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Retour de la Royalmania
Retour de la Royalmania
©REUTERS/Benoit Tessier

Un comeback fracassant

Depuis que Ségolène Royal est entrée par la grande porte au gouvernement -en tant que ministre de l’Environnement avec le rang de numéro 3 - pas un jour ne passe sans qu’une déclaration ou un pseudo-projet ne fasse couiner le Paris politico-médiatique.

Yves Derai

Yves Derai

Yves Derai est éditorialiste à Atlantico. Chaque semaine, il écarte les lourds rideaux de velours des palais de la République pour nous en révéler les secrets.

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C’est fou ce que les Français, en général, et les observateurs en particulier, peuvent avoir la mémoire courte. A croire que de Juppé à Fabius en passant par Ségolène Royal, notre classe politique est peuplée de James Bond, l’indépassable héros de Demain ne meurt jamais et Meurs un autre jour… Sacrée Ségolène ! Depuis qu’elle est entrée par la grande porte au gouvernement -ministre de l’Environnement avec rang de numéro 3 - pas un jour ne passe sans qu’une déclaration ou un pseudo-projet ne fasse couiner le Paris politico-médiatique. Les sondages publiés sur la popularité des nouveaux ministres semblent d’ailleurs valider cette résurrection de la Royalmania. Et pourtant…

Commençons par le portefeuille qui lui a été confiée. Pas vraiment un cadeau, le maroquin de l’Environnement, au moment où les rats écolos ont quitté le navire du capitaine Valls. Même si la presse a relayé à tout va cette info majeure : Cécile Duflot, en rupture avec la nouvelle équipe, a cependant envoyé un message de soutien à Ségolène Royal ! Wouaouh ! Elle est forte, quand même, « Ségo » !

Continuons par sa première annonce très commentée : elle souhaite faire payer une taxe aux camions étrangers circulant sur les routes françaises pour remplacer l’écotaxe quasi enterrée sous Jean-Marc Ayrault. Outre que cette idée s’inspire de la doctrine chère au FN dite de "préférence nationale" - mais il paraît que ça n’est plus un problème…-, nul ne sait pour l’instant si cette mesure est euro-compatible. En clair, il y a de fortes chances pour que Bruxelles retoque le principe d’une vignette pour les poids lourds étrangers à l’entrée de nos frontières ou tout autre formule qui ressemblerait à ça. Difficile d’imaginer que pas un seul de ses collaborateurs n’ait averti la ministre de cette hypothèque. Mais pas grave, on y va, on verra bien...

Dans ce premier coup d’éclat, sont contenus tous les travers de Ségolène Royal qui lui avaient valu une lourde défaite face à Nicolas Sarkozy en 2007. D’abord, cette impatience caractérisée qui la pousse souvent à lancer des ballons d’essai au lieu de présenter des projets ficelés. Ensuite, cette manière de jouer solo. Hollande n’est pas le plus mal placé parmi ceux qui ont dû composer avec le mode opératoire de son ex… Quant à Manuel Valls, qui l’avait secondée énergiquement lors du fameux congrès de Reims de novembre 2008 remporté au bout du suspense par Martine Aubry et ses amis, il avait constaté dés le lendemain de la défaite l’incapacité de sa championne à organiser son courant. On s’en souvient, Ségolène avait royalement abandonné à leur triste sort tous ceux qui l’avaient soutenue dans cette bataille homérique. Enfin, s’inscrivant dans la tradition de ces dirigeants charismatiques obsédés par l’impact médiatique de leurs propositions, Ségolène Royal ne pense qu’au buzz. Pire, c’est la perspective de buzz qui lui sert de feuille de route.

Les qualités et les défauts « royalistes » promettent une deuxième partie de quinquennat animée. Mais je prends le pari, chers lecteurs, que cette nomination, pour spectaculaire qu’elle soit, coûtera cher à ceux qui en ont pris la responsabilité.

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