Pourquoi Marine Le Pen ne sera pas élue en 2012 : la théorie "télé-réalité"<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Media
Marine Le Pen, nouvelle star du loft politique ?
Marine Le Pen, nouvelle star du loft politique ?
©

Loft politique

Analyse de la vie politique française à travers l'expérience des jeux de télé-réalité. Attention, résultat détonnant !

Christophe Carron

Christophe Carron

Christophe Carron est journaliste.

Il est le responsable éditorial du site Voici.fr et tient le blog Lowblogging.fr, où il raconte les dessous de la presse people.

Voir la bio »

Une conjonction extraordinaire est survenue en 2011 : ce mois de mars a vu simultanément le lancement d’une des pires émissions du couple TF1/Endemol, Carré Viiip, et la tenue des élections cantonales sur fond de sondages favorables à Marine Le Pen. Coïncidence ? Oui. Et pourtant...

Marine Le Pen : la plus viiip des viiips ?

Marine Le Pen aurait fait une excellente candidate de Carré Viiip, cette nouvelle émission de télé-réalité, dans le genre de Secret Story, dont le but est de rassembler des suffrages SMS sur sa personne pour gagner 150 000 euros. Pour y arriver, il faut créer du bruit médiatique : "Un seul objectif : faire le buzz. Faire parler de soi de n'importe quelle manière possible. Il faut tout oser”, selon la règle du jeu exposée dans le premier prime.

Qu’importe le fond, qu’importe ce que sont les candidats, seule cette fausse notoriété est prise en compte pour progresser au fil du temps de jeu et affronter, en phase finale, le vote du public.

En général, dans ce type de show, deux stratégies se dessinent. Il y a ceux qui “restent eux-mêmes”, pour qui le buzz est une conséquence de leurs actes, de ce qu’ils sont vraiment. Et ceux qui endossent un rôle, le plus souvent celui du méchant cynique, calculateur et grande gueule, dans l’espoir de faire parler d’eux et, ainsi, de marquer les téléspectateurs (en créant des clash, en provoquant, en montant les gens les uns contre les autres, en couchant avec tout ce qui bouge... la palette est large).

Quand la politique fait son buzz

Revenons à la France : les semaines qui ont précédé les élections cantonales ont été marquées par les sondages favorables à la candidature de Marine Le Pen à la présidentielle. Sans lever le petit doigt, la leader d’extrême-droite était dans tous les journaux, dans toutes les conversations. Les quelques provocations de la blonde semblaient avoir fait renaître la bête immonde. En n’étant qu’une fille de, et avec quelques phrases bien senties, le buzz a pris. On serait dans Carré Viiip, Marine exploserait le Viiipomètre et s’assurerait quelques semaines d’immunité dans la partie.

Cette omniprésence médiatique a, pour certains, expliqué les excellents scores du Front national au premier tour des cantonales, comme si la vie politique ressemblait à celle du Carré Viiip : buzz = qualification. Une performance fort heureusement pas renouvelée au second tour malgré la présence continue du FN dans les débats d’entre-deux tours : sur les 400 candidats frontistes présents en deuxième semaine, deux seulement ont été élus.

Le "principe Endemol" 

Stratégie gagnante du Front républicain, plus forte que le buzz ? Ce serait bien vite oublier le rôle du principe Endemol. Dans la quasi totalité des émissions de télé-réalité d’enfermement - et parfois dans les télé-crochets - ce ne sont pas les candidats les plus trash ni les plus exposés - comme l’est actuellement Marine Le Pen - qui remportent la partie. Même si, comme dans le Carré Viiip actuellement à l’antenne, le buzz est l’échelle de valeur qui permet de classer les candidats. Car au final, c'est le public qui vote.

Peu importe que les candidats occupent en permanence le premier rôle dans les émissions quotidiennes, qu’ils trustent la presse people et TV ou qu’ils soient au centre des polémiques qui accompagnent traditionnellement ce genre d’émission. En téléréalité, les candidats générant le plus de bruit médiatique ne gagnent que très rarement, chutant au dernier moment face aux plus lisses, aux plus gentils. Si l’ombre du méchant trash et exposé plane tout au long du jeu, si celui-ci évite régulièrement l’exclusion lors des phases éliminatoires, il finit toujours par trébucher en phase finale, au moment où il faut rassembler le plus grand nombre de votes.

Secret Story : l'exemple imparable

Prenons l'exemple de Secret Story :

  • Première saison : d’innocentes triplées sortent victorieuses face au très médiatique duo trash Xavier-Tatiana.
  • Secret Story 2 : l’ultra lisse Matthias décroche la timbale face au duo priapique Cyril-Alexandra, en couverture de tous les magazines.
  • Secret Story 3 : c’est une brunette victime de la vie et des garçons, Emilie, qui l’emporte devant la sulfureuse Cindy, vilaine obsédée cynique, survendue par Endemol.
  • Secret Story 4 : toute la presse people s’amuse avec un Senna en couple avec Amélie, mis en avant par la production, mais c’est un certain Benoît, piquant mais franc et marrant qui est sacré. France 2012 ?

Si tout va bien, si le principe Endemol fonctionne, la méchante candidate actuellement au centre des attentions et des sondages nous fera peut-être une frayeur en passant les phases éliminatoires. Mais se prendra une bonne vieille claque en finale...

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !