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Et pendant ce temps là…
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EDITORIAL

Jamais comme aujourd’hui nous n’avons disposé d’autant de médias, de sources d’information, de reporters, de chroniqueurs, de témoins, de journalistes, et pourtant qu’il est difficile de sortir des figures imposées.

Alain Renaudin

Alain Renaudin

Alain Renaudin dirige le cabinet "NewCorp Conseil" qu'il a créé, sur la base d'une double expérience en tant que dirigeant d’institut de sondage, l’Ifop, et d’agence de communication au sein de DDB Groupe.

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Nous avons oublié ces temps où, parfois, en raison d’un souci technique, le journaliste à l’antenne devait combler, faire patienter. Il fallait alors tenir, raconter quelque chose, en attendant. C’était l’époque du bon vieux téléphone à cadran, énorme comme dans un gros plan d’Alfred Hitchcock, que décrochaient devant nous Roger Gicquel ou Yves Mourousi pour savoir ce qu’ils devaient faire, en s’excusant de nous faire patienter, dans une forme de connivence et de proximité, comme si nous étions dérangés dans un discussion familiale entre nous et eux. Une époque que les moins de 20 ans n’ont pas connue.

Aujourd’hui les médias ne connaissent plus ce genre d’aléas techniques. Et pourtant il faut encore combler, remplir, désormais on dit « couvrir », l’événement. La question n’est plus d’y être ou pas, mais l’angle, le ton, l’information exclusive, pour en parler. L’information exclusive étant celle que l’on partage le plus rapidement possible pour montrer qu’on la détenait avant les autres, en essayant de faire connaître à la fois l’information en question, et, parfois encore davantage, sa paternité journalistique.

Reconnaissons toutefois que nous sommes les premiers promoteurs, parfois acteurs, de cette consommation de masse médiatique, comme le démontrent les incroyables explosions d’audiences des sites web, journaux et autres canaux d’information comme twitter, pour ne parler que des médias mesurables instantanément. Des taux d’audiences qui encouragent bien entendu le traitement répétitif de l’information. Nous vivons cette affaire de mœurs politico-judiciaire, que je n’ai plus besoin de nommer, comme un feuilleton, à la fois abasourdis et blasés, familiers des procédures et enquêtes, étant tous, en quelques années de matraquage choisi, devenus des « Experts », avides de la suite d’un direct qui semble scénarisé.

Et pendant ce temps là les Espagnols s’indignent toujours et encore…

Pendant ce temps là, la Grèce n’arrive pas à se redresser, ne pourra pas honorer ses obligations financières sans un nouveau plan d’aide, et met potentiellement en péril la zone euro, en étant liée à une monnaie sur laquelle l’arme de la dévaluation n’est plus possible. Pendant ce temps là, on découvre que la catastrophe de Fukushima est encore plus grave qu’annoncé, avec finalement 3 réacteurs dont le combustible a fondu dans les cuves. Pendant ce temps là, la nature n’attend pas et gronde encore, des profondeurs terrestres islandaises vers l’atmosphère d’un ciel qui s’assombrit ou à travers une tornade qui dévaste et fait plus de 100 victimes dans le sud-ouest du Missouri. Lorsque les éléments ne se déchaînent pas, c’est le manque d’eau qui commence à créer une sévère et inquiétante situation de sécheresse, annonçant une baisse significative des rendements agricoles.

Pendant ce temps là surtout, car c’était la véritable information politico-sociale du moment, la révolte gronde toujours en Espagne contre la politique d’austérité. Le « Mouvement du 15 mai » qui s’est installé place Puerta del Sol à Madrid et ailleurs est lui aussi une génération spontanée née sur les réseaux sociaux, engendrée par le rejet de la classe politique et par un taux de chômage au centre des préoccupations avec un taux record passé de 8% à plus de 20% (et près de la moitié des moins de 25 ans).

Comme nous l’enseigne ce mouvement des "indignados" - "les indignés" ou le printemps arabe, si les affaires d’un homme peuvent interpeller, ce sont les inquiétudes, les injustices du quotidien, l’absence de résultats et de perspectives, ou au contraire la soif de liberté, qui mobilisent les foules dans la rue et pas uniquement comme spectateurs derrière les écrans et les pages des journaux.

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