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Cyber sex via Google Glasses : comment l'informatique est en train de révolutionner les corps humains
©Capture d'écran

Bonnes feuilles

Passées du bureau à la poche, de l’ordinateur au mobile, les technologies du numérique se sont emparées de notre corps pour nous rendre toujours plus performants et connectés et font de nous des hommes qu’on dit "augmentés", de nouveaux humains intimement liés à des machines et des réseaux, des robots qui pensent et bougent différemment, souvent sans même que l’on s’en rende compte… Extrait de "Nous sommes tous des robots", d'Olivier Levard, aux éditions Michalon.

Olivier Levard

Olivier Levard

Olivier Levard, ancien chef de rubrique économie pour TF1 News et chroniqueur high-tech sur LCI, est désormais producteur, conférencier et professeur de journalisme.
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Pimenter sa vie sexuelle avec les lunettes du futur, Homer Simpson n’est pas le seul à y avoir pensé. Dans le business, on dit souvent qu’une technologie a prouvé son utilité quand on lui a trouvé une application sexuelle. Là encore, les Google Glass peuvent s’en féliciter ! Plusieurs entreprises leur imaginent déjà un immense intérêt dans le secret de nos alcôves. Parmi les projets, la future application Glance a déjà séduit par son concept. Des centaines d’internautes ont écrit à ses inventeurs pour pouvoir l’essayer. Que promet Glance ? « Changez votre expérience des moments intimes. Ne manquez plus rien, les deux côtés d’un seul regard », résument ses créateurs.*

Comment ça marche ? Chacun des amants enfile une paire de Google Glass. Dites alors à vos lunettes : « OK Glass, c’est le moment » et vous commencez à voir sur l’écran, en direct, la scène telle qu’elle est vécue par votre partenaire, comme à travers son regard. L’entreprise conseille d’enchaîner avec les instructions « OK, baisse la lumière » et « OK, joue du Marvin Gaye » – mais tout cela n’est pas obligatoire… Si vous avez une panne d’inspiration, dites : « OK Glass, donne-moi des idées » et une nouvelle position du Kamasutra vous sera suggérée. Bien entendu, vos lunettes peuvent tout enregistrer de vos ébats – sous l’angle de chaque regard – pour les revoir ensuite en amoureux ou partager la séquence avec des amis… Le procédé est néanmoins risqué : outre l’inévitable fuite des fichiers sur Internet, a-t-on vraiment envie de découvrir ce que voit notre partenaire lorsque nous faisons l’amour ? Je vous laisse trancher…

Certains croient y voir un canular, mais cette imagination débordante n’étonne guère le sexologue Yves Ferroul. « L’utilisation de la technique pour agrémenter la sexualité est vieille comme l’outil, m’explique-t-il14. Les humains ont fabriqué des godemichés des milliers d’années avant notre ère. Chaque progrès a vu se développer un usage sexuel en parallèle. On a même utilisé des machines à vapeur pour créer un mouvement de va-et-vient ou de vibration ! Tout ce bric-à-brac encombrant a disparu avec l’électricité. Et le succès a été immédiat ! » Dans cette nouvelle ère de la communication, Internet et les smartphones se sont également révélés de précieux outils pour diffuser de la pornographie ou faciliter les rencontres d’un soir. Mais pas uniquement… « Il n’y a pas qu’un usage individuel. Des lettres érotiques à l’amour au téléphone, les couples sont suffisamment inventifs pour utiliser ces techniques destinées à pallier les séparations temporaires ou pimenter leur vie sexuelle. Que les Google Glass surgissent dans la sexualité est une pente très naturelle. Dans la littérature érotique ancienne, il y a toujours eu un jeu d’enrichissement des sensations. Tout ce qui permet de réaliser des fantasmes entre adultes consentants est promis au succès. » Après tout, n’est-ce pas qu’une évolution du miroir dans la chambre à coucher ?

