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Christine Boutin : l'affaire DSK ?
"Un acte manqué"
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Affaire DSK

Si elle a d'abord cru qu'on avait tendu un piège à Dominique Strauss-Kahn, Christine Boutin, présidente du Parti Chrétien-Démocrate, prend de la distance sur sa première réaction et évoque un "acte manqué" et un "suicide politique".

Christine Boutin

Christine Boutin

Christine Boutin est la présidente du Parti chrétien-démocrate.

Elle a été ministre du Logement et de la Ville puis uniquement du Logement, de mai 2007 à juin 2009.

Elle est l'une des instigatrices du droit au logement opposable.

 

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Atlantico : Pensez-vous vraiment que Dominique Strauss-Kahn est tombé dans un piège ?

Christine Boutin : A vrai dire, dans les affaires de ce niveau, je pense que tout est possible… c’est pourquoi j’ai eu un premier mouvement en ce sens. Mais je ne peux que demeurer réservée sur cette idée, parce qu’il y a d’abord une victime présumée et qu’il est légitime de commencer par penser à elle, ce que j’ai fait d’ailleurs dès dimanche sur les réseaux sociaux.

Que s’est-il donc passé alors, selon vous ?

Ma lecture des faits, sur la base de nos connaissances actuelles, est plutôt que cela ressemble à un acte manqué : il a fait ce qu’il fallait pour sortir d’une campagne qui s’imposait à lui. Comme si c’était un suicide politique.

Encore une fois si les faits se précisent sur la base actuelle, on pourra dire qu’il avait déjà annoncé quel était son talon d’Achille : il nous montre aujourd’hui qu’il a sans doute commis l’irréparable pour ne pas mener cette campagne.

Pour moi c’est un double drame : tout d’abord pour la victime, notamment lorsque j’entends tout ceux qui ont commencé par dire que cela ne ressemblait pas à M. Strauss-Kahn, accusant donc la victime d’être une manipulatrice ; ensuite une tragédie grecque : le héros de la gauche milliardaire ne peut pas assumer de devenir celui qui fait campagne en Lozère, qui sillonne la France profonde et fait mine de s’apitoyer sur le malheur des autres. Il y avait un décalage trop grand qui l’a fait exploser en vol. DSK est mort politiquement de cet écartèlement.

Quelles conclusions politiques en tirez-vous pour la campagne de 2012 ?

Les Français ont besoin de responsables politiques qui soient cohérents, pas écartelés. Les Français ont besoin que l’on donne une image de la France qui leur ressemble, qui nous ressemble, pas celle de l’amour du fric et de la luxure. Les Français ont besoin que l’on porte des valeurs, un enthousiasme, le sens au moins de notre héritage, et non l’image d’un pays qui n’a plus de spécificité sinon celle d’être le plus libéral.

Nous sortons de semaines où nous avons laissé penser que la France était un pays raciste qui a peur des autres, nous montrons désormais l’image d’un pays dont l’élite n’a plus de code moral. Il faut en sortir, et vite !

Je reviens sur votre référence aux tragédies grecques, vous pensez à quelque chose de particulier ?

Ce n’est pas au sens propre une tragédie grecque, mais tout cela me rappelle l’histoire d’Hannibal à Capoue. Si l’accusation est confirmée, DSK est l’Hannibal des temps modernes : le général carthaginois à qui s’offre Rome mais que les délices de Capoue, c’est-à-dire les plaisirs et le luxe ramollissent, avec son armée. Ça se termine par une défaite en rase campagne ! L’histoire est notre meilleur professeur en la matière.

Propos recueillis par Jacques de Guillebon

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