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Les deux erreurs monumentales des dirigeants grecs avec l'Eurogroupe
©Reuters

L'Edito de Jean-Marc Sylvestre

Le comportement scandaleux des dirigeants grecs et le compromis auquel ils ont été finalement contraints va servir de leçons aux autres partis extrémistes en Europe et renforcer l’euro.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Grâce à la mobilisation de toutes les institutions européennes, de tous les gouvernements, les membres de l’Eurogroupe ont trouvé un terrain d’entente avec les dirigeants de la Grèce. Le pays s’est engagé pour 4 mois de plus à mettre en œuvre des réformes qui étaient vaguement prévues.

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Les dirigeants grecs sont revenus à la raison à deux nuances près. La "troïka" a disparu, la Grèce va discuter directement avec le FMI, la BCE, la Commission et non plus avec des émissaires. Il parait que ça va tout changer. D’autre part, cette tutelle va pouvoir modifier le contenu des réformes à la demande de la Grèce. La tutelle pourra le faire ou non ! Comprenne qui pourra.

Au bout du compte, tout le monde est presque content. Le seul problème qui reste à résoudre est celui de la Grèce, et il est politique. Pour l’essentiel, l’Eurogroupe a préservé son fonctionnement, et là tout le monde était d’accord. Les dettes ne seront pas annulées, et là tout le monde était d’accord. Enfin, la Grèce va pouvoir rester dans l’euro ce qu'au fond tout le monde souhaitait même si les membres de l’Eurogroupe s’étaient résignés à voir la Grèce quitter le navire.

Du côté de la Grèce, on respire jaune mais on respire. On va être obligé d’abandonner des promesses particulièrement démagogiques que l'on avait vendu pendant la campagne électorale. La Grèce va pouvoir bénéficier d’un allègement des mesures d’austérité budgétaires, en contrepartie des réformes. En bref, le ministre grec de l’Economie a enfin compris que s’il réformait la fiscalité, s’il luttait contre la fraude, son pays aurait moins besoin de se serrer la ceinture. Plus de réformes, c’est plus de recettes fiscales mieux reparties. C’est donc moins d’austérité quotidienne pour les plus malheureux.

Cela dit, tout cela n’était pas dans le programme électoral. Dans le programme, il y avait l’illusion que l’Europe paierait. Quand on dit l’Europe, on pense à l’Allemagne. En bref, l’Eurogroupe et la Grèce ont acheté du temps. Toute la question est de savoir s’ils vont utiliser ce temps à restaurer l’équilibre pour construire un troisième programme d’assistance financière susceptible de ramener la croissance.

Pour l’instant, l’euro sort renforcé et l’Eurogroupe plus solidaire grâce à des erreurs monumentales commises par les dirigeants Grecs. Les dirigeants grecs, le Premier ministre Alexis Tsipras et le ministre de l’Economie Yanis Varoufakis, ont commis des erreurs impardonnables pour un gouvernement d’un pays européen.

Sur le fond d’abord, ils ont commis l’erreur de penser qu'il suffisait de promettre des lendemains qui chantent pour qu'ils se réalisent. Ils se sont très vite aperçus qu'ils auraient besoin d’argent pour délivrer leurs promesses européennes. Ils ont cru que les pays de la zone euro paieraient les factures, par peur des effets systémiques.

Tous les partenaires de la zone euro ont passé le message qu'ils ne paieraient pas. Erreur de diagnostic, ils n’ont pas compris qu’en acceptant de faire des réformes, ils pourraient desserrer l’étau budgétaire.

Leur problème va être d’expliquer ces erreurs à leurs électeurs. En France, François Hollande a fait une campagne présidentielle fondée sur des erreurs d’analyse et des promesses mensongères. Il ne s’en est pas encore remis.

Sur la forme, les dirigeants grecs se sont très mal comportés. Ils ont ignoré les engagements que la Grèce avait pris envers ses partenaires et qui avaient produit des effets très positifs. Plus grave, ils se sont très mal conduits envers les dirigeants européens, les dirigeants des pays les plus pauvres comme l’Irlande ou le Portugal dont les peuples ont fourni des efforts considérables pour sortir de la crise.

Ils se sont très mal conduits envers les dirigeants allemands qui ne pardonneront jamais à Yanis Varoufakis son arrogance imbécile, sa prétention à faire payer "les nazis". Les Allemands eux-mêmes risquent de bouder les plages grecques l’été prochain.

En fait, les dirigeants grecs se sont révélés comme des gens inexpérimentés, méconnaissant les mécanismes européens et les mécanismes économiques. Allant jusqu’à mentir dans leur courrier officiel vendredi dernier, jour où ils se sont fait mettre à la porte du conseil de l’Eurogroupe.

Les parlementaires grecs eux-mêmes, confessent aujourd’hui que le ministre de l’Economie impressionne physiquement mais que personne ne comprend ses analyses et ses développements. L’ancien altermondialiste qu’il a été, l’ancien universitaire qu’il n’a jamais été, n’a réussi qu'une seule chose : impressionner les militants de l’extrême gauche par ses certitudes. Impressionner aussi le Premier ministre.

En attendant, ces erreurs ont provoqué une sorte d’union sacrée de tous les dirigeants européens autour de l’euro pour le protéger. Ces deux erreurs montrent clairement que les programmes d’extrême gauche ou d’extrême droite qui s’assoient sur les contraintes les plus basiques ne peuvent que se fracasser sur le mur des réalités européennes.

La leçon vaut pour les extrémistes espagnols, italiens et français. Curieusement, les dirigeants populistes ont cessé depuis une semaine de soutenir les dirigeants grecs. Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen étaient enthousiastes au lendemain de la victoire de Syriza. Depuis, ils sont bizarrement beaucoup plus discrets.

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