L’obsession corporelle

Ont-ils été convaincus par Homer Simpson ou notre esprit fripon ? Malgré les protestations de certains, les grandes voix de l’industrie sont sûres de leur coup et de leur vision : une informatique corporelle inéluctable qui emporte tout sur son passage. Tout simplement parce qu’ils y voient le sens de l’Histoire. « Tout s’accélère, l’avenir des technologies et celui de l’humain fusionnent car la technologie est plus efficace lorsqu’elle se rapproche de nous, m’explique Phil Libin, PDG de l’appli connectée Evernote. Il y a eu une transition des ordinateurs de bureau aux portables puis aux smartphones et maintenant cette informatique corporelle. » Toujours plus proche ! « Nous n’allons plus vers la technologie car elle ne nous quitte plus. La prochaine étape est qu’elle marche en permanence, qu’on en tire un bénéfice en permanence. C’est pour cela que nous travaillons beaucoup sur les Google Glass mais aussi sur les montres connectées Samsung et Sony. Il faudra quelques années pour qu’elles deviennent grand public mais cela décollera très vite une fois un cap passé. »

Tout juste peut-on trouver des acteurs qui doutent d’un décollage immédiat de ces technologies : deux grandes figures de la Valley m’auront tenu des discours un peu plus mesurés. « Quand je pense à ces nouveaux appareils que l’on porte sur le corps, je pense à la science-fiction, à des livres comme Le Guide du voyageur galactique. Je trouve les Google Glass très intéressantes,Tout juste peut-on trouver des acteurs qui doutent d’un décollage immédiat de ces technologies : deux grandes figures de la Valley m’auront tenu des discours un peu plus mesurés. « Quand je pense à ces nouveaux appareils que l’on porte sur le corps, je pense à la science-fiction, à des livres comme Le Guide du voyageur galactique. Je trouve les Google Glass très intéressantes, et je me dis qu’elles peuvent être très utiles pour certaines tâches : des professions comme les médecins, les ingénieurs mécanique y trouveront un intérêt évident. Maintenant, je suis assez sceptique sur le fait que beaucoup de gens les adoptent », admet James Park de Fitbit. « Nous avons déjà une application Google Glass qui permet de changer le thermostat dans votre maison. Je crois que ces appareils seront très populaires pour des tâches spécifiques mais je n’ai pas encore la réponse à une question majeure pour augurer de leur succès auprès du grand public. Seront-elles socialement acceptées ? » s’interroge pour sa part le patron de Nest, Tony Fadell.

Mickey en renfort

Mais l’informatique corporelle pourrait aller très vite, beaucoup plus vite que ce que l’on croyait jusqu’ici. Elle est devenue une telle obsession dans la Silicon Valley que tout le monde veut avoir son projet de lunettes ou de bracelet connecté, un peu comme avec les applications tactiles il y a six ans ou les pages Facebook il y a trois ans. La vague est très puissante. Ceux qui ne surfent pas dessus ont peur de passer pour des « losers », des gros ringards. Brandissant un nouveau bracelet 100 % connecté, le grand patron des parcs d’attractions Disney ne boude pas son plaisir de participer au mouvement. « Ce bracelet va tout remplacer : votre entrée dans le parc, la clé de votre chambre à l’hôtel, votre ticket de parking, votre accès prioritaire à certaines attractions… Toutes les interactions avec Disneyland passeront par ce bracelet, ce qui vous permettra de vous débarrasser d’une dizaine de papiers ! En allant sur notre site, vous choisirez tout ce que vous voulez faire dans le parc et vous recevrez ces bracelets par la poste. Un pour chaque membre de la famille, même les enfants en auront. Bien entendu, vous pourrez faire vos achats dans le parc avec, grâce à un code secret », vante Tom Staggs en souriant.

Décollage dès 2014. Pour évangéliser le marché, expliquer le concept à ses clients, Disney a fait appel à sa famille la plus geek : les super-héros des Indestructibles. Dans une vidéo soignée, Edna, leur couturière spécialisée dans la confection de costumes de super-héros, vante les avantages de porter un bracelet connecté – pardon, un « bracelet magique ». Outre les entrées au parc et les achats, les bracelets permettront de vous identifier automatiquement sur les photos postées sur Facebook. Les personnages Disney pourront connaître instantanément le nom de vos bambins. « Une princesse pourra savoir que la petite fille qui vient l’embrasser s’appelle Suzy et cela lui permettra de faire vivre un moment beaucoup plus personnel à votre enfant. Et, si vous l’acceptez, Mickey, qui parle désormais, pourra aussi s’adresser à vos enfants directement par leur prénom », se réjouit Tom Staggs. Magique ?

Extrait de "Nous sommes tous des robots", d'Olivier Levard, aux éditions Michalon, 2014. Pour acheter ce livre, cliquez ici.

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