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Le portable, carte bleue intelligente
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Sans contact

Google va lancer aux Etats-Unis, dans les mois qui viennent, une application qui permettra de payer directement avec son téléphone portable. Cette technique existe déjà dans certains pays asiatiques mais tarde à s'imposer en Europe. Thibault Lanxade, PDG de aqoba, société spécialisée dans le paiement sans contact, explique les enjeux de ce marché qui va progressivement s'implanter en France.

Thibault Lanxade

Thibault Lanxade

Thibault Lanxade est un entrepreneur. Il fonde, en 2008, la société aqoba, premier opérateur de cartes de paiement affinitaires sur mesure. Il occupe le poste de Président Directeur Général de cette société. Il est aussi le Président de Positive Entreprise, association indépendante qui vise à rapprocher les jeunes du monde de l'entreprise. 

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Atlantico : Quel est l’intérêt du paiement mobile sans contact ?

Thibault LanxadeAu lieu de taper un code, on passe le mobile sur une borne de paiement. Il faut ensuite valider un code une seconde fois, selon le montant de la transaction. L’acte est plus souple, mais pas révolutionnaire. C’est une carte bancaire intelligente qui, au travers du mobile, doit apporter de la valeur à vos paiements. La dématérialisation de la carte dans le mobile n’est intéressante que si l'on offre des services. Ils peuvent consister à vous localiser lorsque vous entrez dans une boutique afin de vous envoyer des informations qui permettent de vous annoncer une promotion, une réduction ou une offre spéciale. Nous pouvons même aller plus loin : à partir du moment où vous payez, vos points de fidélité pourraient s’ajouter automatiquement. 

Quand ce système pourrait-il s'imposer en France ?

Le paiement mobile est développé dans d’autres pays, surtout dans la sphère asiatique (notamment en Corée et au Japon), pour des raisons d’innovation technologique, mais également grâce au travail conjoint des acteurs bancaires et des opérateurs télécoms qui a permis une mise en place très rapide de ce type de solutions. Ce qui est en train de s’opérer aux Etats-Unis est totalement différent de l’exemple asiatique. Les modèles sont encore hybrides et les systèmes monétiques sont différents de ceux qui existent en Europe. Ce qui est positif en France, c’est que les normes et les spécifications techniques qui permettent d’accepter du paiement mobile sont en train d’être rentrées dans les terminaux. Cela va donner la possibilité au « retailler» de conditionner une solution de paiement mobile très facilement sur un terminal. Ils vont être les premiers acteurs de la bascule et les premiers à proposer les services de paiement sans contact. Un réseau d’acceptation, c'est-à-dire une généralisation des points des paiements par téléphone portable, va être mis en place grâce à eux dans les mois qui viennent. Suivront ensuite d’autres enseignes, notamment les acteurs de l’alimentation où de nombreux achats se font par cartes bancaires. Le réseau va monter en puissance et des premiers signes de la mise en place du paiement sans contact vont être effectifs dès septembre. Cela dit, le système n’est pas opérationnel à très court terme. 

Parallèlement, les opérateurs téléphoniques ont acheté des smartphones sur lesquels a été intégrée la technologie de paiement sans contact. Mais les opérateurs n'ont pas encore mis au point l'application qui va avec. On parle d’un million de terminaux  compatibles, répartis entre les trois grands opérateurs. Reste à savoir ce que les opérateurs vont faire avec les banques, et quel schéma va se mettre en place concernant les offres marketing. Les opérateurs ont besoin de profits puisqu’ils sont sur un marché qui commence à être saturé.

Cela va-t-il remettre en cause les équilibres économiques jusqu’alors établis, notamment au niveau de la rémunération de ceux qui proposent ces services ?

Les équilibres vont effectivement être remis en cause. Le système monétique dans son modèle actuel est un système dont il est difficile de dégager d’énormes sources de profitabilité.

Pour être rémunérées, les sociétés qui proposeront du paiement sans contact ne taxerons pas une partie du virement et du paiement. Il faudra aller chercher de la valeur ailleurs, sur les activités marketing que ces sociétés peuvent proposer au travers du mobile. Les commerçants qui sont parties prenantes du dispositif vont rémunérer, non pas par des commissions, mais tout simplement par un apport de chiffre d’affaires. En revanche, il devront offrir une remise sur un produit à condition que, derrière, un chiffre d’affaires conséquent soit généré. Aujourd’hui, un commerçant paye une commission à la banque, celle du client lorsque celui-ci règle par carte bleue - et il est d’ailleurs lourdement taxé. 

Nous dirigeons-nous vers une disparition du règlement en espèces et par carte bancaire ?

Non, je ne le crois pas. On voit bien aujourd’hui qu’un outil comme le chèque, qui est quand même archaïque, résiste et possède un schéma de cohérence pour l’utilisateur. On n’a jamais vu dans l’histoire de la monétique un moment où un système de paiement a disparu de manière brutale pour passer à un autre. La carte bancaire a encore de longs jours devant elle. Ce sera plus une diversité de moyen de paiement qui va se mettre en place. 

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