Retour sur investissement : ces études aux bénéfices sonnants et trébuchants en termes de carrière <!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Economie
"Une bonne formation constitue une bonne assurance contre le manque d’expérience."
"Une bonne formation constitue une bonne assurance contre le manque d’expérience."
©Reuters

Passe ton bac d'abord !

30 000 dollars : c'est l'écart de salaire aux Etats-Unis entre une personne ayant obtenu un master et une personne titulaire d'une licence, selon la holding financière américaine JPMorgan dans une étude publiée en mars dernier. Ce phénomène s'observerait également en France.

Corinne Heckmann

Corinne Heckmann

Corinne Heckmann travaille depuis presque 10 ans dans la direction de l’éducation et des compétences de l’OCDE. Elle est analyste dans la division Innovation et mesure du progrès et responsable de la publication annuelle Regards sur l’Éducation.

Voir la bio »

Atlantico : Quelles sont les conséquences du niveau d'études sur l'insertion professionnelle ? Dans quels secteurs le niveau d'études compte-t-il le plus ?

Corinne Heckmann : Ne pas terminer ses études secondaires est de toute évidence un sérieux handicap pour trouver du  travail, alors qu’obtenir un diplôme de fin d’études supérieures augmente les chances de décrocher un  emploi, en particulier en temps de crise économique.

Une bonne formation constitue donc une bonne assurance contre le manque d’expérience : l’impact du niveau de formation sur le chômage est nettement plus important chez les jeunes que chez les adultes plus âgés. En moyenne, dans les pays de l’OCDE, le chômage frappe 18 % des 25-34 ans (23% en France) et 9 % des 55-64 ans (9% en France) parmi ceux qui n’étaient pas diplômés du deuxième cycle de l’enseignement secondaire (baccalauréat ou équivalent), mais seulement 7 % des 25-34 ans (6% en France) et 4 % des 55-64 ans (4% en France) parmi les diplômés de l’enseignement supérieur.

Le niveau d'études protège-t-il du chômage ?

Faire des études protège du chômage. En France, les jeunes adultes (de 25 à 34 ans) qui ne sont pas diplômés du second cycle de l’enseignement secondaire (c'est-à-dire baccalauréat ou équivalent) ont beaucoup plus de mal à trouver un emploi. Le taux de chômage de ces jeunes est de 23% (18% pour la moyenne des pays de l’OCDE). La situation des 25-34 ans avec des diplômes est meilleure. 11% des jeunes avec un niveau du secondaire (c'est-à-dire baccalauréat ou équivalent) en France sont en recherche d’emplois, chiffre au-dessus de la moyenne OCDE de 9 % et de celui des pays voisins du Nord comme l’Allemagne (6%), la Belgique (9%) ou la Suisse (4%). Ce sont les diplômés du supérieur qui tirent le mieux leur épingle du jeu. Avec un taux de chômage à 6%, la France se situe un point au-dessous de la moyenne OCDE (7%).

Il est à noter que dans certains pays, un diplôme de l'enseignement secondaire en filière professionnelle (incluant CAP, BEP ou Baccalauréat professionnel en France) limite le risque de chômage par rapport aux filières générales (incluant Baccalauréat technologique et général en France), mais ce n’est pas le cas en France qui présente des taux de chômage identiques entre les deux filières (11%).

Au bout de combien de temps les jeunes sans diplôme parviennent-ils à s'insérer ? Et ceux avec diplôme ?

Dans notre publication Regards sur l’Education, nous n’avons pas d’indicateur sur le temps que mettent les jeunes pour s’insérer dans le monde du travail. Nous savons seulement où sont les jeunes sans diplôme, à savoir en emploi, au chômage ou inactif. Les données sur ce sujet regroupent partiellement celles sur le chômage indiquées dans la réponse précédente.

Concernant le salaire, est-il toujours à la hauteur du nombre d'années d'études ? Quelles sont les disparités par secteurs ?

L’enseignement supérieur procure un avantage financier substantiel aux individus. Dans les pays de l’OCDE, les diplômés de l’enseignement supérieur peuvent espérer gagner, en moyenne, 57 % (contre 47 % en France) de plus que les diplômés du second cycle de l’enseignement secondaire (baccalauréat ou équivalent). Ces derniers ont des salaires en moyenne 25% supérieurs (contre 20% en France) à ceux des individus qui ne sont pas diplômés de ce niveau.

