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Pourquoi la loi Travail représente déjà un gâchis sans impact positif sur l'économie
©Reuters

Editorial

Au fil des semaines, le gouvernement a progressivement durci le dispositif en ce qui concerne le plafonnement des indemnités prud'homales, l'encadrement des apprentis, ou les forfaits jours en faveur des PME.

Michel Garibal

Michel Garibal

Michel Garibal , journaliste, a fait une grande partie de sa carrière à la radio, sur France Inter, et dans la presse écrite, aux Échos et au Figaro Magazine.

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A travers son histoire, la France a toujours eu l'art de s'enflammer pour des chimères au lieu de s'attaquer aux problèmes de fond qui conditionnent sa survie au sein du concert des nations. Le débat sur la loi Travail illustre ce penchant désastreux qui fascine et désespère aussi nos partenaires devant le temps perdu en vaines querelles qui débouchent sur un affaiblissement de la position française sur le plan international.

Après des semaines de débats houleux qui ont mis au tapis la majorité gouvernementale, la loi Travail a franchi une première étape, celle de l'Assemblée nationale, mais dans quel état ! Le projet initial qui devait donner un peu d'oxygène aux entreprises en facilitant leurs capacités d'embaucher a été progressivement vidé de sa substance Au fil des semaines, le gouvernement a progressivement durci le dispositif en ce qui concerne le plafonnement des indemnités prud'homales, l'encadrement des apprentis, ou les forfaits jours en faveur des PME. Tout cela pour donner des gages à une gauche dont l'exaspération n'a pourtant cessé de croître parce que les concessions du pouvoir à ses revendications lui paraissaient toujours insuffisantes.

Le texte déjà méconnaissable par rapport à sa mouture originelle va maintenant subir une nouvelle correction, celle du Sénat, qui l'obligera à revenir devant l'Assemblée. On n'ose imaginer la forme définitive qu'il revêtira lorsque la loi sera promulguée. Sans compter qu'une nouvelle bataille s'engagera ensuite pour les décrets d'application. Au point que bon nombre d'observateurs sont maintenant persuadés qu'aucune véritable mesure nouvelle ne pourra être introduite avant la prochaine élection présidentielle, désormais à moins d'un an.

Dans ces conditions, il eut été préférable à tous points de vue de retirer un projet qu'on pourra enseigner plus tard dans les facultés comme le contre exemple type de la manière dont doit procéder le législateur, puisqu'il cumulait tous les défauts : ambition démesurée, conception hâtive et bâclée, absence de concertation et finalement adoption au forceps en indisposant largement le Parlement.

On reste confondu devant le bilan désastreux offert à l'opinion et l'on comprend les frustrations croissantes qu'elle ressent, qui se manifeste par de accès de violence de plus en plus fréquents. Les deux textes phares dont se vantait le gouvernement connaissent un échec piteux. La loi Macron qui devait moderniser le pays se traduit par la création de quelques lignes d'autocar : elle n'a pas réussi à déverrouiller vraiment les ouvertures de magasins le dimanche, car le pouvoir de décision a été donné aux syndicats : ainsi les Champs Elysées pourront être réservés une fois par mois aux piétons devant des magasins qui resteront fermés ! De son côté, la loi travail, dans sa version présente, encore provisoire, n'aura pas d'effet véritable sur l'économie.

Le climat délétère qui s'est installé encourage les tensions sociales, car l'opinion a le sentiment croissant que la classe politique s'enferme dans des querelles stériles aux antipodes des préoccupations quotidiennes. Et rien ne lui est plus insupportable que d'entendre répéter à longueur de journée que la France va mieux, alors qu'elle a le sentiment au contraire que la situation se dégrade. Ce n'est pas une statistique isolée d'amélioration du chômage, ou un dixième de point de croissance en plus qui va changer son opinion. D'autant que les économistes lui rappellent que deux grands problèmes de fond demeurent : le pays continue de s'endetter, au détriment des générations futures et les cadeaux préélectoraux du pouvoir profitent surtout aux importations étrangères, en raison de la désindustrialisation du pays qui se poursuit et à laquelle on n'apporte aucun remède.

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