LR : l’absence de stratégie comme stratégie pour les élections régionales<!-- --> | Atlantico.fr
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Les Républicains entrent dans la campagne des régionales avec une stratégie peu convainquante.
Les Républicains entrent dans la campagne des régionales avec une stratégie peu convainquante.
©Sebastien SALOM-GOMIS / AFP

Ambitions limitées

Le calcul qui anime les caciques des Républicains est le contraire d’une stratégie. Il s’agit de s’en remettre à la chance : profiter du probable effondrement de LREM lors des élections régionales, être en mesure de présenter un candidat aux élections présidentielles qui obtienne un score à deux chiffres, pour monnayer un soutien à Emmanuel Macron au second tour.

Edouard Husson

Edouard Husson

Universitaire, Edouard Husson a dirigé ESCP Europe Business School de 2012 à 2014 puis a été vice-président de l’Université Paris Sciences & Lettres (PSL). Il est actuellement professeur à l’Institut Franco-Allemand d’Etudes Européennes (à l’Université de Cergy-Pontoise). Spécialiste de l’histoire de l’Allemagne et de l’Europe, il travaille en particulier sur la modernisation politique des sociétés depuis la Révolution française. Il est l’auteur d’ouvrages et de nombreux articles sur l’histoire de l’Allemagne depuis la Révolution française, l’histoire des mondialisations, l’histoire de la monnaie, l’histoire du nazisme et des autres violences de masse au XXème siècle  ou l’histoire des relations internationales et des conflits contemporains. Il écrit en ce moment une biographie de Benjamin Disraëli. 

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Survivre régionalement

C’est dit une fois pour toutes, jusqu’à la prochaine fois. Les Républicains ne vont pas avoir d’accord avec LREM pour les élections régionales. Sauf éventuellement au second tour, s’il faut affronter le Rassemblement National.  A LR on a tiré les leçons des municipales, où les alliances avec la majorité présidentielle n’ont pas rapporté. Du coup, cette fois, on y va avec un seul objectif en tête, obtenir la reconduction des présidents sortants, qu’ils soient encore formellement membres de LR (Renaud Muselier, Laurent Wauquiez) ou non (Valérie Pécresse, Xavier Bertrand). Et on verra bien au soir du premier tour. Les Républicains se disent que le contraste entre l’apparente résistance du président de la République dans les sondages et la faiblesse de son propre parti est telle qu’il y a des occasions à exploiter. En fait, LR veut, comme le Parti socialiste, il y a quelques années, renforcer son enracinement local et survivre, au besoin en renonçant à toute ambition de victoire nationale. 

Accompagner la difficile réélection d’Emmanuel Macron

En réalité, le calcul qui anime Christian Jacob, Gérard Larcher et les autres caciques du parti est le contraire d’une stratégie. Il s’agit de s’en remettre à la chance - profiter du probable effondrement de LREM lors des élections régionales, être en mesure de présenter un candidat aux élections présidentielles qui obtienne un score à deux chiffres, pour monnayer un soutien à Emmanuel Macron au second tour. Et puis, qui sait? Si Emmanuel Macron ne se représentait pas ou n’arrivait pas à franchir la barre, LR ne serrait-il pas en position de force pour ramasser l’héritage du macronisme, qui aurait fini sa trajectoire à droite? Mais, dans le cas le plus probable, on ne le dit pas, il s’agira de devenir le soutien indispensable d’un président réélu sur le « en même temps ». Voire de mettre en place une majorité de cohabitation qui ne dirait pas son nom lors des élections législatives. 

Le fatalisme comme ligne de conduite

L’absence de stratégie comme stratégie. LR renonce à exister comme force politique au profil affirmé. Au besoin, on fera sortir les membres du parti les plus à droite quand il le faudra. Mais, surtout, ne nous parlez plus d’alliance à droite, ni du « ni alliance à droite ni front républicain » de Wauquiez. LR est définitivement enfermé dans le cadre qui fut autrefois dessiné par François Mitterrand avec la complicité de Jacques Chirac: abandonner toute politique de droite au Front/Rassemblement National, gouverner au centre. Nicolas Sarkozy avait bien imaginé autre chose - reconquérir l’électorat de droite grâce à un argumentaire qui soit vraiment de droite - mais il n’a pas été réélu. Et, depuis lors, l’UMP devenue Les Républicains ne cesse décliner, s’abandonnant au hasard des « divines surprises » - comme Chirac un certain 21 avril 2002. Les Républicains furent un temps les héritiers du gaullisme; à présent, ils font le contraire du gaullisme puisqu’ils cultivent le contraire du gaullisme: le fatalisme. 

La fin des alternances politiques

L’absence d’opposition comme moyen de revenir au pouvoir. Grand désordre du mouvement des Gilets Jaunes, fiasco de la réforme des retraites, catastrophique gouvernement de la crise du COVID 19 et crise économique majeure, renforcement de la menace islamiste: LR, à chaque fois, refuse d’emprunter le boulevard qui s’ouvre devant le parti.  Sur chacun des sujets que nous venons d’énumérer, les responsables du parti ont pensé qu’il n’y avait que des coups à prendre à exploiter la situation contre le gouvernement. Et puis, regardez ce qui se passe en Italie. Mario Draghi fait du « super-Macron ». L’avenir du pays n’est-il pas dans l’entrée de pratiquement tous les partis au gouvernement, en coupant l’omelette aux deux bouts, dans une logique de la « Troisième Force » encore plus poussée que sous la Quatrième République.  Si même Matteo Salvini entre dans le gouvernement de Draghi....L’avenir de l’Europe n’est-il pas dans le gouvernement au centre en fonctionnant non plus par alternances politiques mais par intégrations successives d’éléments plus à droite ou plus à gauche? C’est le modèle Merkel poussé au bout de sa logique. Appliqué à la France, on laissera subsister des forces de droite et de gauche incapables de se coaliser et ne représentant pas plus, additionnées, qu’un tiers des votants. Et l’on accompagnera à coups de « en même temps » les soubresauts que crée la substitution du gouvernement international des experts au débat démocratique national. 

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