Malgré le plan d'économies annoncé par Valls, le vrai changement ce n'est pas pour maintenant<!-- --> | Atlantico.fr
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Le gouvernement Valls est certainement plein de bonnes volontés mais les annonces faites ne vont pas dans le bon sens
Le gouvernement Valls est certainement plein de bonnes volontés mais les annonces faites ne vont pas dans le bon sens
©REUTERS/Philippe Wojazer

Rien de neuf à l'horizon

Le plan d'économies annoncé en début de semaine par Manuel Valls n'est que le prolongement de la ligne Hollande pratiquée depuis le début de son quinquennat. On intervient par petites touches dans les domaines les plus variés, ce qui est de nature à multiplier le nombre des mécontents, mais sans perspective d’ensemble.

Michel Garibal

Michel Garibal

Michel Garibal , journaliste, a fait une grande partie de sa carrière à la radio, sur France Inter, et dans la presse écrite, aux Échos et au Figaro Magazine.

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C’est le nouveau discours de la méthode. Un Premier ministre que le chef de l’Etat envoie au combat pour sortir la gauche du champ de ruines dans lequel elle se trouve depuis la déculottée des élections municipales. A la manœuvre, Manuel Valls, le nouveau Premier ministre, l’homme qui trouve des accents rappelant le Mendès France d’autrefois, parce qu’il n’hésite pas à rappeler à nos compatriotes un certain nombre de vérités trop souvent oubliées. A commencer par le fait que la France vit au-dessus de ses moyens. Elle est droguée depuis des lustres à l’endettement, aux subventions en tous genres qui ont artificiellement généré une croissance qui ne reposait pas sur des bases saines. Elle y a perdu peu à peu son indépendance, en étant à la merci des marchés financiers, dont la mansuétude présente peut disparaître du jour au lendemain et en étant contrainte de demander à Bruxelles des accommodements pour se plier à la loi commune de réduction des déficits.

La personnalité de Manuel Valls, son style direct, le sentiment qu’il entend agir sans perdre son temps à organiser des concertations illusoires avec les partenaires sociaux comme le faisait son prédécesseur Jean-Marc Ayrault lui donnent un répit de quelques semaines. Il n’a que faire des criailleries d’une partie de la gauche, qui démontre à quel point une large fraction de la majorité gouvernementale est éloignée des réalités et de la gravité de la situation du pays.

Il reste qu’au-delà du style, rien n’a changé. C’est toujours la ligne Hollande qui prévaut, avec son dogme : la technique du rabot. On intervient par petites touches dans les domaines les plus variés, ce qui est de nature à multiplier le nombre des mécontents, mais sans perspective d’ensemble. Nos compatriotes ont le sentiment de passer à la moulinette, alors que les efforts qui leur sont demandés sont bien inférieurs à ceux qu’ont subi la plupart des pays européens pour sortir de la crise. Ainsi le gel du point d’indice pour les fonctionnaires a un effet relativement modeste alors que l’inflation est tombée en-dessous d’un pour cent. Mais sa durée dans le temps parait un supplice de Tantale, en donnant l’impression que l’on est englué dans une situation sans fin.

Le principal handicap de Manuel Valls est de n’offrir pour l’instant aucune perspective positive. Les Français sont toujours appelés à se serrer la ceinture pour obtenir de Bruxelles un délai supplémentaire dans le redressement de leurs comptes qui permettra seulement de ralentir l’augmentation d’une dette qui va continuer à croître au-delà du chiffre mythique des trois pour cent du produit intérieur brut. Mais rien n’est pire que de laisser croire aux citoyens qu’ils sont engagés dans un tunnel dont on ne voit pas la sortie. Car c’est toujours le flou qui règne, comme si le pays était incapable de se réformer en profondeur. On se contente pour l’instant d’envisager une modification de la carte administrative à l’horizon 2021, qui laisse tout le monde sceptique, mais on réaffirme l’engagement de créer 60 000 postes supplémentaires dans l’éducation nationale, alors que là comme ailleurs une réforme urgente serait nécessaire.

Et c’est toujours le silence sur les grands chantiers indispensables : la réorganisation des services publics, la redéfinition du droit du travail, sans parler des retraites, de la formation professionnelle ou des allocations de chômage. Et tant qu’on n’ouvrira pas ces dossiers explosifs, mais nécessaires, on entretiendra le doute sur la volonté, ou les capacités du pouvoir à agir, ce qui entretient la méfiance au sein de la population et retarde du même coup le retour de la croissance.

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