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Demain, tous vieux, pauvres et malades ? Quand le chômage de longue durée modifie l'ADN
©Reuters

Bonnes feuilles

Devant l'immobilisme des politiques publiques face à la triple peine - vieillissement, maladie, pauvreté -, nous nous dirigeons tout droit vers un crash sanitaire et social sans précédent. De quoi faire frémir, mais surtout de quoi s'interroger et réagir. Extrait de "Demain, vieux, pauvres et malades ! - Comment échapper au crash sanitaire et social", du Dr Sauveur Boukris, aux éditions du Moment (2/2).

Sauveur Boukris

Sauveur Boukris

Sauveur Boukris est médecin généraliste.

Enseignant à Paris, il participe à de nombreuses émissions de radio et de télévision sur les questions de santé. Il est l'auteur de plusieurs livres médicaux dont "Santé : la démolition programmée", aux Editions du Cherche Midi.

Il a écrit  "Médicaments génériques, la grande arnaque" aux Editions du Moment.

Son dernier livre s'intitule "La fabrique des malades" aux Editions du cherche midi.

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Quand le stress est prolongé ou qu’il est aigu, les réactions de l’organisme vont être nocives. Une augmentation du tonus cardio-vasculaire conduit à l’hypertension artérielle. Une mobilisation prolongée et permanente d’énergie accroît le risque de diabète de type 2. Un stress prolongé réduit les défenses immunitaires. Enfin, une exposition continue chronique au stress altère les fonctions cérébrales des neurones.

De nombreuses circonstances favorisent les maladies associées au stress : « l’impuissance face aux menaces ou le sentiment d’avoir sur elles peu ou pas de contrôle » ; l’absence d’exutoire à la frustration consécutive au stress. Le manque de soutien social provoque du stress qui lui- même engendre à son tour des maladies. Un individu souffre d’autant plus de troubles cardio-vasculaires qu’il a peu d’autonomie au travail. Ne pas être maître de la situation, dépendre de la hiérarchie, subir des pressions sont des facteurs de maladies cardio-vasculaires. Des travaux fort sérieux de Nancy Adler, vice-directrice du département de psychiatrie de l’université de Californie à San Francisco aux États-Unis et de Richard Wilkinson, professeur émérite d’épidémiologie sociale à l’université de Nottingham en Grande-Bretagne, ont montré que les paramètres objectifs socio-économiques comme le niveau d’études, les revenus, la profession, etc., et les facteurs subjectifs comme la satisfaction que procure la vie, le niveau d’anxiété face à l’avenir sont des éléments déterminants pour évaluer les dysfonctionnements cardio-vasculaires et des maladies métaboliques comme le diabète et les troubles lipidiques.

Si l’on se penche plus particulièrement sur le chômage, on s’aperçoit qu’il n’est pas seulement un facteur déterminant de la santé mentale des populations, il est aussi un facteur déclencheur de risques cardio-vasculaires. Des chercheurs américains de la Duke University de Durham en Caroline du Nord qui ont analysé le parcours professionnel et la santé de plus de 14 000 adultes entre 51 et 75 ans, de 1992 à 2010, ont montré que les risques de crises cardiaques sont accrus en période de chômage. Pour une seule perte d’emploi, ce risque est augmenté de 22 % par rapport à celui des salariés qui n’ont pas connu le chômage et, dans les cas de pertes d’emploi à répétition, ce risque s’élève à 63 %. Selon les cardiologues, le chômage est un facteur de risque cardio-vasculaire aussi néfaste que le diabète, l’hypertension ou le tabagisme. Les auteurs concluent leur étude en confirmant que « licenciements et période de chômage se sont avérés être des facteurs de risques associés à un risque accru d’infarctus du myocarde 1 ».

Chômage de longue durée : vieillissement en puissance

Si la précarité et la pauvreté peuvent engendrer des maladies physiques ou psychologiques, le chômage de longue durée peut modifier l’ADN. Une étude menée sur plus de 5 000 Finlandais, hommes et femmes, nés en 1966 révèle que ceux qui ont traversé plus de 500 jours de chô- mage avant l’âge de 31 ans ont deux fois plus de risque de montrer des signes de vieillissement accéléré de leur ADN. Il semblerait que des petites séquences d’ADN, appelées télomères et situées aux extrémités de chaque chromosome pour protéger le matériel génétique qu’ils contiennent, sont plus courtes qu’elles ne devraient. Or, leur raccour- cissement est un processus naturel qui témoigne du vieillissement des cellules. Il est associé à un risque accru de maladies liées à l’âge, comme le diabète ou les maladies car- diaques et de décès prématurés. Des événements stressants à l’âge adulte (comme une situation de non-emploi) pour- raient être à l’origine de ce phénomène.

Extrait de "Demain, vieux, pauvres et malades ! - Comment échapper au crash sanitaire et social", du Dr Sauveur Boukris, aux éditions du Moment, 2014. Pour acheter ce livre, cliquez ici.

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