Avec ou sans : ce que les statistiques disent de l'utilité des protections papier des sièges de toilettes<!-- --> | Atlantico.fr
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De récentes études américaines révèlent que les protections papiers sont utiles pour se prémunir des battants des sièges toilettes.
De récentes études américaines révèlent que les protections papiers sont utiles pour se prémunir des battants des sièges toilettes.
©Reuters

La mort, oui, mais par la chounga !

Entre les dermatites de contact allergique et les gonococcies, les protections papier des sièges toilettes peuvent sembler utiles pour protéger notre séant de nombreuses pathologies. Certains médecins s'accordent en revanche à contredire cette théorie.

Sylvain Mimoun

Sylvain Mimoun

Sylvain Mimoun est gynécologue, andrologue, psychosomaticien. Il est directeur du Centre d'andrologie de l'hôpital Cochin à Paris; Il est également chroniqueur radio et TV, notamment au Journal de la santé (France 5) où il tient la rubrique "Questions sexo".

Il est l'auteur de "La masturbation rend sourd : 300 idées reçues sur la sexualité " aux éditions First.

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C'est prouvé ! les sièges toilettes en bois recouverts de vernis, laque et peinture peuvent provoquer une dermatite de contact allergique sur les fesses et l’arrière des cuisses. Cette pathologie bénigne est particulièrement inconfortable, mais peut être évitée grâce aux protections papiers, et également grâce à un siège en plastique. Des cas de gonococcie (pathologie provoquée par la présence de germe du nom de gonocoque) ont pu être observés sur des patients ayant nettoyé un siège de toilettes au simple moyen de papier toilette. Les protections papier jouent ici un rôle de prévention de transmission de manière non-sexuelle de maladies. Autre avantage de ces protections, lorsque les personnes de sexe féminin souhaite uriner mais n’ont rien à disposition pour se protéger de la cuvette des toilettes, elles restent en suspens au-dessus d’elle. Cela peut non seulement réduire de 21 % leur flot d’urine mais également souiller davantage la cuvette dès lors que la cible est manquée, et donc provoquer plus d’infections.

A contrario, la plupart des professionnels de la santé s’accordent sur le fait qu’il est impossible de contracter une MST par contact de cuvette. Pour que cela soit possible, il faudrait que l’individu s’assoit à l’endroit exact et juste après que le virus a été déposé. Il faudrait également que chacun des deux individus ait une plaie et que ces plaies se retrouvent en contact par le biais du siège. Enfin, le virus devra être capable de survivre à l’extérieur du corps humain. La probabilité pour que ce type de scénario arrive est très faible.

Atlantico : De récentes études américaines révèlent que les protections papiers sont utiles pour se protéger des battants des sièges toilettes. Pourquoi donc avons-nous appliqué un système de battants ?

Sylvain Mimoun : Je ne sais pas pourquoi cela a été remis en cause mais les battants ont été faits pour que les toilettes soient plus propres et que la femme puisse se sentir tranquille lorsqu’elle urine. Elle urine en position assise. Les toilettes ne doivent donc pas constituer une source de stress et doivent rester propres. Il fallait trouver un moyen pour que celui qui pourrait mouiller les toilettes, généralement  son conjoint, évite ce désagrément, d’où l’idée des battants. A partir de ce moment-là, de nombreuses femmes se sont dit qu’il n’y avait pas de raisons que les hommes salissent les toilettes. Certaines femmes se sont mises à râler contre ça dans certains pays et ont obligé les hommes, en Suède notamment, à rabaisser les battants ou à uriner assis pour améliorer l’hygiène, pour que les femmes puissent uriner tranquillement et pour renforcer l’égalité homme-femme.

Une étude de l’Official Journal of the American Academy of Pediatrics révèle d’ailleurs que les femmes, sous la contrainte de s’asseoir sur des toilettes sans battants ou avec des battants souillés, ont une réduction de la fluidité urinaire de 21 %. Est-ce que le problème est aussi un problème de stress et peut avoir un impact sur la santé ?

Oui, on sait que pour uriner, il faut être décontracté, c’est le moins qu’on puisse dire. Mais a priori, si les uns et les autres font qu’il faut au moment où il le faut, il y a des chances que les femmes aient une fluidité urinaire tout à fait normale.

Par ailleurs, aux Etats-Unis, le Center for Disease Control and Prevention expliquait qu’il était impossible de contracter une MST par contact de cuvette. Pour cela, il faudrait que quelqu’un qui ait une infection ouverte sur les fesses pour que cela se transmette et que généralement ces personnes-là étaient au courant des problèmes que cela pouvait causer. Cet argument purement hygiénique plus que psychologique tient-il vraiment ?

Il est probable que les causes infectieuses sont très fluctuantes pour ne pas dire inexistantes. Objectivement, je ne crois pas que beaucoup de médecins, en tout cas en France, se sentent concernés par les origines infectieuses de ce type de toilettes.

Les films plastiques sont-ils une meilleure solution au manque d’hygiène que représentent les battants des sièges toilettes ?

Ce qui importe, ce n’est pas tant en quelle matière la protection est faite et si protection il y a. Sur le plan hygiénique en soi, il n’y a pas tant de problèmes que ça. Sur le plan relationnel en revanche, il n’est pas rare que la femme accepte mal le fait que le couvercle soit mouillé, l’urine étant considérée comme sale. Le but du jeu est qu’elle ne soit pas en contact avec cette urine mouillée. Cette dernière est tellement propre que l’on dit que si quelqu’un se retrouve blessé dans le désert et  qu’il faut désinfecter, le seul moyen de nettoyer la plaie est d’uriner dessus, car elle est la partie la plus stérile qu’il soit dans le corps. Méthode à ne pas appliquer bien entendu si la personne a une infection urinaire. Finalement, peu importe les protections, l’essentiel est que cela convienne à la femme et qu’elle puisse se sentir à l’aise.

Selon plusieurs études américaines, il est également possible de contracter des pathologies bénignes mais néanmoins inconfortables, telles qu’une dermatite de contact allergique ou une gonococcie. 

Les gonococcies, selon moi, ne peuvent pas se transmettre par l’urine. Pour qu’il y ait gonococcie, il faut qu’il y ait un rapport avec pénétration et que le germe, le gonocoque, soit infecté dedans. Une femme qui se place sur des toilettes où un homme ayant du gonocoque est venu uriner quelques minutes auparavant ne risque pas particulièrement d’attraper le gonocoque. Ce n’est pas aussi simple que ça. Cependant si elle est allergique a quelque chose, il s’agit d’une allergie de contact et ce n’est donc pas spécialement dû aux toilettes mais à bien d’autres choses.

Hormis les toilettes séparées, y a-t-il d’autres moyens de pallier ce problème qui semblent avant tout psychologique ?

Psychologique et peut-être éducationnel. Il faudrait que l’homme soulève le battant et fasse attention à un minimum de propreté pour que les choses se déroulent bien.

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