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Non Emmanuel Macron, le symbole de notre temps ce n'est pas le migrant ! C'est le chômeur !
©Reuters

Lyrisme de pacotille

Le Président de la République aime planer sur les hauteurs. Il ne veut pas descendre sur terre car c'est salissant.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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L'autre jour, à la tribune des Nations Unies, Macron a prononcé un discours lyrique qui lui a valu bien des applaudissements. Il a, avec émotion, vanté les mérites du multiculturalisme. Une envolée remarquée et soulignée par la presse française. Un engouement inutile. Car le multiculturalisme c'est pour Macron, une tarte à la crème. Il en parle à tout bout de champ un peu comme les moines tibétains agitant compulsivement leurs moulins à prières.

Cette dégoulinante bondieusarde a noyé une autre phrase – plus importante- de M. Macron. Il a dit : "Le migrant est le symbole de notre temps". Un migrant c'est touchant, c'est émouvant, c'est malheureux et, depuis la photo du petit Aylan, ça fait pleurer les âmes sensibles. D'autant plus facilement qu'un migrant c'est lointain. Quelque part sur les côtes libyennes… Ou en Méditerranée sur une embarcation naufragée. 

M. Macron sait ce qu'il dit et pourquoi il le dit. Il est conscient que ça peut rapporter gros dans une paroisse, la sienne, nommée le Boboland. Mais, dans le même souffle il fait virer le migrant quand il s'entasse à Calais ou boulevard de la Chapelle. Car le migrant doit absolument rester un symbole, rien qu'un symbole. 

Si Macron n'avait pas laissé dessécher son cœur dans une banque, à l'Elysée puis à Bercy, il saurait que le symbole de notre temps ce, n'est pas le migrant, mais le chômeur. Il y en a plus de six millions. Six millions! Beaucoup plus que de migrants en détresse. Ce sont nos chômeurs. Et aussi les chômeurs d'Emmanuel Macron. 

Le Président de la République sait-il ce que c'est qu'une chômeuse qui avec un bon de 50 euros accordé par le comité d'aide sociale d'une mairie va s'acheter de quoi manger dans un supermarché bas de gamme ? Comprend-il ce que ressent un chômeur en fin de droit qui a basculé dans le RSA ? Il pourrait aller les voir non ? On peut en trouver à quelques kilomètres de l'Elysée. C'est moins loin que Lampedusa…

Mais ça c'est exclu. Car un chômeur ou une chômeuse, ce n'est pas très glamour. Peut-être même qu'ils ne sont pas jolis. Peut-être aussi qu'ils ne sentent pas bon. Et que leur souffrance les rend agressifs. C'est pourquoi les six millions d'hommes et de femmes qui crèvent d'avoir été effacés de la terre ne sont rien. Et c'est pourquoi le migrant est tout.  

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