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Netflix, super star de la vidéo avec plus de 200 millions d’abonnés, mais Salto l’ambition française rate son démarrage... Cherchez l’erreur !
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Netflix arrive grand gagnant de la crise du covid ... avec Amazon , Disney ou Apple TV , ces plateformes VOD règnent désormais sur toute la planète. Mais Salto , le projet français , parrainée par France télévision , TF1 , et M6 pour résister aux americains a beaucoup de mal à démarrer.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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L’année 2020 a été exceptionnelle pour les plateformes de distribution de vidéos payantes,  les fameuse SVOD , mais par pour toutes. Netflix arrive désormais en tête de ce marché avec plus de 200 millions d’abonnés ( 203, 7 très exactement), Disney-plus a séduit plus de 73 millions d’abonnés depuis son lancement en novembre 2019 et sa part de marché a fait un bon avec le lancement l’an dernier du service streaming sur beaucoup de marchés européens qui a correspondu avec le grand confinement de printemps ( France ,Belgique et pays nordiques ) mais aussi au Japon .  Les autres marques d’origine américaine , Amazon TV et Apple TV  ont réussi elles aussi à s’installer et à profiter de cette disponibilité forcée du consommateur-spectateur .

La grande déception c’est la contre-performance réalisée par Salto. Voulue par France-Télévision avec la participation un peu contrainte de TF1 et de M6 , Salto avait l’ambition de contenir l’assaut de Netflix , et de défendre « la culture française ». Salto  a un peu raté son démarrage.  Les chiffres d’abonnés  n’ont pas été officiellement publiés , les dirigeants et notamment ceux de France télévision parlent de 200 000 abonnés recrutés à fin décembre.  Pour les spécialistes du secteur ,  ce chiffre doit compter les abonnés payants  à prix promotionnel , avec en plus tous ceux qui ont pris un mois gratuit. Puis les personnels des trois groupes fondateurs ( France télévision , TF1 et M6 ) qui ont eux aussi eu droit à un abonnement. 

Bref Salto  ne peut  pas ,après 3 mois d’existence , avoir recruté 200 000 vrais  abonnés payants . On parle de 60 000 et encore au plus bas prix . 

Netflix n’a donc pas de souci à se faire. Cette concurrence trop fière d’être tricolore se révèle assez peu désirable au téléspectateur.

Netflix restera dans l’histoire de la télévision et de l’internet comme un cas d’école . Cette petite société californienne était il y a encore 25 ans  un loueur de DVD aux particuliers . Un quart de siècle plus tard , Netflix est numéro 1 mondial pour la ventes de vidéos à la demande via internet .  Et loin devant tous les autres qui se sont lancés à sa poursuite. 

Netflix compte désormais plus de 200 millions d’abonnés payants  qui ont acheté pour un prix mensuel allant de 7 ,99 à 15,99 euros selon le nombre d’écrans , un accès illimité à des milliers d’heures de séries , de films , de documentaires , de dessins animés ou d’émissions les plus diverses ... y compris des productions nationales pour satisfaire au plus près les marchés locaux. Y compris des séries inédites produites en France mais réservées à Netflix en première diffusion .En France, le catalogue offre plus de 4500 programmes différents. 

L’ année 2020, a été une année exceptionnelle puisque personne ne savait au départ la gravité de la pandémie . D’autre part,  les concurrents avec d’énormes moyens arrivaient sur le marché de la VOD . Dont Amazon , AppleTV , et Disney. 

Et les nouveaux ont frappé fort puisque Amazon a présenté la série "the boys" et annoncé la série  adaptée du "seigneur des anneaux ». Quant à Disney , il a débarqué sur le marché mondial avec son catalogue . Ce trio de nouveaux venus a conquis près de 150 millions d’abonnés, mais il en aurait fallu plus pour inquiéter les dirigeants de Netflix.  Du coup , le PDG Reed Hasting s’est offert le luxe de présenter ses vœux en se félicitant de cette concurrence  en expliquant que cette pression allait stimuler la créativité

Pour Netflix , le secret de la réussite réside en effet dans la capacité de produire des œuvres originales fortes et de les distribuer en exclusivité . Et netflix se retrouve sur le même logiciel que Disney mais avec beaucoup  d’avance dans la pratique du streaming . 

