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Les patrons demandent au gouvernement de décréter l’état d’urgence économique
©Reuters

L'Edito de Jean-Marc Sylvestre

Après Pierre Gattaz qui mettait en garde contre le risque que représente le Front national, c’est la CGPME qui demande au gouvernement de décréter un état d’urgence économique.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Les patrons ont une explication très simple et assez convaincante de la montée du Front national : "les Français veulent de la sécurité et du boulot. La sécurité, François Hollande a enfin su la restaurer en puisant dans les mesures proposées par le FN. Quant au boulot, tout ce qui a été tenté par le gouvernement a échoué et l’opposition de droite n’a pas de plan B évident. Donc tournons-nous vers le Front national".

Les chefs d’entreprise se cachent de moins en moins pour dénoncer l’échec de la gouvernance Hollande et l’incapacité de l’opposition de droite à proposer un plan de redressement d’ensemble. Sur le marché politique, il n'y a ni vision, ni plan de charge, ni stratégie de changement.

Le problème pour les chefs d’entreprise, c’est qu’ils ne croient pas dans la faisabilité d’une solution globale qui serait signée du FN. La plupart des propositions sont inapplicables, donc elles ne seront pas appliquées et le Front national sera obligé de trahir ses engagements. Le FN promet des réformes qu’ils ne pourront pas tenir. Exactement ce qui c’est passé en Grèce où le parti d’Alexis Tsipras a été obligé de  vendre à ses électeurs un virage à 180°. C’est donc la promesse d’un désordre ingérable.

Tout comme le Medef de Pierre Gattaz, la CGPME que préside François Asselin a accusé hier soir le gouvernement d’être à l’origine de cette poussée de l’extrême droite dans la mesure où la situation économique est catastrophique, avec un chômage qui continue de grimper et une croissance qui pique du nez.

En fait, la France aurait toutes les raisons de profiter de la reprise qui touche la majorité des pays occidentaux. L’euro est déprécié, les taux d’intérêt sont historiquement bas et le prix de l’énergie importée (pétrole et gaz) est à un niveau ultra-compétitif. Pour couronner cette alignement très favorable des planètes, on a une BCE qui, jour après jour, déverse des tombereaux de liquidités sur l’économie européenne.

Tous les pays européens ont profité de cette conjoncture, y compris l’Espagne et l’Italie. Tous les pays sauf la France où l’INSEE s’apprête à réviser à la baisse les prévisions de croissance pour 2016 et 2017. La situation de l’emploi ne peut pas s’améliorer.

Mario Draghi, le président de la BCE a donné  la semaine dernière son explication en forme de mise en garde qui s’adressait évidemment et d’abord à la France : "la BCE fait son travail pour apporter les moyens de réanimer l’activité mais la seule politique monétaire ne peut suffire. En clair, la BCE ne peut pas faire le travail des gouvernements qui serait d’adapter les structures économiques et sociales".

Et pour le patronat, c’est bien parce que les gouvernements successifs n’ont pas fait le travail de remise aux normes de la modernité que les moteurs cafouillent. D’où l’appel à prendre "des mesures énergiques et courageuses" pour sortir de cette paralysie.

Le Medef, comme la CGPME, ne sont pas seulement préoccupés par la montée du populisme. Ils savent que les très grosses entreprises sont tentées de déménager : pas seulement les outils de production, mais aussi les organes dirigeants. Ils savent que les très petites entreprises, et les artisans épuisés par la fiscalité et par les charges sociales sont attirés par le Front national comme des papillons de nuit, le sont par la lumière.

Politiquement , l’appel des chefs d’entreprise n’est pas neutre . Il s’adresse aussi bien à la droite qu’à la gauche. A la droite parce qu'elle doit fabriquer un programme qui tienne la route. A la gauche parce que le gouvernement n’a pas d’autres solutions que de décréter un état d’urgence économique.

Ce qui correspond en gros à l’ambition de François Hollande. Il n’a plus aucune raison politique de ne pas accélérer son virage économique négocié par Manuel Valls avec un Macron qui serait le pied au plancher pour défendre une logique pro business.

C’est un peu la prévision des chefs d’entreprise qui ne paniquent pas devant une situation qui n’est pas stabilisée et qui doit obliger le gouvernement à réagir en janvier. Le Parti socialiste a essuyé un grave échec, mais le courant social-démocrate-économie de marché, défendu par Manuel Valls n'a jamais eu autant de visibilité et de vents porteurs. 

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