Les exigences du Royaume-Uni pour rester dans l’Union dessinent une Europe à deux vitesses <!-- --> | Atlantico.fr
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David Cameron, le Premier ministre britannique.
David Cameron, le Premier ministre britannique.
©Reuters

L'Edito de Jean-Marc Sylvestre

Le gouvernement britannique a commencé à donner, hier, à ses partenaires européens, une liste de conditions et de réformes qu'il sera nécessaire de mettre en œuvre pour rester dans l’Union européenne.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

Il est aussi l'auteur du blog http://www.jeanmarc-sylvestre.com/.

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C’est le ministre britannique des Finances qui, à Berlin, a détaillé les demandes de réformes à la Commission pour rester dans l’union européenne. David Cameron va les renvoyer dans un document écrit à ses partenaires, la semaine prochaine.

D’abord, le gouvernement britannique a arrondi ses exigences. Les ministres se révèlent beaucoup plus conciliants que l’année dernière lors de la menace d’un référendum immédiat. Ce n’est plus oui ou non à l’Europe telle qu'elle est aujourd'hui. c’est oui à une Europe qui fonctionnerait différemment.

En gros, les Anglais refusent l’évolution inscrite dans les traités vers plus de fédéralisme parce que l’Europe actuelle est déjà difficile à gouverner, les Anglais pensent qu'elle serait complètement paralysée si elle était encore plus solidaire.

En fait, la Grande-Bretagne réclame une Europe à deux vitesses. La plupart des demandes de réformes visent à sanctuariser dans les textes le statut de membre distinct qui est déjà celui de la Grande-Bretagne et notamment  sur l'euro ou sur l'espace sans frontières de Schengen.

George Osborne, le ministre des Finances, a  répété mardi que le droit à une monnaie nationale devait être ancré dans les traités européens. C’est la première  condition pour rester dans l'UE. Sur ce point, il n'y a rien de nouveau par rapport à la situation actuelle sauf le rappel solennel de l’exception britannique.

Londres réclame également que soit oubliée l'expression "Union toujours plus étroite" figurant en préambule des traités européens. Là encore, on est dans la communication politique. A Bruxelles, on joue le jeu. On dit que les exigences britanniques seront difficiles à négocier mais c’est pour donner de l’importance à leurs auteurs, parce que dans le fond , les Anglais ne proposent pas de changements fondamentaux.

La seule chose, c’est que la tractation ouvre la voie à une Europe à plusieurs vitesses.  Un noyau dur composé des trois grands pays fondateurs : l'Allemagne, la France et la Grande-Bretagne, qui sont les trois pays disposant de ressources financières importantes et surtout, pour les deux derniers, d’une force militaire considérable.

Et puis, autour de ce noyau dur graviteraient des cercles de pays européens différents. Un peu comme des anneaux de Saturne. Une Europe du Sud, une Europe des nouveaux pays de l’Est, dont les compétences, les obligations, et les droits, seront différents.

A partir du moment où l'on refuse l’évolution vers plus de fédéralisme, cela signifie aussi que l’on renonce à rêver à l’harmonisation de la grande Europe. L’Angleterre protège sa spécificité mais elle donne le droit à d’autres pays de faire valoir sa propre identité.

Au total, il resterait une Europe marchande qui s’éloignera de l’Europe politique qui avait été rêvée par les fondateurs.

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