borloo a par exemple joué un rôle important dans la campagne présidentielle de François Bayrou en 2002, avant de rallier rapidement Jacques Chirac et de rentrer dans le gouvernement de Jean-Pierre Raffarin.

Mais leurs électorats diffèrent sans doute. Le potentiel électoral de Jean-Louis Borloo se situe dans un électorat plus urbain que l’électorat centriste traditionnel, c’est-à-dire celui des démocrates chrétiens. Borloo est plutôt un capteur à bobos ou à électeurs autrefois chiraquiens. Je ne suis donc pas convaincu que son image soit la meilleure pour polariser ce qu’on appelle souvent un peu vite l’« électorat centriste ».

Un « 21 avril à l’envers », comme l’a évoqué Xavier Bertrand, serait-il possible si Jean-Louis Borloo se présentait en 2012 ?

Ce n’est pas la première fois qu’il y aurait de multiples candidatures à droite. En 2002, Jacques Chirac, François Bayrou, Corinne Lepage, Jean Saint-Josse, Christine Boutin et Alain Madelin se disputaient les suffrages des modérés de droite. En 1981, il y avait à la fois Giscard d’Estaing, Jacques Chirac, Michel Debré et Marie-France Garaud au 1er tour. Cela n’avait pas empêché VGE d’accéder au second tour.

Les candidats forts, même quand ils sont sortants, peuvent résister à cette concurrence. Si Lionel Jospin s’est effondré en 2002, c’est parce qu’il n’a pas su convaincre. L’argument de la multiplicité des candidatures n’est pas un argument solide car l’histoire enseigne qu’à plusieurs reprises – y compris avec davantage de candidatures que celles prévues pour 2012 – il n’y a pas eu d’élimination du candidat de droite au premier tour.

Jean-Louis Borloo a-t-il ses chances pour 2012 ?

C’est difficile à dire. Ce qui me frappe c’est que Jean-Louis Borloo bénéficie, en plus de troupes centristes égarées, du soutien discret des anciens chiraquiens.

Je note ainsi que l’interview de Borloo est publiée dans La Voix du Nord. Certes il s’agit du journal de la région dont il est un élu emblématique. Mais cela rappelle la déclaration de candidature de Jacques Chirac fin 1994… dans La Voix du Nord !

D’autre part, parmi les ralliements avancés figure celui de Frédéric Salat-Baroux, dernier secrétaire général de l’Élysée sous Jacques Chirac et coordinateur annoncé d’un possible « programme Borloo ».Celui-ci avait, semble-t-il, espéré devenir ministre une fois Nicolas Sarkozy élu. Il est surtout le mari de Claude Chirac, la fille de l’ancien Président. C’est un signe assez fort que la marge de progression de Jean-Louis Borloo se situe plutôt chez la droite modérée et les anciens chiraquiens que parmi les centristes et la démocratie-chrétienne.

Quoi qu’il en soit, si Jean-Louis Borloo se présente à l’élection présidentielle, ce sera le signe que l’UMP a échoué à rassembler toute la droite. Le départ du Parti radical du parti majoritaire et la formation de la Confédération des centres signent déjà cet échec, non pas celui de Nicolas Sarkozy, mais du projet porté en 2002 par Jacques Chirac et Alain Juppé de créer avec l’UMP le parti qui rassemblerait les droites.

L’échec de l’UMP procède sans doute du sentiment des centristes « de s’être fait avoir » : ils semblent considérer que les anciens gaullistes ou les anciens du RPR ont gardé l’essentiel du pouvoir au sein de l’UMP. Peut-on leur donner tort ?

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