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Yémen : sur la piste 
des Français disparus...
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Enlèvement ?

Le véhicule des trois humanitaires français disparus depuis samedi au Yémen a été retrouvé "non endommagé", ce qui "conforte" l'hypothèse de l'enlèvement, a indiqué le ministère français des Affaires étrangères ce lundi. Décryptage par un spécialiste de la région.

Bernard Jacquemart

Bernard Jacquemart

Bernard Jacquemart est directeur de l'Information et de l'analyse de Sécurité Sans Frontières, une société fournissant aux entreprises œuvrant à l'international des services globaux de sécurité.

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Atlantico : Comment analysez-vous ce qui semble être un enlèvement de trois humanitaires français au Yémen ?

Bernard Jacquemart : Au Yémen, la situation est très complexe. Un certain nombre de crises antérieures à la crise politique et sociale qui secoue le pays actuellement se superposent. En ce qui nous concerne, cela fait plusieurs mois que nous avons renforcé les dispositifs de protection des  personnels et des activités de nos clients entreprises et que nous leur avons conseillé de réduire si possible la présence de personnel expatrié dans le pays, de renforcer les mesures de sécurité et de limiter les déplacements.

Depuis le 3 février 2011, le pays est entré dans un cycle de troubles graves, le gouvernement d'Ali Abdallah Saleh réprimant avec une extrême violence les manifestations demandant son départ. Cette crise profonde se surajoute aux mouvements qui secouent le pays depuis plusieurs années : rébellion zaïdite au Nord, revendications tribales dans l'Est et le Centre,  mouvement séparatiste au Sud et montée en puissance d'Al-Qaïda dans la péninsule arabique (AQPA).

C'est dans ce contexte pour le moins complexe qu'un certain nombre d'entreprises, d'organisations internationales et d'ONGs continuent de travailler, même si la plupart des chancelleries occidentales ont réitéré les recommandations à leurs ressortissant de quitter le pays (le 26 mai 2011 pour le Quai d'Orsay).

Au Yémen, les enlèvements d'étrangers ne sont pas une nouveauté, ils sont même assez fréquents et le fait de tribus qui en font un facteur de pression sur les autorités pour avoir des avantages, pour exiger par exemple la construction d’une route, l’ouverture d’un dispensaire ou la libération de membres emprisonnés de la tribu. Depuis 10 ans, on peut estimer que quelques 200 expatriés ont été enlevés de façon plus ou moins longue au Yémen et ont été libérés après une négociation locale.

Toutefois, ces dernières années, du fait de la montée d’Al-Qaïda, on a vu des événements plus violents. Ainsi, dans la province d'Hadramaout où travaillait l'équipe de l'ONG Triangle, en mars 2009, des touristes sud coréens ont été tués à Shibam, dans un attentat suicide revendiqué par Al-Qaïda. Apparemment le kamikaze leur a demandé d’être pris en photo avec eux et s’est fait sauter à ce moment là.

Reste qu’il ne faut pas tout mélanger et, pour ce qui est de l'enlèvement des trois humanitaires français, rester extrêmement prudent. Il convient d’interpréter cet enlèvement en considérant le contexte local, la façon dont cette ONG travaillait avec les différentes acteurs de la région. Même si ses mesures de sécurité étaient respectées, de par son activité elle était une cible facile car vulnérable malgré sa connaissance de la région. S’il se confirme qu’il s’agit bien d’un enlèvement, il reste aujourd'hui difficile de dire qui en est l’auteur. Fait tribal ou Al-Qaïda : on ne peut exclure aucune hypothèse.

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