C’est la raison pour laquelle Netflix a créé ses propres studios à Hollywood et produit des séries qui sont très rapidement devenues d’énormes succès comme aujourd’hui "le jeu de la dame" ou "la série Lupin" avec l'acteur français Omar Sy

En 2020 , Netflix a investi plus de 14 Milliards d’euros soit autant que sa dette qui inquiétait tous les boursiers jusqu’au mois de décembre , moment où les analystes ont appris que le chiffre d’affaires dépassait les 25 Milliards d’euros . Ce jour-là , Netflix est devenu une star à la bourse . Avec 25 milliards de chiffre d’affaire, Netflix dégageait enfin ce qu’il fallait pour assumer son endettement de 15 milliards et financer  les 14 milliards d ‘investissements dans l’inédit. Parce que dans ce métier tout monde a compris que le nerf de la guerre était la production de séries et de films inédits . La richesse de la production attire l’abonné qui paie la production.  

Cette équation va désormais permettre à Netflix d’affronter les studios de cinéma qui se sont mis,  eux aussi à produire pour le Streaming vidéo mais à leur propre compte . « Game of Thrones »  produit par la Warner bros et distribué par HbO  a connu depuis mai de l'année dernière,  un succès mondial. La Paramount de son côté a décidé de récupérer  la distribution de certains fleurons tels que le Parrain ou de Star Trek , plutôt que les laisser a Netflix . 

Après la course aux abonnés , les grands du secteur vont se battre sur la qualité des offres , mais on sait que Netflix a désormais sécurisé les moyens de produire ce dont le marché avait besoin. 

Salto, tout petit acteur local aura peu de chance dans ces conditions de réussir son lancement. Ignorer les contraintes relève de l’arrogance bien française .  L’idée de départ était très politique puisqu’il s’ agissait de sécuriser des débouchés nationaux aux productions nationales. Les architectes du projet ont péché par cynisme ou pas naïveté. Fin décembre , les analystes les plus fins du secteur évaluent à 60 000 le nombre d’abonnés réellement payant sur la plateforme et encore à un prix relativement bas 6, 99 Euros. ( plus bas que le prix le plus bas de Netflix ) .

La réalité des affaires s’est imposée.  Ça n’est pas en réunissant autour d’une même table , France -télévision , TF1 et M6, c’est à dire des concurrents qui ont déjà leurs propres réseaux de distributions que Salto pouvait séduire des abonnés par millions

Salto promet maintenant d‘augmenter les heures de programme , mais on ne voit pas pourquoi les spectateurs viendraient, acheter un programme qu’ ils peuvent déjà voir en replay sur la chaine d’origine. C’est d’autant plus difficile que Salto n ‘a pas réussi à signer des accords de distributions avec les opérateurs de télécommunication internet en dehors de Bouygues Telecom . 

Et quand les dirigeants de Salto annoncent ces jours derniers, qu' ils vont mettre le paquet sur des productions inédites , encore faudrait-il que Salto en ait les moyens , parce qu' on voit mal les partenaires contribuer à financer des productions pour Salto alors que chacun essaie d’enrichir son propre catalogue 

L’acte de naissance de Salto et son ADN l’empêcheront toujours de développer une offre originale et forte. Aucun des partenaires n’a pour l’instant intérêt à faciliter la vie d’un concurrent potentiel . Au contraire , chacun a intérêt à garder la marge pour lui , puisque ‘il dispose , grâce au replay et grâce à ses propres bouquets des mêmes circuits de distribution . 

En  attendant Netflix n’a rien à craindre ... les producteurs français ne se priveront pas de lui apporter leur œuvres . Ce qu’ils font déjà abondamment aujourd hui . Netflix restera un cas d’école . Mais Salto aussi 

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