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Ukraine de l’Est, la contre-offensive de Kiev : état des lieux des forces militaires en présence
©Reuters

D'un peu plus près

La situation dans l'est de l'Ukraine en est rendue à un point déterminant. Soit les forces ukrainiennes reprennent tôt ou tard le dessus, soit elles échouent. Dans les deux cas, il est difficile de croire que la Russie va rester les bras croisés, bien que la probabilité d'une intervention directe reste improbable actuellement.

Valls Macron

Quentin Michaud

Quentin Michaud est journaliste spécialisé dans les questions de défense et de stratégie. Il a été formé à l'Ecole de guerre économique.

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La situation dans l'est de l'Ukraine en est rendue à un point déterminant. Soit les forces ukrainiennes reprennent tôt ou tard le dessus, soit elles échouent. Dans les deux cas, il est difficile de croire que la Russie va rester les bras croisés, même s'il est trop prématuré pour parler d'une invasion des troupes russes de l'est du pays.

Les derniers décomptes laissent penser que l'armée ukrainienne est composée de moins de 80 000 soldats. Les plus expérimentés et les mieux équipés sont les troupes aéroportées (environ 6000 hommes) et la Garde nationale dont un bataillon a quitté Kiev aujourd'hui pour l'est du pays. Ce bataillon a été formé à partir d'ukrainiens qui ont participé aux barricades à Kiev, c'est dire leur inaptitude à combattre face à l'armée russe. L'armée de l'air dispose quant à elle de 400 avions de chasse dont la disponibilité ne dépasseraient pas 50%, c'est dire la capacité des forces aériennes ukrainiennes à combattre éventuellement des opérations de bombardement dans la durée. Concernant les hélicoptères d'attaque, 50 sur 93 sont disponibles. La marine ukrainienne a désormais disparu depuis la prise de Sébastopol, son seul sous-marin a été mis à l'abandon par les militaires russes.

La Garde nationale peut tenir des checkpoints tandis que les militaires ukrainiens peuvent opérer en zone urbaine ou semi-urbaine pour contrôler les points clefs. Ils sont largement soutenu par le service de sécurité ukrainien SBU qui s'apparente plus à une unité d'intervention renforcée qu'à une véritable unité de forces spéciales, comme on l'entend ici et là. Plusieurs centaines d'hommes du SBU auraient été déployés entre Karkhov et Donetsk depuis l'enchaînement des évènements le weekend dernier. Parmi eux figure l'unité Alpha qui est en quelque sorte le fer de lance du SBU capable de mener des opérations antiterroristes notamment en cas de prises d'otages. Quoiqu'il en soit, ces opérations conduites dans les provinces de Donetsk ou de Karkhov ne font pas l'unanimité dans les rangs. Des soldats ukrainiens sont pro-russes. Des hommes de l'unité Alpha auraient refusé de mener des assauts sur les commissariats occupés par des pro-russes. Des désertions se seraient produites au sein de la 25th brigade aéroportée de l'armée de terre ukrainienne. Des mutineries ne sont pas exclure si la situation dégénère.

Il faut avoir à l'esprit que la population dans ces régions est majoritairement pro-russe, les services de renseignement russes, GRU et SVR en tête, n'ont aucun mal à se tenir informé en temps réel de l'évolution de la situation. Les responsables ukrainiens ont avancé le chiffre d'au moins 200 agents russes du GRU déployés dans l'est de l'Ukraine au cours de ces derniers jours. Ce qui est certain lorsque l'on regarde les images à la TV, c'est que les pro-russes sont encadrés pendant leurs actions par des personnels très bien entraînés et très bien équipés. Ils sont donc tactiquement très utiles mais ils constituent des électrons libres imprévisibles face aux pro-ukrainiens. En cas d'invasion, l'objectif des russes serait de sécuriser une zone s'étalant de Karkhov à Donetsk avec ce soutien qui permettrait d'avancer très vite sur le terrain. Une liaison avec Mariupol ne serait pas à exclure étant donné l'ouverture que ce port procure vers la Crimée.

Quant à l'armée russe, elle est aujourd'hui présente en masse à la frontière ukrainienne. L'OTAN évoque les chiffres de 35 000 à 40 000 militaires massés à quelques dizaines de kilomètres de la frontière au nord de Karkhov et à l'est de Luhansk. On l'a vu en Crimée, ils sont équipés pour certains de blindés BTR-80 et d'armement (AK74, lance grenades GM94) les plus modernes. Si Vladimir Poutine donnait l'ordre à son armée de pénétrer par l'est de l'Ukraine, ce serait beaucoup plus important que ce que l'on a connu en Crimée. Une véritable machine de guerre se mettrait en route avec toutes les conséquences que cela pourrait induire.

Parallèlement, l'OTAN avance effectivement plusieurs moyens dédiés au renseignement et au prépositionnement de forces autour de l'Ukraine. En Pologne, 12 chasseurs F-16 américains sont déployés à Lask dans le centre du pays. Six autres appareils sont prépositionnés en Lituanie pour participer à la mission "Air Baltic" de police du ciel dans les Pays Baltes. Des Awacs américains et français mènent quotidiennement des missions de surveillance. Ils sont soutenus par un avion ravitailleur turc. Les 4 Awacs que possède l'armée de l'air française sont basés à Avord. L'aviation française se prépare aussi à déployer quatre avions de chasse, probablement des Rafale, au cours des prochaines semaines en Pologne. Par ailleurs, l'OSCE a eu l'autorisation dans le cadre de ses attributions de mener une opération Open Skies de surveillance aérienne à la frontière russo-ukrainienne. Des militaires français ont participé au mois de mars à ces opérations de contrôle. A terre, 175 Marines américains ont été acheminés en Roumanie. En mer, la France déploie plusieurs bâtiments de guerre dont l'Alizé et le Dupuy de Lôme dédiés aux opérations de renseignement humain et technique. Ces bâtiments évoluent aux côtés de l'USS Donald Cook de la marine américaine.

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