Soviétique : la vraie nature de la VIe République de Jean-Luc Mélenchon<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Politique
Soviétique : la vraie nature de la VIe République de Jean-Luc Mélenchon
©AFP

Octobre Rouge

Ce samedi, Jean-Luc Mélenchon s'est exprimé depuis la place de la Bastille pour appeler à la mise en oeuvre d'une VIe République.

Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe est le fondateur du cabinet Parménide et président de Triapalio. Il est l'auteur de Faut-il quitter la France ? (Jacob-Duvernet, avril 2012). Son site : www.eric-verhaeghe.fr Il vient de créer un nouveau site : www.lecourrierdesstrateges.fr
 

Diplômé de l'Ena (promotion Copernic) et titulaire d'une maîtrise de philosophie et d'un Dea d'histoire à l'université Paris-I, il est né à Liège en 1968.

 

Voir la bio »

Certains peuvent se laisser abuser par le projet en apparence simplement révolutionnaire de Jean-Luc Mélenchon. Mais le bonhomme dissimule, sous son mauvais caractère et sa verve mordante, un projet d'une ambition soviétique qui n'a rien à envier à celui de Lutte Ouvrière. Il en assure la promotion politique en le rattachant à la tradition révolutionnaire française. Mais c'est une vision beaucoup plus "orientale" qui le porte. 

La presque sympathique VIe République

Le programme de Mélenchon met en avant le thème de la VIe République. En lui-même, il peut fédérer beaucoup de monde, tant la décomposition atteint notre régime, et tant nous sommes nombreux à penser que la France n'a pas besoin de tourner une page, mais bien de clore un chapitre de son histoire, y compris institutionnelle. Toute la difficulté est de savoir quel mandat on donne à l'Assemblée constituante supposée se réunir pour préparer cette nouvelle étape constitutionnelle. Dans l'esprit de beaucoup, il s'agit de corriger les tares de notre système actuel et de limiter les pouvoirs d'une aristocratie décadente, voire de la renouveler.  Quand on lit le programme de Jean-Luc Mélenchon, on s'aperçoit qu'il s'agit plutôt d'annoncer l'avénement d'un régime chavézien, mais en pire. Quelque chose qui ressemblerait plutôt à l'Union soviétique. 

La nationalisation de pans entiers de l'économie

On lira par exemple cette phrase qui obligera beaucoup à se frotter les yeux pour être sûrs de l'avoir comprise: "Protéger les biens communs : l'air, l'eau, l'alimentation, le vivant, la santé, l'énergie, la monnaie ne sont pas des marchandises. Ils doivent être gérés démocratiquement : le droit de propriété doit être soumis à l'intérêt général, la propriété commune protégée et les services publics développés".

Le droit de propriété (privée s'entend) n'irait donc plus de soi dans le domaine de l'air (dont on aimerait connaître les contours exacts), de l'eau (ça veut dire qu'on mettre Evian et Vittel sous contrôle de l'Etat?), de la santé (le fameux mythe de la santé gratuite défendu par tous les thuriféraires de l'industrie), de l'énergie (y compris pétrolière on imagine), du vivant (ce qui inclut la recherche biologique). 

Mais on aimerait, dans cette énumération, comprendre ce que signifie la gestion démocratique de l'alimentation. Faute de détails, on comprend qu'elle vise une nationalisation de fait de l'agriculture et de l'industrie alimentaire. Cette idée géniale a causé des millions de morts par la famine en Union soviétique dès les années 1920. Et là, tu te dis: mais combien de Français vont-ils oser pour cette dangereuse ânerie?

Un droit effectif au travail?

On lira avec intérêt une autre élucubration mélenchonienne dont on comprend les risques de soviétisation qu'elle comporte: "Constitutionnaliser et rendre effectifs les droits au travail et au logement".

On voit là encore de quoi il s'agit: une loi proclamera l'abolition du chômage et du mal logement. On anticipe ici une probable occupation forcée, sous une forme ou sous une autre, des logements vacants, et un recrutement massif de fonctionnaires. En l'état, le programme sectoriel prévoit l'interdiction des expulsions sans solution de relogement, l'interdiction des "licenciements boursiers", et divers autres amusements qui accélèreront le marasme français. Sur ces points, bien entendu, on ne perdra pas de temps à énumérer les risques concrets que les mesures démagogiques de Mélenchon porteront à l'économie du pays. Par avance, Mélenchon a la réponse: tant mieux ! Nationalisons. Ainsi la France devint le nouvel eldorado soviétique. 

Une mainmise sur la presse papier

Discrètement, Mélenchon s'intéresse également à la liberté de la presse. Officiellement pour l'aider. Mais la mesure suivante retiendra l'attention:

"Refonder les aides publiques à la presse pour les réserver aux médias d'information et mutualiser les outils de production (imprimeries, serveurs, distribution, etc.)". 

D'abord, on aimerait savoir ce qu'est un media d'information. Bizarre ! Bizarre ! Mais qui vise-t-il ainsi? La Pravda ? L'Humanité ? Ensuite, l'idée de "mutualiser les outils de production" est évidemment un faux nez grossier pour préparer la censure d'Etat, façon Guépéou ou KGB. Dès lors que tes publications ont besoin de passer par une imprimerie mutualisée (synonyme de "contrôlée par le pouvoir") ou par un serveur d'Etat, façon NSA, tu vois tout de suite où le gars veut en venir, dans sa VIè République. 

Sous couvert de lutter contre le chômage et de s'attaquer aux riches, son ambition est bien entendu de te mettre sous contrôle et de t'envoyer au goulag dès que tu la ramènes. 

Quelles sont les autres nationalisations que Mélenchon prépare?

Cet aperçu sur le programme de Mélenchon en dit déjà très long sur la soviétisation contenue dans la notion même de VIe République. Mais on trouvera ailleurs dans ses propositions des mesures qui dissipent les derniers doutes que l'on peut avoir sur les intentions totalitaires du bonhomme: "Revenir sur les programmes de privatisation (aéroports, autoroutes, parts publiques, etc.)" (...)

Rendre effectif le droit de réquisition des entreprises d'intérêt général par l'État

Là encore, on voit bien où le gars veut en venir. D'abord, on reprend les télécommunications, on nationalise Orange, on réquisitionne les gêneurs, et on remet dans le portefeuille public Air France, les aéroports, les autoroutes, etc. L'idée est ici sans équivoque: on en revient à une économie nationalisée comme dans les années 1960. Ce sera décidément très sympathique, la VIe République.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !