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Le hastag "Bringbackourgirls" qui mobilise les réseaux sociaux contre l'enlèvement des jeunes filles par Boko Haram.
Le hastag "Bringbackourgirls" qui mobilise les réseaux sociaux contre l'enlèvement des jeunes filles par Boko Haram.
©Reuters

On nous dit rien et on nous cache tout

Dans cette hypothèse, voilà ce qui se serait passé. Et ça n'aurait pas été très beau à voir.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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Les choses donc, horribles et insupportables, se sont déroulées au Nigeria. Là-bas depuis des années un groupe sanguinaire assassine, viole et massacre. Son nom : les soldats du Christ Roi. Son drapeau : un étendard avec le sacré cœur de Jésus. A sa tête un fanatique qui a emprunté le nom de Charles Martel, célèbre tueur de musulmans.

Cette secte a enlevé 270 lycéennes, musulmanes pour la plupart. Les soldats du Christ Roi estiment en effet que la place des filles n'est pas à l'école mais au lit et à la cuisine. Leur présence dans un établissement scolaire constitue à leurs yeux un abominable blasphème qui mérite le plus cruel des châtiments. Ainsi il a été envisagé de les brûler vives comme sorcières. Mais leur chef, dans un élan de charité chrétienne, a annoncé qu'elles seraient vendues comme esclaves ou mariées de force.

Lire également : Enlèvement de jeunes filles au Nigéria : où sont les voix des musulmans qui condamnent ?

Dès que la nouvelle a été connue une vague d'indignation et de colère a balayé le monde. Elle a été – et c'était bien normal – particulièrement violente dans les pays arabo-musulmans. Au Caire, des dizaines de milliers de manifestants, fous de rage et de douleur, ont mis le feu aux églises coptes qui ont brûlé avec leurs fidèles à l'intérieur. A Dacca, au Bangladesh, une grève générale de protestation a paralysé le pays. Au Pakistan a été organisée une journée de deuil national et des chrétiens ont été tués au sabre et au poignard. Les plus hautes autorités religieuses d'Arabie Saoudite ont proclamé la guerre sainte contre les infidèles.

Partout, à Amman, Sanaa, Oman, Khartoum, les ambassades chrétiennes ont été saccagées et pillées. Là des prêtres ont été tués. Ici des bonnes sœurs ont été égorgées. Les pires exactions ont été commises au Liban, ou chiites et sunnites, pour une fois unis, se sont lancés à l'assaut des quartiers chrétiens.

Pétrifiée de honte et de peur, l'Eglise catholique a tenté de faire contrition. Le Pape François a solennellement excommunié les fanatiques du Christ Roi. Au Nigéria les évêques sont allés s'agenouiller devant les mosquées et ont demandé pardon pour les crimes commis au nom de Jésus. Dans toutes les églises du monde les fidèles ont priés pour que les 270 jeunes filles reviennent saines et sauves.

Mais rien n'a pu calmer la juste colère qui a visé le catholicisme. Voilà. Il s'agissait bien sûr d'un cauchemar. Il n'a pas eu lieu et les horreurs décrites n'ont pas existé. Car la secte Boko Haram est de toute autre obédience que le catholique. La Terre a continué à tourner. Le monde est resté calme. Dans la douceur et dans la paix. Ouf !

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