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Suppressions de postes : 
une réforme aveugle ?
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Education Nationale

La FCPE, fédération des parents d'élèves de l'enseignement public, appelle les parents à organiser partout en France, ce vendredi, des "nuits des écoles" pour protester contre les suppressions de postes dans l'Education nationale. Face aux impératifs financiers du gouvernement, certains craignent une dégradation de l'enseignement.

Eric Deschavanne

Eric Deschavanne

Eric Deschavanne est professeur de philosophie.

A 48 ans, il est actuellement membre du Conseil d’analyse de la société et chargé de cours à l’université Paris IV et a récemment publié Le deuxième
humanisme – Introduction à la pensée de Luc Ferry
(Germina, 2010). Il est également l’auteur, avec Pierre-Henri Tavoillot, de Philosophie des âges de la vie (Grasset, 2007).

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Atlantico : Pourquoi est-il si difficile de réformer l’Education nationale en France ?

Eric Deschavanne : Ce mouvement n’est pas un mouvement dirigé contre une réforme puisque les coupes budgétaires et les suppressions de postes ne constituent pas une réforme. Il ne faut pas tout mélanger. En général, une des causes qui explique l’impossibilité de réformer l’Education nationale, c’est que l’on se heurte souvent à ce consensus médiatique, ce consensus d’opposition : il y a toujours une asymétrie entre un consensus négatif et critique et un consensus positif, beaucoup plus difficile à réaliser. Un problème observé d’ailleurs dans la plupart des démocraties. Cela dit, l’école se réforme constamment. Il n’y a pas d’opposition à un projet politique ambitieux et cohérent parce qu’il n’y en a pas. Évidemment, dans cette série de réformes, certaines passent, d’autres pas et suscitent des hostilités. Sans compter la multiplicité des acteurs en jeu : parents, professeurs, syndicats ou même intellectuels. L’école est peut être plus difficile à réformer que d’autres domaines en raison de cette multiplicité des acteurs et de la médiatisation des problèmes auxquels est confrontée l’institution.

Pour le gouvernement, ces suppressions de postes d'enseignants n'empêchent pas le bon fonctionnement de l’institution...

A dire vrai, je voudrais bien le croire. Si ces suppressions de postes résultaient d’un véritable projet de rationalisation, il serait défendable. Je le dis d’autant plus volontiers, que je n’ai aucune sympathie en général pour ce genre de manifestations même pacifiques qui sont en réalité des mouvements spectacle et qui mobilisent sur des slogans simplistes. Cela ne fait pas vraiment avancer le débat démocratique mais en l'occurrence, il faut bien reconnaître que l’on assiste plutôt à des conséquences assez mécaniques de réformes budgétaires qui concernent la dépense publique mais qui ne concerne en rien l’éducation comme la décision de supprimer un fonctionnaire sur deux partant à la retraire ; une décision responsable de ce type de suppression de postes mais qui ne se justifie pas par une rationalisation de l’usage des moyens consacrés au système éducatif. Je pense que cela produit de vraies difficultés dans les zones rurales. Nous allons peut être même au devant d’une certaine régression éducative. Je crains en fait qu’il ne s’agisse d’une politique aveugle qui ne mesure pas les conséquences même politiques au sens politicien du terme. L’éducation est un sujet extrêmement sensible même chez les parents peu engagés sur le terrain idéologique qui perçoivent négativement ces suppressions de postes en particulier dans les zones rurales, au contraire des zones urbaines, où il suffit de faire 300 mètres pour aller dans une autre école.

Est-il possible de faire des économies dans l’Education nationale qui représente le premier poste budgétaire de l’Etat et 25 % des dépenses publiques ?

Oui, c’est sans doute possible. Pour le coup - je ne suis pas un haut fonctionnaire de l’Education nationale -  je pense que nous pourrions d’ores et déjà regarder la structure de la dépense publique éducative et voir s’il y a des économies à faire notamment au niveau du lycée où la dépense éducative française est surestimée et supérieure à la moyenne des autres pays comparables au nôtre, mais certainement pas au niveau de l’école primaire et maternelle - un maillon déterminant pour l’éducation - qui sont plutôt en sous investissement. Des réformes sont possibles mais il faudrait pour cela qu’elles soient pensées et présentées de manière rationnelle et articulée avec une politique éducative.

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