En France, un diplômé d’un programme de l’enseignement tertiaire de type B (BTS, IUT) aura un salaire 22% supérieur à celui d’un niveau baccalauréat. Un diplômé d’un programme de l’enseignement tertiaire de type A ou d’un programme de recherche de haut niveau aura un salaire 63% supérieur à celui d’un niveau baccalauréat.

Les indicateurs de revenus montrent clairement les avantages salariaux associés à l’élévation du niveau de formation. Des revenus moyens systématiquement supérieurs s’observent parmi les diplômés de l’enseignement supérieur, qu’on les compare entre les pays ou au fil du temps. L’avantage salarial des diplômés de l’enseignement supérieur est largement documenté à l’échelle agrégée, mais cela ne signifie pas qu’il profite à tous les diplômés, ni qu’il s’observe dans tous les types de formation tertiaires. Aux États-Unis, par exemple, les individus âgés de 25 à 29 ans titulaires d’un diplôme de fin d’études tertiaires de type A ont gagné, en moyenne, 44 800 USD en 2011. Toutefois, ces revenus annuels moyens s’élèvent à  34  750  USD chez ceux qui ont suivi une formation les destinant à travailler dans le secteur social, mais à 75 700 USD chez ceux qui ont fait des études en rapport avec l’informatique. D’autres domaines d’études sont associés à des revenus relativement peu élevés : la théologie et la religion (35 530 USD), les beaux-arts (35 600 USD) et l’enseignement au niveau CITE 1 (37 500 USD). Parmi les autres domaines associés à des revenus annuels moyens supérieurs à 60 000 USD, citons l’ingénierie, l’informatique, les systèmes de gestion et les statistiques.

Des différences marquées de revenus entre les domaines d’études s’observent aussi dans d’autres pays, mais il n’existe pas de données sur la variation des revenus par domaine d’études qui soient comparables entre les pays. Au Canada, parmi les diplômés de l’enseignement tertiaire de type A en 2005, le revenu médian de 2007 des individus qui ont suivi une formation en rapport avec l’ingénierie est supérieur de 64 % environ à celui des individus qui ont suivi une formation en rapport avec les arts visuels ou les arts du spectacle. En Suède, le salaire moyen que les diplômés âgés de 25 à 29 ans ont perçu en 2010 est plus élevé de 90 % chez ceux qui ont choisi l’ingénierie que chez ceux qui ont opté pour les arts et lettres. En Nouvelle-Zélande, les jeunes adultes qui ont obtenu en 2010 un diplôme de niveau CITE 5A affichaient un an plus tard un salaire médian supérieur de 58 % s’ils avaient suivi une formation en rapport avec la santé et de 45 % s’ils avaient suivi une formation en rapport avec l’ingénierie par rapport au salaire médian des diplômés d’une formation en rapport avec les arts créatifs. Nous n’avons pas de données sur la France dans notre publication.

Avoir un diplôme permet-il de voir son salaire progresser plus vite ?

Les individus qui ne possèdent pas les compétences fondamentales qui sont enseignées dans l’enseignement secondaire ne peuvent espérer voir leurs revenus professionnels augmenter avec l’âge. L’écart salarial entre les plus et les moins instruits tend en effet à se creuser l’âge venant. Les individus qui ne sont pas diplômés du baccalauréat ou équivalent gagnent, en moyenne, 80 % (80% en France) de ce que gagnent les diplômés de ce niveau d’enseignement chez les 25-34 ans, mais 72 % (70% en France) seulement chez les 55-64 ans. L’avantage salarial de l’élévation du niveau de formation augmente avec l’âge. Les diplômés de l’enseignement tertiaire gagnent, en moyenne, 40 % (34% en France) de plus que les diplômés du deuxième cycle de l’enseignement secondaire chez les 25-34 ans, mais 73 % (85% en France) de plus chez les 55-64 ans. En plus d’être un atout pour la réussite de l’entrée dans la vie active, le niveau de formation a des effets durables qui se renforcent mutuellement tout au long de la vie. Un niveau de formation plus élevé est de toute évidence rémunérateur à long terme.

Qu'en est-il du niveau de responsabilité ? Monte-t-on plus vite dans la hiérarchie quand on est diplômé ? Est-ce vrai dans tous les secteurs ?

Notre publication regroupe les indicateurs sur la structure, le financement et les performances des systèmes d’éducation. Nous n’avons pas d’indicateurs sur le niveau de responsabilité des personnes dans le monde du travail.

Pour plus d’informations, nous vous invitons à consulter le site : www.oecd.org/edu/eag.htm.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !