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Macronphiles ou macronphobes : ces candidats à la primaire de droite qui ont changé d’avis sur le ministre de l’économie depuis qu’il s’est mis "En Marche !"
©Reuters

Concurrence déloyale

Après l'avoir invité à les rejoindre, les leaders de droite ont changé de ton depuis qu'Emmanuel Macron laisse entendre qu'il pourrait se présenter en 2017. La présence d'un nouveau concurrent sur la ligne de départ ne plaît pas à tout le monde et pourrait rebattre les cartes à droite.

Christelle Bertrand

Christelle Bertrand

Christelle Bertrand, journaliste politique à Atlantico, suit la vie politique française depuis 1999 pour le quotidien France-Soir, puis pour le magazine VSD, participant à de nombreux déplacements avec Nicolas Sarkozy, Alain Juppé, François Hollande, François Bayrou ou encore Ségolène Royal.

Son dernier livre, Chronique d'une revanche annoncéeraconte de quelle manière Nicolas Sarkozy prépare son retour depuis 2012 (Editions Du Moment, 2014).

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La charge est violente. Elle sort de la bouche d'un candidat à la primaire de la droite et du centre : "Ce qu'il s'est passé avec Paris-Match est extrêmement parlant, ça n'est pas une simple anecdote, ça en dit long sur son caractère". La cible : Emmanuel Macron. Le 14 avril, le célèbre magazine people affiche sa nouvelle couverture : le ministre de l'Economie et son épouse gravissent ensemble les marches de l'Elysée. En page intérieure, Brigitte Trogneux raconte son histoire d'amour. "L'écriture nous réunissait chaque vendredi et a déclenché une incroyable proximité". Jusqu'au jour où Emmanuel Macron, 17 ans, lui lance : "Quoi que vous fassiez, je vous épouserai !".

A quelques heures de la grande interview que François Hollande s'apprête à accorder à France 2, cette Une barrée du titre Ensemble sur la route du pouvoir, fait jaser et le ministre rétropédale : "Mon épouse à laquelle je tiens beaucoup a parlé à une journaliste de Paris Match. Mon épouse, elle ne connaît pas le système médiatique. Elle le regrette d'ailleurs profondément. C'est une bêtise, une bêtise qu'on a faite ensemble", s'excuse-t-il.

Mais pour ce candidat à la primaire de la droite et du centre, aucune excuse valable, bien au contraire : "Macron n'est même pas capable d'assumer une décision qu'il a prise lui-même et charge la personne qui lui est la plus chère, sa femme !". Voilà le locataire de Bercy rhabillé pour l'hiver. Mais pourquoi une telle violence ? Sans doute parce que la candidature du natif d'Amiens n'arrange pas tout le monde à droite. Alain Juppé, qui prend habituellement garde à ne pas critiquer ses adversaires, se moquait lui aussi récemment : "Moi, si j'étais ministre de l'Économie aujourd'hui, je passerais 100% de mon temps à m'occuper de l'économie française et pas de ma future carrière politique". Réagissant à la phrase d'Emmanuel Macron ("la gauche aujourd'hui ne me satisfait pas"), le maire de Bordeaux avait aussi ironisé : "Je me demande ce qui le satisfait aujourd'hui".

Quant à François Bayrou, le 12 avril sur Public Sénat,  il soulignait : "Ce qu'il manque dans tout cela, c'est le projet de société. L'absence de fond et de projet construit est pour moi une interrogation. Le sentiment qu'il n'y aurait que l'économie et que l'économie financière qu'il faudrait servir (...) - cette petite musique qu'on entend, il suffit de voir les soutiens - pour moi, cela ne correspond pas à ce que j'attends. J'ai bien regardé ces derniers temps les lois proposées par M. Macron, je ne peux pas dire que je ressente qu'il y ait eu ces derniers mois des changements profonds sur la manière dont le pays est organisé".

Lundi soir, Jean-François Copé, devant un petit groupe de journalistes, attaquait lui aussi le ministre : "Macron et Nuit Debout sont les deux infinis d'un même ras-le-bol…" L'ancien patron de l'UMP se dit aussi choqué par l'attitude de Macron envers le président de la République : "Ethiquement, ça me choque énormément. Ce n'est pas convenable".

Mais pourquoi tant de haine alors que certains estimaient, il y a peu, que le ministre pourrait tout à fait rejoindre les rangs de la droite ? Qu'il en partageait les valeurs, la vision... Les prémices d'une candidature semblent avoir fait changer de ton la droite car, par ses positions iconoclastes, Emmanuel Macron marche sur les plates-bandes de certains comme Alain Juppé ou François Bayrou qui, si le ministre était candidat, pourraient se voir grignoter quelques part de marché. Et devraient sans doute droitiser leur discours afin d'éviter d'avoir à rivaliser avec le jeune ministre. Quant à Jean-François Copé, son problème est la conséquence directe de ce désaxage. En se droitisant, un Juppé viendrait alors marcher sur ses plates-bandes. Bref, la perspective d'une candidature Macron gêne tout le monde, à droite comme à gauche. Des vieux gaullistes modérés à la droite décomplexée car, par son optimisme, son enthousiasme et son charisme, il séduit les électeurs de droite comme de gauche.

Il n'y en a qu'un que cette candidature arrangerait bien, c'est Bruno Le Maire et il l'avoue presque ouvertement en s'adressant directement au locataire de Bercy : "J'ai envie de lui dire : 'Lancez-vous vraiment dans le grand bain, affrontez tout de suite François Hollande!'". Quelques jours plus tard, le candidat à la primaire annonçait même le programme, version prédiction créatrice : "Macron va se présenter. Il quittera le gouvernement en juin". En effet, la candidature d'Emmanuel Macron permettrait à Bruno Le Maire de faire taire les critiques sur sa propre jeunesse et son manque d'expérience. Que dire alors de celui qui n'a jamais été ni maire ni député et n'est même pas encarté au Parti socialiste ? Le député de l'Eure est bien le seul à avoir tout à gagner à une candidature Macron. 

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