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Comment bien choisir votre banque (et lui faire confiance)
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Bonnes feuilles

Vos économies sont-elles vraiment à l’abri à la banque ? Votre banque mérite-t-elle vraiment votre argent ? Rien n’est moins sûr dans la conjoncture actuelle et il est dans votre intérêt de le vérifier avant de lui faire crédit. Extrait de "Pouvez-vous faire confiance à votre banque ?", de Simone Wapler, chez Ixelles Editions (2/2).

Simone Wapler

Simone Wapler

Simone Wapler est rédactrice en Chef des Publications Agora (analyses et conseils financiers).

Elle est l'auteur de "Comment l'Etat va faire main basse sur votre argent: ... et ce que vous devez faire pour vous en sortir !", paru chez Ixelles Editions en mars 2013.

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Pas tous vos oeufs dans le même panier, surtout si vous attendez la ponte de gros oeufs

Si vous avez une grosse rentrée d’argent, ou même si votre trésorerie est importante, vous avez déjà compris qu’il est prudent de fractionner vos dépôts. Vous avez vu que le plafond des 100 000 € était un critère de principe, mais qu’il pourrait être brisé si les circonstances l’exigeaient. En effet, à Chypre, pour ne pas toucher aux dépôts inférieurs à 100 000 €, l’Europe et le FMI se sont engagés à réinjecter 10 Mds€ dans le système ; le PIB de l’île est le dixième de celui de la France. Si l’Espagne, l’Italie ou la France devaient subir une crise similaire, ce ne serait pas 10 Mds€ qu’il faudrait injecter, mais des centaines de milliards, que personne n’a.

Enfin, il existe un risque qui est encore sous-estimé, à l’aube des élections européennes de mai 2014, celui de l’éclatement de l’euro.

Voici ce qu’en disait Charles Gave en novembre 2013105 :

« Que va-t-il se passer si un ou plusieurs pays envoient à Strasbourg une majorité de députés hostiles à l’euro et qui donc voteraient à Strasbourg pour sortir de l’euro ? […] En fait, les élections au Parlement européen représentent la première possibilité qui va être donnée aux peuples européens de donner leur avis sur l’euro, ce Frankenstein financier qui a détruit leurs vies. Il va donc s’agir d’un référendum, pour ou contre l’euro, et c’est tout. Dieu, que ces élections, pour une fois, vont être passionnantes ! »

Et peu importe que vous soyez europhile ou europhobe, il y a de bons arguments des deux côtés. Les europhiles modérés aiment l’idée d’une monnaie a priori moins manipulable qu’une monnaie souveraine puisque la Banque centrale européenne n’est pas à la botte d’un gouvernement mais tiraillée entre plusieurs gouvernements. Les europhobes non extrémistes (je ne parle évidemment pas des deux fronts en France, le national et celui de gauche) déplorent une construction technocratique qui ne repose sur rien de tangible, même pas la confiance dans la signature d’un État souverain capable d’user de la force pour lever l’impôt. Comme le dit Charles Gave, tout cela n’est pas le plus important et « c’est un droit essentiel pour un pays souverain d’être mal géré si la majorité de la population le souhaite ».

Ce qui est important, c’est qu’en cas de dislocation sauvage de l’euro, votre épargne va souffrir. Soit la France sort de l’euro et nous aurons droit à une dévaluation sauvage d’environ 20 % assortie de mesures de contrôle des changes et des capitaux. Soit l’Allemagne sort et laisse les pays du Sud crisser entre cigales et le résultat est à peu près similaire, c’est l’euro qui dévissera, et nous aurons quand même une restriction de mobilité des capitaux dans la zone euro du Sud.

Dans cette hypothèse, mettre des dépôts dans une banque européenne hors zone euro n’est pas une idée totalement absurde.

Votre stratégie prend donc corps :

Si vous êtes résident français, le plus commode est donc d’avoir un compte courant dans une grande banque de réseau dite trop grosse pour faire faillite. Vous y laissez un minimum de trésorerie pour régler vos affaires domestiques courantes (prélèvements EDF, téléphoniques, impôts, etc.).

Puis, si vous en avez besoin, vous parquez de grosses sommes en transit ou en attente de réemploi dans des banques plus exotiques. Vous pouvez choisir soit de petites banques françaises solides, soit des filiales de banques étrangères qui ne sont pas « systémiques ».

Enfin, si les risques de fragmentation de l’euro augmentent, il faudra songer à aller abriter votre épargne liquide et « bancarisée » dans des banques étrangères robustes hors zone euro.

Dans tous les cas, la meilleure des banques est pour vous celle qui présente :

  • le moins de levier possible (le levier étant les fonds propres par rapport au total des engagements, des prêts accordés et des investissements) ;
  • le plus de liquidités (les dépôts sont supérieurs aux prêts commerciaux) ;
  • le moins de risques (le niveau des créances douteuses rapportées aux fonds propres est le plus faible possible).

Ajoutons qu’une banque qui gagne de l’argent, c’est évidemment mieux pour vous qu’une banque qui en perd. Car les bénéfices viennent se rajouter aux fonds propres.

Ensuite, comme vous le savez maintenant, vous devrez aussi apprécier les risques qui pèsent sur votre banque en fonction de ses activités :

  • spéculation pour compte propre sur les marchés financiers ;
  • montant des obligations souveraines dans son portefeuille ;
  • montant des opérations de LBO (rachat par la dette) et goodwill ;
  • implication dans les récents scandales : Libor, Euribor, Forex, vente de produits à risques à une clientèle non avertie ;
  • exposition au marché immobilier français.

Avertissement au lecteur

Après la condamnation à la fin de 2013 du blogueur Jean-Pierre Chevallier par l’Autorité des marchés financiers, saisie par la Société générale, le lapin du Crédit agricole montre aussi ses incisives. « Jean-Paul Chifflet voit rouge. Le directeur général de Crédit agricole SA se “réserve le droit d’attaquer devant les juridictions compétentes toute personne, toute organisation ou tout organe d’information qui nuirait à la réputation et aux intérêts du groupe, en contribuant à propager le doute quant à la solidité de celui-ci”, [...]. En cause, une étude relayée le mois dernier par la presse allemande et attribuée à tort à l’OCDE, qui faisait apparaître la banque verte comme l’une des moins capitalisée en Europe », prévenait L’Agefi du 5 février 2014.

L’étude en question était signée de deux chercheurs de l’OCDE qui commentaient des chiffres publiés par l’organisation internationale.

Dans ce qui suit, le lecteur se forgera une opinion – après la lecture de chiffres objectifs et de faits relayés par la presse – sur l’opportunité de laisser ou non son argent dans telle ou telle banque qui n’est pas expressément recommandée. Les ratios ont été construits avec les données les plus fraîches disponibles au moment de la rédaction de ce livre. Mais évidemment, la situation de chaque banque peut évoluer et il conviendra de la surveiller.

Extrait de "Pouvez-vous faire confiance à votre banque ?", de Simone Wapler, chez Ixelles Editions, 2014. Pour acheter ce livre cliquez ici

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