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Pierre Gattaz ne veut pas rester à la présidence du Medef
©Reuters

L'Édito de Jean-Marc Sylvestre

Pierre Gattaz l'a annoncé aux membres du comité statutaire mardi après-midi. Ce dernier souhaite limiter la durée du mandat à 5 ans et non renouvelable. Gattaz compte bien se l’appliquer à lui-même, ce qui le fera partir de la présidence avant la prochaine campagne présidentielle.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Ce n’était pas prévu ni prévisible et tous les dirigeants du Medef ont été surpris par cette décision. Le mandat du président était de 5 ans, renouvelable pour une durée de 3 ans. Cette décision de limiter à 8 années pleines avait été prise au moment où Laurence Parisot voulait renouveler son mandat au-delà des 8 ans. Ce qui avait été rejeté avec violence.

Pierre Gattaz veut donc écourter tout cela et, plus impactant, il veut aussi modifier les statuts pour obliger les membres permanents à être des chefs d’entreprise aux mandats limités. Finis les apparatchiks, autant dire que ça grogne.

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Le Medef est un repaire d’anciens chefs d’entreprise en semi-retraite et de technocrates du patronat. Par ailleurs, le Medef n’a pas préparé de successeurs. Pour Gattaz ça n’a pas d’importance ça permettra à des gens neufs de sortir du rang.

Le président a donné assez peu d’explications, sauf que l’on savait qu’il ne voulait en aucun cas s’accrocher à la fonction. Les experts de la chose patronale y voient trois raisons.

La première raison, c’est qu’il n’a jamais été question de s’envisager comme un patron des patrons qui en aurait fait son métier. Au contraire il veut bousculer l’organisation et faire en sorte qu'elle soit plus en prise avec le monde réel.

Deuxième raison, Pierre Gattaz veut rejoindre l’entreprise familiale Radial. Le rôle d’un chef d’entreprise est de faire marcher son entreprise. Radial marche bien mais elle ne marche pas toute seule. Il lui faut un chef. Et le chef c’est lui.

Troisième raison, Pierre Gattaz ne veut pas être au Medef au moment de la prochaine campagne présidentielle. Trop compliqué, d’autant que la prochaine campagne sera décisive et que beaucoup de patrons rejoignent sans le dire évidemment les rangs de Marine Le Pen ou alors lui envoient des forces d’appoints techniques. Pierre Gattaz ne veut pas être mêlé à ce type de compromis. 

Il faut, là-encore, du sang neuf pour que les jeunes patrons puissent s’exprimer. Il y a, en France, plusieurs écoles de formation à l’organisation patronale qui possèdent des futurs dirigeants. Il veut donc rajeunir et renouveler. Il veut puiser parmi des vrais chefs d’entreprise et non des techno, puiser dans les fédérations professionnelles, puiser à Croissance Plus ou au CJD, à la CGPME ou à l’AFEP.

L’idée de Pierre Gattaz est évidemment très mal accueillie par l’appareil central  du Medef mais assez bien par la base du patronat. A partir de ce constat, les plus cyniques ou les plus démoniques en viennent à penser qu’au mieux Pierre Gattaz a trouvé une sortie qui lui vaudra beaucoup de soutiens et les soutiens ça donne envie de rester.

Du coup, il aurait découvert le moyen d’une nouvelle légitimité pour rester au siège du patronat ou les candidats de qualité et disponibles ne sont pas si nombreux. En attendant, l’idée de renouveler le personnel n’est pas une mauvaise idée. 

La classe politique pourrait s’en inspirer. Pour certains, la politique est un vrai métier. Il nécessite des experts. Pour les patrons, c’est bien le problème de la politique. Trop d’experts tuent l’expertise. Pierre Gattaz en aura tiré les leçons.

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