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Dérive des dépenses publiques : pourquoi personne ne croit au plan Valls
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Editorial

La volonté du Premier ministre de réduire les déficits publics ne paraît pas intangible. Elle trouve ses limites dans le souci d’éviter trop de défections au sein de sa majorité, comme le démontre le maintien de l’embauche de 60 000 enseignants supplémentaires et l'ouverture d'une brèche dans le gel annoncé du point d’indice des fonctionnaires par une "clause de revoyure" si la croissance est au rendez-vous.

Michel Garibal

Michel Garibal

Michel Garibal , journaliste, a fait une grande partie de sa carrière à la radio, sur France Inter, et dans la presse écrite, aux Échos et au Figaro Magazine.

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Les premiers sondages sont éloquents : dans leur grande majorité, les Français ne croient pas au succès du plan Valls. Officiellement, on est pourtant sorti avec le nouveau Premier ministre de l’immobilisme dans lequel le pouvoir pataugeait depuis deux ans. Cinquante milliards d’économies et 20 milliards de baisses d’impôt d’ici la fin du quinquennat annoncent le début d’une guerre de mouvement sur le plan économique. A condition de ne pas se bercer dans certaines illusions et de croire qu’il suffit d’énoncer les mesures pour que celles-ci entrent en application, en espérant que la croissance qui se développe en Europe finira par entrainer la France dans un cycle vertueux.

Le Haut conseil des finances publiques incite à la prudence. Les prévisions affichées par le gouvernement vont au-delà de ce que prévoient les organismes internationaux tels que le FMI et l’OCDE. Rien ne permet de penser que la croissance atteindra 2,25 % en 2016 avec une création de plusieurs centaines de milliers d’emplois. Car le rétablissement de la confiance, échaudée par les atermoiements successifs du pouvoir, demandera du temps. Le pacte de solidarité du gouvernement risque de se traduire par un saupoudrage généralisé, comme on le voit traditionnellement dans ce type de mesures, au lieu de se concentrer sur les véritables leviers de croissance qui imposeraient des choix devant lesquels le gouvernement recule au nom du principe d’égalité. Ce qui se traduirait en définitive par un programme inadapté aux besoins urgents du pays. Alors que les derniers indicateurs publiés sont inquiétants et traduisent une dégradation du climat général. L’Insee indique un recul des carnets de commandes en avril ainsi que des perspectives médiocres de production des entreprises, alors que c’est tout le contraire qui se produit chez nos voisins européens : l’Allemagne enregistre la plus forte croissance depuis trois ans, l’Espagne entre dans l’euphorie de la reprise, tandis que nos industriels exportateurs de produits manufacturés sont tombés au vingt troisième rang sur vingt cinq.

De plus, la volonté du Premier ministre ne paraît pas intangible : elle trouve ses limites dans le souci d’éviter trop de défections au sein d’une majorité qui s’était bercée pendant des mois au chant de la lutte contre la finance internationale et qui assiste aujourd’hui impuissante à l’exode des talents tandis que les plus beaux fleurons du pays passent sous contrôle étranger comme Peugeot, Lafarge, Publicis et bientôt Alstom. Déjà le Premier ministre parait reculer sur la rigueur, en maintenant l’embauche de 60 000 enseignants supplémentaires et en ouvrant une brèche dans le gel annoncé du point d’indice des fonctionnaires par une "clause de revoyure" si la croissance est au rendez-vous.

Il faudrait au contraire selon l’expression d’un spécialiste "débrider le moteur", augmenter partout la concurrence, casser les rentes de situation qui prolifèrent, bref s’attaquer aux véritables réformes en profondeur, faute de quoi la croissance patinera. Sinon, les entreprises veilleront surtout à tenter de rétablir leurs marges, en faisant passer les préoccupations d’emploi au second plan et les particuliers continueront de privilégier l’épargne de précaution, en raison du scepticisme ambiant. Et les déceptions s’accumuleront en matière de finances publiques. Déjà l’Etat a revu à la baisse ses objectifs en matière de réduction des déficits, alors que nos partenaires de la zone euro sont revenus dans les limites autorisées par Maastricht. En France, la dépense publique n’est pas jugulée : elle continuera de progresser, même si c’est dans le meilleur des cas, un peu moins vite que l’inflation, nous mettant chaque jour un peu plus dans la dépendance de nos créanciers extérieurs et réduisant ainsi jour après jour nos marges de manoeuvre.

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