Les deux scénarios catastrophes qui vont entrainer la Grèce dans le chaos<!-- --> | Atlantico.fr
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Alexis Tsipras a échoué et son projet de référendum est sa dernière carte.
Alexis Tsipras a échoué et son projet de référendum est sa dernière carte.
©Reuters

L'Edito de Jean-Marc Sylvestre

Alexis Tsipras a échoué et son projet de référendum est sa dernière carte. Comme au poker, il aura conduit la Grèce à la faillite en racontant des histoires à ses électeurs. Que le Grèce reste dans l’euro ou en sorte. Le gouvernement grec est condamné.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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A quelques jours de la fin du film sur la Grèce, Alexis Tsipras sait qu'il est fini. Il a échoué. Il a préféré être fidèle à son premier cercle d’amis plutôt qu’à la Grèce en essayant de la sauver du chaos. Otage des hommes de Syriza, il a fini par jouer la politique du pire. Alexis Tsipras et ses amis ont été élus avec un bouquet de promesses qu’ils n’ont pas pu réaliser. Ils avaient promis moins de dettes, plus d’activité, plus d’investissements : c’est raté.

Alexis Tsipras a échoué parce qu’il pensait faire plier et payer les Européens. Il pensait "en homme  politique". Il avait fait de la situation une analyse politique des rapports de force et il pensait que ces rapports de force étaient en sa faveur. Il s’est trompé. Les Européens font de la politique mais ils ont eux aussi des mandats politiques à respecter. Ces mandats sont faits de contraintes techniques, juridiques et financieres. Alexis Tsipras et ses amis ont complètement sous-estimé le fait que les Européens aussi ne pouvaient pas bouger plus qu'ils ne l’ont fait.

Fort de cette analyse politique, il vient de jouer à fond sa dernière carte, celle du référendum. De plus, il commet cette incongruité de recommander le vote du "non". Cette dernière partie de poker  est incompréhensible. Il remet les clés du pouvoir au peuple alors que le peuple l’a porté au pouvoir à une très forte majorité,  il y a trois mois.

Pour beaucoup d’observateurs, ce référendum va soit suicider le gouvernement, soit tuer l’économie  grecque  et les ruiner. Les deux scenarios sont catastrophiques.

Le premier scénario suppose très logiquement que le "non" au programme de redressement et à l’euro l’emporte. Dans ce cas, la Grèce est mise en situation de défaut de paiement du FMI, de la Commission et des Etats. 

La BCE ne pourra plus, juridiquement, perfuser les banques grecques et leur apporter de la monnaie. Les banques seront mises en faillite automatiquement le lundi 6 juillet. Si les banques sont en faillites, les entreprises ne seront plus alimentées, l’Etat ne pourra plus payer ses fonctionnaires et ses retraites. La Grèce sera sortie de la zone euro.

Il lui faudra reconstituer son système monétaire. Mais comme Alexis Tsipras, élu sur un tel scénario de rupture n’y croyait pas, il n’avait rien préparé. La Grèce va sombrer dans une sorte de chaos avec des risques de contagion que personne ne sait évaluer. La plupart des pays de la zone euro se sont préparés à l’abandon des dettes et à la perte que cela représente. Pour la France, environ 50 milliards d’euros. Mais la plupart ont éliminé les liens avec la Grèce. 

Le deuxième scenario pourrait s’écrire à partir d’une majorité de "oui" à l’Europe, oui au programme, oui à l’euro. Beaucoup veulent croire que le peuple grec va finir par choisir l’euro. D’autant que la Commission de Bruxelles, mandatée par les 18 chefs d’Etat et de gouvernement de la zone euro, va faire campagne auprès des Grecs eux-mêmes pour leur montrer qu’ils ont été trompés par leurs dirigeants, parce que les membres de la zone euro ont adhéré à la plupart des demandes grecques.

Le président Juncker reconnait que l’Europe a fait des erreurs dans la gestion de cette crise. Il indique que le protocole d’accord inclut une révision du montant des dettes avec un projet d’annulation.  Il mentionne la nécessité de soutenir le modèle économique, mais il indique aussi que la Grèce ne peut pas se soustraire aux obligations fiscales.

Ajoutons à cela qu'à Bruxelles, on reconnait aussi que le rôle du FMI a perturbé les négociations et qu’il faudra évidemment que le FMI sorte. Si les Grecs acceptent les propositions des créanciers, ce serait un camouflet terrible pour Tsipras.

Dans ce cas-là, les négociations reprendraient immédiatement, la BCE ferait ouvrir les banques, mais on ne voit pas comment Tsipras pourrait continuer à diriger l’orchestre grec.

Si le référendum accouchait d’un oui à l’euro, on peut même penser que les créanciers pourraient faire un pas supplémentaires sur le haircut, c’est-à-dire la part des dettes  qu'ils pourraient oublier. Pour Tsipras c’est une catastrophe. Il le sait. Il a dit hier après-midi que dans ce cas, il faudrait organiser un nouveau gouvernement d’union nationale dont les gens de Syriza seraient exclus. 

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