Comment débusquer les produits toxiques présents dans votre salle de bain<!-- --> | Atlantico.fr
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Dans les salles de bain, les produits les plus chers ne sont bien entendu pas forcément les meilleurs.
Dans les salles de bain, les produits les plus chers ne sont bien entendu pas forcément les meilleurs.
©Reuters

A garder ou à jeter ?

Difficile de lire la composition exacte de vos produits cosmétiques, écrite en minuscules caractères ? Peut-être parce que plusieurs substances les composants ne sont pas très appropriées pour votre organisme.

Colette Bloch Pisier

Colette Bloch Pisier

Colette Bloch Pisier est dermatologue libérale, à Paris. 

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Atlantico : Plusieurs applications américaines proposent de traquer les produits toxiques de trouvant dans les cosmétiques. Quels sont ses ingrédients ? Pourquoi sont-ils considérés comme toxiques ou en tout cas dangereux ? Dans quels produits cosmétiques de notre quotidien retrouve-ton ce type de produits ?

Colette Bloch Pisier : Quelques 82 000 ingrédients sont utilisés dans les produits de beauté. Douze d’entre eux sont à proscrire, sachant que la règlementation européenne UE est actuellement plus stricte qu’aux Etats Unis et au Canada. Voici une liste non-exhaustive :

  • BAH BHT 5 (interdit au sein de l’Union européenne) : Produits hydratants, maquillage. Ils peuvent produire des réactions allergiques sur la peau,potentiellement cancérigènes et peuvent avoir  des interférences hormonales en particulier sur la  fertilité .
  • Colorants dérivés des goudrons de houille P-Phénylénédiamine : Teinture pour cheveux, colorants dans cosmétiques - A noter ce produit est très souvent ajouté dans les tatouages au HENNE et peut entraîner des réactions allergiques très importantes qui contre-indiquent à vie l’utilisation ultérieure de teinture capillaire et produit cosmétique contenant de  la P-PHENYLENEDIAMINE. Certains colorants peuvent contenir de faibles traces de métaux lourds potentiellement toxiques pour le cerveau.
  • Ingrédients reliés au DEA Cocamide, DEA Ocamide, DEA Lauramide : cosmétiques crémeux et moussants (produits hydratants et shampoings) ; 
    le DEA peut réagir avec des nitrites pour former des nitrosidamines substances cancérigènes possibles.
  • Dibutylphtalate (interdit au sein de l’Union européenne) : vernis à ongles. Il est absorbé par la peau et peut être un potentiel perturbateur endocrinien, altérer la fertilité .Il est interdit dans l'Union européenne .
  • Les libérateurs de formaldéhyde Dmdmhydantoindiazoldidin Urea et Imidazolidinyl Urea Methenamide Quaternum 15 : on les retrouve dans une large gamme de produit de beauté.
  • Les parabènes : Agents de conservation antibactériens et fungiques  très largement utilisés ; effet sur la fertilité et risque carcinogène + accélération du vieillissement cutané lorsque la peau est exposée au soleil. On peut trouver les parabènes dans tous les cosmétiques puisque ce sont des conservateurs .L'union européenne y limite leur concentration. Ils sont présents naturellement en faible concentration dans certains aliments comme l'orge, les fraises,les raisins de Corinthe,la vanille,les carottes et les oignons 
  • Le MIT (methylisothiazolinone)utilisé pour remplacer le parabène (lingettes ,savons ,shampoings) est trop irritant et entraîne un nombre croissant d’irritations et d’eczémas notamment au visage ,fesses des nourrissons ,mains et est vivement déconseillé par la société française de dermatologie FSD.
  • Perturbateurs endocriniens : ils  ne sont pas toxiques directement mais ils doivent être évités si l'on sait qu'il peuvent modifier ,perturber la fécondité  ,le système  reproducteur .Ils peuvent imiter l’œstrogène la principale hormone sexuelle féminine et /ou interférer avec les fonctions reproductrices mâles 
  • Parfum : Dans tous les produits parfumés et  même parfois non parfumés. Le risque : allergies asthme et certains risques associés au cancer
  • PEG : Utilisé dans certaines bases de produits cosmétiques, Potentiellement cancérigène
  • Petrolatum : Utilisé pour la brillance de certains produits capillaires et en tant que barrière hydratante dans les baumes pour lèvres les rouges à lèvres et produits hydratants. C'est un produit pétrochimique pouvant contenir des impuretés cancérigènes 
  • Les siloxanes : pour assouplir, humidifier, et lisser? Ce sont des perturbateurs endocriniens parfois toxique pour la reproduction
  • Sodium Lauryl Sulfate : Shampoings  nettoyants et produits pour le bain, potentiellement cancérigène
  • Triclosan : Dans le dentifrice, le savon, les désinfectants pour les mains, peut entraîner des résistances bactériennes.
  • Les huiles essentielles naturelles utilisées comme conservateurs peuvent poser des problèmes d’allergie mais moindres qu’avec les conservateurs synthétiques.

