Ce que l'emploi pourrait gagner à ce que Paris devienne un laboratoire expérimental en matière de flexibilité des contrats<!-- --> | Atlantico.fr
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Un casque sur un chantier parisien.
Un casque sur un chantier parisien.
©Reuters

Tribune

Une tribune de Martine Le Gall, experte en fonds d’investissement et ex-directrice commerciale d’une agence de notation financière.

Martine Le Gall

Martine Le Gall

Martine Le Gall est experte en fonds d’investissement, ex-directrice commerciale d’une agence de notation financière. Martine Le Gall est aussi l’auteur du livre « Vous êtes trop qualifiée pour le poste… » (Albin Michel).

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Le constat en matière d’emploi pour Paris est calamiteux. Sur la base des chiffres d’octobre 2013, Paris compte 126 500 chômeurs de catégorie A  (n’ayant exercé aucune activité professionnelle au cours du dernier mois) dont 38,6 % sont des demandeurs d’emploi de longue durée. Comment une capitale, au cœur de l’activité économique et financière de la France, peut-elle compter autant d’hommes et de femmes sans emploi ? Pourquoi, à l’occasion des élections municipales, ce sujet n’est-il pas érigé en priorité des priorités ? Pourtant les élus parisiens ont bien plus de pouvoir au niveau local qu’on l’imagine.

En vertu de la loi constitutionnelle du 28 mars 2003 relative à l’organisation décentralisée de la République et de la loi organique n°2003-704, la capitale peut, en tant que collectivité territoriale, faire la demande au Parlement d’expérimentation de nouvelles mesures en matière d’emploi.

Pour autant, rien n’est tenté. A Paris comme ailleurs en France, personne ne veut toucher au sacro-saint contrat de travail actuel : le CDI, trois lettres sonnant comme un Graal. Pour beaucoup, il est perçu comme une clef ouvrant l’accès à tous les projets : logement, emprunts de toute nature. Et pourtant.  Combien de voix ne s’élèvent-elles pas contre sa rigidité qui, au lieu de protéger le salarié des aléas futurs, l’enferre dans un carcan, celui de l’immobilisme qui l’empêche de construire un avenir meilleur ?  Pour ceux qui ont décroché ce fameux passeport vers la stabilité, cela signifie aussi qu’en cas de fonction ne correspondant pas à leur désir, en cas de mal être au travail et de difficultés en tous genres,  la frilosité aux changements les gagnera par peur de perdre le peu qu’ils ont acquis : un travail considéré comme durable dans un monde en crise. Au total, ils resteront dans un emploi qui les fait souffrir, affectant à terme à la fois leur santé et la rentabilité des entreprises qui les emploient. Peut-on, dès lors, encore croire que le CDI protège les salariés ? Non. La véritable protection des salariés, c’est de pouvoir changer sans crainte d’emploi et d’en retrouver un lorsqu’ils se retrouvent au chômage pour quelque raison que ce soit. En d’autres termes, la seule protection du salarié, c’est le retour à la croissance et la création d’emplois.

Or précisément, la législation du travail en France est si complexe que ceux qui seraient en mesure de créer des emplois hésitent par peur, eux-aussi, de se retrouver coincés dans un système qui ne leur permet pas de s’ajuster en cas de résultats moins bons qu’attendus. Car les licenciements coûtent chers. Et à qui profitent-ils ? Aux salariés ? Erreur : la législation ne profite pas à grand monde, si ce n’est, peut-être, aux avocats spécialisés en droit du travail. Quand on sait le temps de traitement d’un litige devant le tribunal des prud’hommes à Paris - de l’ordre de deux ans -  et qu’un recours en appel devient de plus en plus fréquent, le salarié licencié va gâcher quatre années de sa vie en procédures qui le laisseront sur les rotules, avec éventuellement, une indemnisation rognée par le paiement des frais d’avocats. Ne vaudrait-il donc pas mieux, dans l’intérêt des deux parties, employeurs comme employés, définir d’entrée les conditions de sortie du contrat de travail ?

Nous pourrions débattre des heures sur ce sujet. Les « pro»  et les « anti» ne seront pas à court d’arguments. Ce qui est sûr : c’est qu’il nous faut, en France, retrouver le chemin du travail et pouvoir embaucher sans hésitation des milliers de chômeurs en désespérance. Et si, pour réconcilier les uns et les autres, nous testions un contrat plus souple, ouvert à ceux qui le désirent, à Paris dans un premier temps avant de le diffuser, à l’échelon national, si les résultats sont au rendez-vous ?

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