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La rue arabe vue 
de la rue parisienne
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Humeur

Véronique Branger nous conte l'humeur de son début de printemps où se mêlent Fukushima, Libye et inspecteur Derrick. Entre incrédulité et insouciance.

Véronique Branger

Véronique Branger

Véronique Branger dirige l'agence Volcan communication

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J’ai passé le mois qui s’achève, incrédule, devant la télé, à écarquiller les yeux devant la tragédie japonaise. J’ai rêvé la nuit des abandonnés de Fukushima, des samouraïs de la centrale nucléaire. D’habitude, ces supercatastrophes se voient sur les écrans géants des salles de cinéma et finissent en happy end. Il y a toujours un superhéros ou un courageux pas si ordinaire pour sauver le monde.

Face au flux d'images télé

J’ai regardé en boucle les télévisions du monde entier, j’ai entendu l’inquiétude tendue sourdre des commentaires des journalistes correspondants qui tentaient de se rassurer eux-mêmes. J’ai imaginé le blitz final, la centrale qui saute, le hoquet du présentateur en direct et la sidération de ceux qui restent. Il ne restait qu’à prier.

Toute la semaine, j’ai pensé aussi au martyre libyen. Que les insurgés devaient se sentir abandonnés eux aussi, bien écrasés. « Résolution du soir, espoir » : les Libyens ne seront plus seuls, nous leur portons secours. Je me rendors plus confiante. Le premier mois de Carême se termine, et, certainement, les héros ordinaires de la centrale de Fukushima méritent d’être canonisés, ces hommes qui acceptent le sacrifice de leur vie pour sauver la multitude. Faut-il de tels événements pour que l’humanité se révèle dans ce qu’elle a de plus généreux, de plus digne. Et tant pis si le cynisme des uns rappelle que la Libye regorge de trésors souterrains. 

Le milieu du mois mars était beau...

Je me souviens aussi que le milieu du mois était beau. C’est le printemps, la saison où les yeux des hommes éclosent comme des fleurs de cerisiers. Il faisait beau, il faisait même chaud. Le printemps flirtait avec l’été. Je suis allée jambes nues par les rues. Je revendique comme un acte politique de sortir dans la rue jambes nues. Tant de femmes n’ont pas cette liberté. J’ai pris ma petite voiture et je suis allée me balader dans la nuit tiède sur le périphérique parisien. Ce que je kiffe le périph ! J’imagine que je suis en train de rouler sur une autoroute urbaine de n’importe quelle mégapole dans le monde. Je suis à Los Angeles, Berlin, Sao Polo… Il doit sûrement y avoir une autoroute urbaine comme celle-ci à Tokyo qui survole une banlieue minérale anonyme dans un nuage de pollution rose...

Le miracle de la mondialisation fait voyager à moindres frais : les mêmes pétasses vantent les mêmes gloss, les mêmes berlines, les mêmes téléphones sur les mêmes affiches.  Bel après-midi bleu. Je marche à un rythme de sénateur qui sort de son déjeuner. Je balade mon insouciance dans les rues immobiles. Je passe devant un camion de déménageurs. C’est bien l’un d’eux que j’entendais siffler comme un pinson une dizaine de mètres en amont. Il se fait engueuler : c’est l’heure de la sieste, il y a des bébés qui dorment. Heureuse rue tranquille où l’on n’entend que le sifflotement des oiseaux et des déménageurs. Deux types s’attardent sur leur café à la terrasse de la trattoria du coin de la rue. C’est l’heure où les cadres retournent bosser, où les chefs de leur propre entreprise commandent un deuxième café. C’est l’heure de la sieste et de l’inspecteur derrick. Les rues sont désertées, le soleil fait l’école buissonnière. Et moi aussi.

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