En conclusion on voit bien que tous les produits cosmétiques, de la crème hydratante aux shampoings, du vernis à ongles aux rouges à lèvres, peuvent contenir des substances nocives pour l’organisme et l’environnement, la faune comme la flore. Le nouvel enjeu actuellement est de réussir à formuler des cosmétiques sans conservateurs.

Comment identifier les substances nocives dans les produits cosmétiques ?

Depuis 1998 en Europe, l’utilisation de l’INCI (Internaional Nomenclature of Cosmetics Ingredients, la nomenclature internationale des ingrédients cosmétiques) est obligatoire pour tous les laboratoires. Cette norme permet une homogénéité des noms des ingrédients utilisés dans les produits de beauté dans tous les pays qui l’utilisent (Etats-Unis, Europe, Japon et en projet au Canada).

Cette norme oblige également les laboratoires à marquer sur ses emballages la liste complète des ingrédients par ordre décroissant de quantité. Il faut donc chercher cette liste sur chaque emballage pour identifier les produits nocifs. Malheureusement, c’est écrit en très petit, à la limite de la lecture (sans loupe). De plus, on ne connaît pas la quantité exacte de chaque produit, ni leur origine.

Quoi qu’il en soit, on sait que les ingrédients parfumés sont regroupés sous le nom de parfum sans les détailler, que les extraits de plante sont en latin, les molécules usuelles en anglais et que les colorants sont désignés par le sigle CI (Colour Index) suivi de 5 chiffres.

Mais malgré tout, une chose est sûre : le consommateur a du mal à s’y retrouver ou comprendre quelque chose.

Comment en réduire notre consommation ? Vers quels types de produits se tourner ?

On l’aura bien compris le produit inoffensif dénué de tout risque n’existe pas. Cependant, il est possible de limiter les risques d’exposition à des ingrédients nocifs en limitant le nombre de produits utilisés et en les sélectionnant patiemment.

Les produits les plus chers sont-ils les moins dangereux ?

Les produits les plus chers ne sont bien entendu pas forcément les meilleurs. A priori on ne voit pas pourquoi ils le seraient surtout s'ils bénéficient des recherches scientifiques des grands groupes de cosmétiques ou des laboratoires de parapharmacie. En revanche il existe des produits bon marché qui bénéficient de recherches intéressantes. La Nivéa bleue par exemple ne possède pas de conservateur, par une technique breveté qui permet de l'éviter uniquement en modifiant la taille des particules d'eau dans l'huile .

Et les produits de parapharmacie ?

Les crèmes vendues en parapharmacie par les laboratoires spécialisés en dermatologie cosmétique semblent intéressantes. La plupart des grands laboratoires de dermocosmétiques ont en effet signé une charte ou travaillent en collaboration avec des chercheurs respectant l’environnement. Par conséquent, ils essayent de mettre le minimum d’ingrédients nécessaires, choisissent avec soin les conservateurs ou n’en mettent pas quand cela est possible. Par exemple, dans certaines gammes, le laboratoire s’engage à utiliser un minimum d’ingrédients sans huiles essentielles, sans colorant, sans alcool et si possible, sans parfum ni parabène. De plus, les produits de ces laboratoires représentent un bon rapport qualité prix.

Et les produits bios ? Sont-ils plus "vertueux" ?

Il faut être très vigilant avec les produits autoproclamés bios ou naturels. Il est effectivement assez difficile de s’y retrouver dans tous ces labels.

Deux labels sont cependant à peu près fiables : Ecocert et Qualité France. Il s’agit d’organismes certificateurs. Une charte Cosmétique, Ecologique et Biologique a également été développée sous Cosmebio par un ensemble de professionnels. Cependant, une harmonisation européenne et internationale serait nécessaire.

Outre ces trois facteurs de fiabilité éventuelle, un produit cosmétique certifié quel que soit le label doit être sans colorant ou parfum de synthèse, sans PEG ou PPG, sans parabène ni phénoxyéthanol, sans silicone, sans paraffine et sans OGM. Il doit également avoir été conditionné avec des emballages réduits et non polluants et en aucun cas ne doit avoir été testé sur des animaux.

Finalement, ne vaut-il mieux pas ne rien mettre ? Que faire pour préserver sa peau ?

Pas nécessairement, mais il est préférable de limiter le nombre de produits sur sa peau et surtout de bien étudier les produits et leur liste d’ingrédients. Il existe de nombreux produits de parapharmacie qui contiennent un minimum d’ingrédients (une dizaine contre 50 et plus dans les crèmes banales) et sont très bien tolérés. Il faut également être plus attentif aux produits de maquillage et garder en tête que plus un produit est parfumé et coloré plus il y a de risque d’allergies. Il faut essayer de préserver tant que possible l’individu mais aussi l’environnement et s’efforcer d’être écoresponsable.

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