Chômage : ces remèdes que François Hollande ne voit pas toujours pas

Dans la litanie du langage politique, le mot chômage détient la palme. Pas un discours officiel sans qu’il ne soit évoqué. Il revient sans cesse sur le devant de la scène comme le mal du siècle. Il apparaît comme une épidémie, la forme contemporaine de la peste du Moyen-Age avec laquelle il faut tenter de vivre parce qu’il fait figure de malédiction irréversible. On a tendance ainsi à le sacraliser, à lui conférer une sorte de statut officiel. La France n’a toujours pas mis en place une véritable stratégie pour le combattre et se contente d’une politique d’assistance pour ceux qui en sont victimes.

Nos partenaires restent confondus devant notre indigence dans ce domaine, où nous continuons à laisser se dégrader lentement l’emploi dans le secteur privé, sans dégraisser le mammouth, puisque le domaine public continue de se développer à l’encontre de ce qui se passe dans tous les autres pays européens. Pourtant les remèdes existent et une fois de plus, les solutions sont fournies par l’étranger. Ainsi, une étude du cabinet de conseil McKinsey démontre qu’il n’y a pas de fatalité à la situation présente et qu’il existe au sein de l’hexagone des gisements d’emplois sous-exploités. Le rapport passe en revue les principaux secteurs susceptibles de générer des débouchés nouveaux : la recherche, les activités relatives aux nouvelles technologies, la distribution et la construction notamment qui auraient un effet d’entraînement pouvant aboutir à la création d’un million de postes supplémentaires à un horizon de quatre ans. Les méthodes pour y parvenir sont bien connues et McKinsey ne fait qu’enfoncer le clou : ouvrir le champ économique en supprimant les rigidités, le carcan qui enserre l’activité, les réglementations de tous ordres, lutter contre les distorsions de concurrence, etc.

Pour l’instant, rien n’indique que l’on s’oriente en ce sens, tant le poids des habitudes est lourd et les lobbies du conservatisme  puissant. Ainsi, le pacte de responsabilité n’envisage pour l’instant que des mesures ponctuelles, de détail, qui tournent autour de la simple augmentation des bas salaires, ce qui va susciter très vite des conflits au niveau des seuils retenus proches du Smic. Il faudrait réorienter une grande partie des jeunes, dont la moitié au moins de ceux qui poursuivent leurs études se dirigent vers l’université, qui n’est pas à même de fournir des débouchés suffisants, alors que des secteurs entiers manquent  de bras. Par ailleurs, on continue d’agir à l’opposé du "choc de simplification" : tous les jours de nouvelles réglementations apparaissent comme le prouvent les mesures  Duflot sur le logement, qui multiplient les obligations au nom de la protection des locataires et fait de l’acquisition d’un logement un parcours du combattant, avec pour première conséquence une chute de la construction, qui devrait être au contraire un secteur moteur étant donné la pénurie.

Nos grands partenaires européens regardent avec de plus en plus d’inquiétude notre incapacité à s’adapter, où la politique se déroule cahin caha au jour le jour, le gouvernement se contentant de favoriser le maintien des situations acquises, des chasses gardées sans la moindre vision d’avenir, en faisant mine de tout attendre de l’amélioration de la croissance chez nos voisins. A une heure où il faudrait au contraire se muscler pour faire face aux périls qui montent : tension avec la Russie à propos de l’Ukraine, ralentissement de la demande mondiale et multiplication des conflits en Asie et au Moyen- Orient.