Il n'y a pas que les droits de l'homme… Cet autre principe que François Hollande devrait rappeler à la Chine<!-- --> | Atlantico.fr
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Le président chinois Xi Jinping achève sa visite d'Etat en France ce jeudi 27 mars.
Le président chinois Xi Jinping achève sa visite d'Etat en France ce jeudi 27 mars.
©Reuters

Visite du président chinois

Le président chinois Xi Jinping achève une visite d'Etat de trois jours en France ce jeudi 27 mars. Au cœur des discussions de mercredi, le rééquilibrage des relations commerciales.

Jean-François Di Meglio

Jean-François Di Meglio

Jean-François Di Meglio est président de l'institut de recherche Asia Centre.

Ancien élève de l'École normale supérieure et de l'Université de Pékin, il enseigne par ailleurs à l'IEP Lyon, à l'Ecole Centrale Paris, à HEC ParisTech, à l'École des Mines Paris Tech et à Lille I.

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Atlantico : Le président chinois Xi Jinping achève sa visite d'Etat en France ce jeudi 27 mars. L'Empire du Milieu est souvent critiqué pour son non respect des droits de l'Homme, et les libertés qu'il prend avec les règles du commerce international. Concrètement, François Hollande a-t-il plus de chances de se faire entendre sur la question commerciale ? Pourquoi ?

Jean-François Di Meglio : La question commerciale, s'il s'agit de résorber le déficit français, il ne s'agit pas de se faire entendre. Les excédents commerciaux ne se décrètent pas comme la proclamation des droits de l'Homme. "It needs two to tango" : il faut un marché avide de consommation, or la croissance chinoise ne repose qu'a 40 % sur la consommation contre 70 % pour beaucoup de pays développés. Par ailleurs, il faut aussi des produits compétitifs et des entreprises exportatrices. La France a de grands groupes exportateurs, mais ça ne suffit pas. Si la question commerciale c'est la "réciprocité" la c'est autre chose. La Chine semble décidée a entendre un peu plus son premier partenaire commercial (l'Europe), mais le chemin sera long et il reste des obstacles.

La France peut-elle faire entendre raison à la Chine sur sa volonté d'imposer le yuan comme monnaie mondiale ? Si non, quel intérêt présente cette rencontre, sur le plan monétaire ?

En matière de monnaie mondiale, la Chine souhaite élargir le rôle de sa monnaie et "l'internationaliser". C'est loin de signifier qu'elle veuille imposer sa monnaie comme monnaie mondiale. C'est même le contraire. Elle craint que trop d'internationalisation ne lui fasse perdre le contrôle de sa masse monétaire et de son taux de change.

En revanche, la diversification des réserves de change chinois (par rapport au dollar) et la nécessite d'ouvrir des places d’échange pour le yuan "internationalisé" ouvre des opportunités pour la place de Paris, qui est en concurrence en premier lieu avec Londres. Les récents démêlés diplomatiques de Pékin et Londres peuvent bénéficier au projet parisien. Mais Londres restera toujours une place financière de premier plan.

Quid du dumping, marque de fabrique des multinationales chinoises ? La France peut-elle faire entendre la voix de l'Europe, ou tout espoir de ce côté-là est-il réduit à néant ?

L'OMC, a laquelle la Chine a adhéré en 2001, définit de façon très stricte le dumping et réserve l'utilisation du terme à des cas très précis. Il est donc abusif de dire que c'est la "marque de fabrique des multinationales chinoises", qui ont sans doute d'autres défauts et qui, effectivement, dans certains cas, ont pratiqué le dumping (vente à perte ou en saturant le marche de façon à tuer la concurrence), c'est aussi une conséquence de la modicité du "coût du capital" en Chine qui rend très difficile l’évaluation réelle des coûts de production. La voix de l'Europe a eu du mal à se faire entendre, c'est bien là son problème, parce qu'elle est rarement unie sur les sujets commerciaux. C'est le Président chinois lui-même qui, en étant le premier Président chinois a visiter les institutions européennes, substitue à la "technique du salami" vis-a-vis de l'Europe commerciale une approche organisée et respectueuse de nos efforts d'unification du marché.

Alors que l'Europe ne met que très peu de barrières à l'entrée d'entreprises internationales, ne peut-elle pas exiger que la chine en fasse de même ?

Assurément, en particulier en matière d'investissement (automobile, telecom, finances) le marché chinois est beaucoup plus protectionniste et régulé que le nôtre. Il faut demander plus de réciprocité.

Sans l'accord des autres Etats européens, et notamment de l'Allemagne, le Chef de l'Etat français peut-il quoi que ce soit face a son homologue chinois ?

Chacun son rôle, la convergence n'a pas toujours été de mise, on l'a vu lors de l'"affaire des panneaux solaires" ou l'Allemagne a rangé ses revendications in extremis. Mais la France porte un message complémentaire de celui de l'Allemagne, reconnue comme une grande puissance européenne par la Chine, en particulier du fait de son poids en Afrique et dans les relations internationales. La France peut déjà encourager des signatures de contrat, qui ne doivent rien à l'Europe, comme celui de Dongfeng ou les accords sur le nucléaire. En revanche, sur des sujets plus sensibles comme celui de l'embargo sur les ventes d'armes, la position européenne prévaut.

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