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30% de nos jeunes diplômés envisagent de partir à l'étranger.
30% de nos jeunes diplômés envisagent de partir à l'étranger.
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Le chant du départ

Selon une étude publiée par Le Monde, 30% de nos jeunes diplômés envisagent de partir à l'étranger. Le constat d'une terrible défaite.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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30% ! Le chiffre est effroyable. Bien pire, à y regarder de près, que celui du chômage. Que celui de notre abyssal déficit. Que celui des assistés (RSA, emplois d'avenir, etc…). Que celui de la délinquance pourtant en progrès constant.

Ils aiment la France ces jeunes diplômés. Ils l'aiment et veulent la quitter. Rien à voir avec le tristement célèbre : "la France aimez-la ou quittez-la !" Mais pourquoi veulent-ils partir ? Parce que l'herbe est plus verte ailleurs ? Non. Simplement parce que notre herbe à nous est flétrie, jaunie et desséchée. De la mauvaise herbe…

S'ils partent et veulent partir, c'est que la France qu'ils aiment a cessé d'être aimable. La réussite à laquelle ils aspirent est en effet considérée chez nous comme une tare ou une maladie. Ils sont pourtant ce que nous avons de meilleur. Mais ils vivent dans un pays ou les seules promesses qui ont pignon sur rue sont "tu seras fonctionnaire mon fils !" et "tu auras un "emploi d'avenir" ma fille !". La France (et ne cherchons pas si c'est plutôt la faute de François Hollande, de Nicolas Sarkozy, ou de quelqu'un d'autre) est, à leurs yeux, devenue un petit pays étriqué et déprimé.

A l'origine, des années de travail acharné d'idéologues soit disant progressistes, et en vérité, parfaitement réactionnaires. En installant comme pensée dominante l'idée que le travail, l'appétit pour le succès, et le goût de l'effort étaient des vices et non pas des vertus ils ont gagné la bataille. Et c'est la France qui l'a perdue. Une célèbre anecdote illustre assez bien cette mentalité délétère. Quand un Américain (ou un Anglais ou un Allemand) voit un type dans une voiture de luxe il se demande comment il pourrait faire pour en avoir une pareille lui aussi… Quand un Français voit le même type dans la même voiture il cherche, mu par le ressentiment, comment faire pour virer l'affreux riche de sa bagnole…

D'autres jeunes, pas du tout diplômés, quittent aussi la France. Ils vont "travailler" en Syrie, en Afghanistan, au Mali, et parfois en Irak. C'est un travail assez tuant. Mais la plupart d'entre eux reviendront. Ce qui n'est vraiment pas le cas de nos jeunes diplômés. On peut regretter que ça ne soit pas l'inverse ! Il est vrai que la France, pauvre petit pays, reste attractive pour les plus pauvres des pauvres qui viennent d'Afrique et d'Afrique du Nord. On les comprend. Mais qu'il soit permis d'avoir une pensée, disons plus émue et plus forte, pour ceux – les jeunes diplômés – qui nous quittent.

A lire du même auteur : Le gauchisme, maladie sénile du communisme, Benoît Rayski, (Atlantico éditions), 2013. Vous pouvez acheter ce livre sur Atlantico Editions.

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