Attaques terroristes de Paris : les meilleurs articles de réflexion plébiscités par les réseaux sociaux

C'est une requête qui s'est répétée sur Twitter et Facebook depuis le 13 novembre : "s'il vous plait, aidez-moi, qu'est-ce que je dois lire comme articles ? Passez-moi le lien si vous trouvez quelque chose d'intéressant ". Dans la sidération et l'angoisse, les analyses et opinions de chercheurs français ou étrangers se sont propagées sur les réseaux, et ont été réellement lus, leur donnant une audience sans doute jamais atteinte auparavant.

Le premier texte marquant et extrêmement partagé n'est pourtant pas une analyse sur le terrorisme, mais une profession de foi, et une réaction à l'image trop simpliste d'une "Génération Bataclan" adoptée dans l'émotion. Lettre à ma génération, moi, je n'irai pas qu'en terrasse de Sara Roubato, s'exprime pour ceux, très nombreux, qui ont soif d'engagement par l'action, quotidienne, petite ou grande, contre un monde absurde et meurtrier de bien d'autres façons. Dans tous les commentaires innombrables qu'il a provoqués se ressent une grande émotion, et quelques soupirs :

@ Rebecca "Un texte me parle bien plus que tous ces appels à aller résister en terrasse ! 

Bernard J.  "C'est un beau texte mais pourquoi opposer les choses ? nous sommes malheureusement entrés dans une période de résistance et chacun devra résister à sa manière."

L'historien Henri Rousso a partagé sur sa page Facebook la tribune du chercheur Kamel Daoud : "L'Arabie saoudite, un Daech qui a réussi",  en saluant "peut-être l'intellectuel le plus essentiel en ce moment pour sortir d'une vision hexagonale de la menace actuelle". Le New York Times, partageant cette opinion, est allé jusqu'à le publier en français sur son site. Ce décryptage a fait le tour du monde, traduit spontanément en de multiples langues. Extrai :

"Le déni de l’Occident face à ce pays est frappant: on salue cette théocratie comme un allié et on fait mine de ne pas voir qu’elle est le principal mécène idéologique de la culture islamiste. Les nouvelles générations extrémistes du monde dit « arabe » ne sont pas nées djihadistes. Elles ont été biberonnées par la Fatwa Valley, espèce de Vatican islamiste avec une vaste industrie produisant théologiens, lois religieuses, livres et politiques éditoriales et médiatiques agressives."

Comme des milliers d'internautes sceptiques devant l'interention militaire française en Syrie, ou parce que ce type de témoignages est rarissime,Eric Dupin, blogueur tech sur le site Presse-citron, a partagé l'un des témoignages phare de cette sélection, celui de Nicolas Hénin, ex-otage de Daesch : "Daesh craint plus notre unité que nos frappes aériennes". Extrait :

"Pourquoi la France ? Pour de nombreuses raisons sans doute. Mais je crois qu’ils considèrent mon pays comme le maillon faible de l’Europe, comme un pays où il serait facile de semer la division. C’est pourquoi, lorsqu’on me demande comment nous devons réagir, je dis qu’il faut raison garder. Or, notre réponse est : encore plus de bombes. Je ne défends pas Daesh. Comment pourrais-je le faire ? Mais je pense que nous commettons là une erreur."

Parmi les nombreuses interventions sur la politique française "qui nous a conduit là", l'article "Le 13 novembre, résultat d'une faillite des élites politiques françaises", un entretien avec Gilles Kepel publié sur le quotidien suisse Le Tempsa été repris parReddit Franceet d'innombrables blogs et sites d'agrégation de liens. Extrait : "Le monde du renseignement s'est endormi sur ses lauriers après s'être débarrassé de Kelkal (...) jusqu'à Merah, et finalement il n'a pas compris le passage au djihadisme de 3e génération. Il y a aussi une incapacité à comprendre ce qui se noue dans la sédentarisation de l'islam de France, ses acteurs, le jeu des élus avec le salafisme pour avoir la paix sociale. C'est l'incapacité globale de notre élite politique".

Les événements ont voulu qu'un long essai de Graeme Wood publié surThe Altantic, analysant les fondements idéologiques du mouvement Daech, What ISIS really wants (ce que Daech veut vraiment) ressurgisse des archives web.