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Échec scolaire et immigration : 
la vérité des chiffres
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C'est arithmétique

Claude Guéant a déclaré que "les deux tiers des échecs scolaires, c'est l'échec d'enfants d'immigrés". Selon Olivier Vial, président de l'UNI, plusieurs études montrent la justesse des propos du ministre de l'Intérieur.

Olivier Vial

Olivier Vial

Olivier Vial est Directeur du CERU, le laboratoire d’idées universitaire en charge du programme de recherche sur les radicalités.

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Atlantico : Claude Guéant a déclaré que "les deux tiers des échecs scolaires, c'est l'échec d'enfants d'immigrés". Les lycéens de l'UNL et les parents d'élèves de la FCPE ont condamné ces propos en indiquant qu'ils ne s'appuyaient sur "aucune réalité statistique". A quoi correspond la réalité ?

Olivier Vial : Les statistiques sur ce sujet sont rares, mais grâce à l'enquête PISA réalisée tous les trois ans par l'OCDE auprès d'élèves de 15 ans, des chiffres pour l'année 2009 existent et ils sont éloquents. En compréhension de l'écrit, par exemple, l’écart de résultat entre les élèves nés en France de parents français et ceux nés de parents étrangers est de 60 points en France, contre 43 en moyenne pour l’OCDE. Quand on sait qu'un écart de 40 points représente un retard d’une année scolaire complète, on ne peut que constater que les élèves issus de l'immigration connaissent un échec scolaire important. En moyenne à 15 ans, ils ont accumulé un an et demi de retard par rapport aux autres élèves.

En France, les élèves issus de la première génération d'immigrés ont ainsi deux fois plus de risques de compter parmi les élèves peu performants. La situation s’améliore pour les élèves de la deuxième génération, même si les écarts restent très élevés. Ainsi, 35 % des élèves de la deuxième génération restent dans le groupe des élèves les plus faibles recensés par l’enquête PISA, contre 17 % pour les autochtones et 42 % pour les élèves de la première génération.


Les différences de résultats entre les immigrés et les Français ne procèdent-elles pas avant tout de différences sociales ?

Les résultats de l'enquête de l'OCDE permettent de lever cette interrogation, puisqu'ils présentent également les écarts de performance entre élèves issus de l'immigration et élèves autochtones en les corrigeant des variables socio-économiques. Après cette correction statistique, l'écart de performance demeure très significatif. Les résultats des élèves issus de l'immigration restent inférieurs de 30 points à ceux des élèves autochtones (contre 27 points en moyenne OCDE). Cela démontre que les élèves issus de l'immigration sont confrontés à d'autres difficultés que celles liées à leur contexte socio-économique. Certains auteurs, comme Malika Sorel, membre du Haut Conseil à l'Intégration (HCI), pointent d'autres facteurs comme, par exemple, les difficultés de maîtrise de la langue, l'implication moins forte des familles, l'opposition dans certains cas entre la "culture enseignée à l'école" et celle transmise au sein de la cellule familiale.


Parler "d'enfants d'immigrés" a-t-il du sens ? Cette expression correspond-elle à un tout homogène ?

Les enfants issus de l'immigration, surtout à l'échelle des pays de l'OCDE, ne constituent pas un ensemble homogène car, si l’ensemble des pays de l’OCDE connaissent tous des phénomènes d’immigration, la nature de l'immigration dépend en grande partie de l'histoire et de la politique migratoire de ces pays.

Ainsi, la Finlande, la Grèce, l’Irlande, l’Italie, le Portugal, l’Espagne, le Royaume-Uni et la France pratiquent des politiques migratoires peu sélectives et connaissent des écarts de résultats scolaires importants. A l’inverse, l'Australie,  le Canada, la Nouvelle-Zélande et les Etats-Unis sont des pays où la politique d’immigration favorise les plus qualifiés. L’écart de résultat entre les élèves issus de l’immigration et les populations autochtones y est alors beaucoup plus faible.

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