La leçon du « Buissongate » : ne jamais jouer avec de la nitroglycérine… <!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
France
La leçon du « Buissongate » : ne jamais jouer avec de la nitroglycérine…
©

Éditorial

Nombreux sont les proches de Nicolas Sarkozy qui ont tenté de l'avertir de la dangerosité de son sulfureux conseiller Patrick Buisson. Il ne les a pas écoutés. Bien mal lui en a pris.

Yves Derai

Yves Derai

Yves Derai est éditorialiste à Atlantico. Chaque semaine, il écarte les lourds rideaux de velours des palais de la République pour nous en révéler les secrets.

Voir la bio »

Il ne pourra pas dire qu’il n’avait pas été prévenu. Maints conseillers, ministres, amis, épouse ou ex-épouses le lui avaient dit : cet homme est dangereux. Cet homme, Patrick Buisson, surnommé par l’un de ses proches « le seigneur des ténèbres », n’a jamais vraiment déserté les rives marécageuses de l’extrême-droite. Il a toujours été habité par son idéologie, partisan d’un rapprochement entre la droite traditionnelle et le Front National, et fasciné par ses méthodes. Enregistrer son patron à son insu, fût-il le Président de la République, ça peut toujours servir.

Mais Nicolas Sarkozy n’a pas écouté. Il n’imaginait pas que ce bel esprit, pétri de culture, pourrait un jour s’adonner à de telles pratiques –ce qui peut, en vérité, se comprendre. Les conseilleurs ne sont pas les électeurs, pensait l’ancien Président. Et Patrick Buisson l’avait convaincu que pour battre la gauche, il avait besoin de siphonner les voix lepénistes. La stratégie s’était révélée payante en 2007 puisque Jean-Marie Le Pen était retombé à 10,44 % au premier tour. Grâce à cette victoire nette et sans bavure de Nicolas Sarkozy, « le seigneur des ténèbres » s’est octroyé une place VIP à l’ombre du précédent quinquennat. En 2012, le sortant lui a renouvelé sa confiance. C’est ainsi que Marine le Pen a été décrétée « compatible avec la République » par le président-candidat, que la « frontière » s’est imposée comme l’un des thèmes majeurs de sa campagne. Résultat, une défaite, certes serrée, mais une défaite quand même.

Patrick Buisson n’a pas immédiatement disparu du paysage sarkozyen. Bon rhétoricien, il a réussi à vendre à Sarko que sans cette orientation, il aurait été écrasé par François Hollande tant il était rejeté par l’opinion.

Mais depuis quelques mois, l’homme de la rue de Miromesnil voyait de moins en moins son influent gourou. Il répétait aux visiteurs qui défilent à la queue-leu-leu dans son  bureau son aspiration à se recentrer, à se réconcilier avec lui-même, pardonnez le néologisme, à se « débuissoniser ». Cette lancinante rumeur parisienne est bien entendu parvenue aux grandes oreilles de l’ancien rédacteur en chef de Minute. Est-il utile de préciser qu’il ne l’a guère appréciée ?

Finalement, le Buissongate a éclaté au visage de Nicolas Sarkozy. Des extraits de discussions entre lui-même, sa femme Carla et ses conseillers ont été diffusés, notamment sur Atlantico. Pourquoi ? Comment ? Tous les scenarii circulent depuis 48H. Des vraisemblables, des absurdes, des complotistes. Mais une chose est sûre : l’ex chef de l’Etat a appris à ses dépens qu’on ne manipule pas sans risque un Buisson ardent.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !