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Le rouge-brun s’affiche avec Michel Onfray en couverture !
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Des goûts et des couleurs…

Certes, une hirondelle ne fait pas le printemps. Mais en l'occurrence, il s'agit d'automne avec ses feuilles mortes.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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Chaque année les créateurs de mode se concertent pour définir quelle couleur sera tendance. On a des périodes où le jaune flashy fait fureur. D'autres avec du bleu pale, du marron, ou du rouge fuchsia. Cela s'impose à toutes et à tous et c'est comme cela qu'on finit par être habillé. Mais parmi les créateurs il y en a quelques-uns, singuliers et originaux, qui s'écartent des sentiers battus balisés pas les couleurs dominantes.

C'est ainsi que quelques francs-tireurs ont décidé de promouvoir le rouge-brun. Comme ils ont conscience que ce n'est pas joli, joli, ils n'appellent pas ça rouge-brun et même protestent avec véhémence dès que ce qualificatif est utilisé. Cette couleur est désignée par eux comme étant celle de la liberté de penser et de l'indépendance d'esprit. Les malpensants entre les bienpensants !

Ces derniers sont des "inquisiteurs" dixit Alain de Benoist qui est leur victime depuis plusieurs dizaines d'années. On peut ne pas aimer les bienpensants ce qui est mon cas. Mais pour autant on n'est pas obligé d'adorer tous les malpensants : faire le tri sélectif parmi eux, comme pour les ordures, est une démarche qui s'impose.

Les rouges-bruns ont une histoire. On en a connu de plus lumineuses. Dans les années 30 en Allemagne quelques communistes firent alliance avec les nazis dans le but d'abattre la république de Weimar détestée et les sociaux-démocrates honnis. Ils avaient découverts que dans "National-Socialisme" il y avait aussi "Socialisme". On les appela les nationaux – bolchéviques. Le résultat de leur compagnonnage avec les hitlériens est connu.

Dans les années 80 quelques héritiers de ces nationaux – bolchéviques, des communistes et des trotskystes passablement déstructurés, allèrent voir du côté de la Nouvelle Droite, inspirée pas le GRECE d'Alain de Benoist, afin de déterminer si ensemble ils pouvaient faire un bout de chemin. N'avaient-ils pas un ennemi commun : la démocratie libérale et la finance capitaliste. Un journal, l'Idiot International, de Jean Edern Hallier, servit d'éprouvette pour tester ce nouveau mélange. On était antisioniste à l'extrême gauche ce qui permettait un rapprochement avec les anti-juifs de l'extrême droite. On était anticapitaliste, antiimpérialiste, antibourgeois : rouges et bruns pouvaient s'entendre et leurs voix mêlées firent entendre l'Internationale et le Horst Wessel Lied. Les plus entreprenants des "rouges" n'hésitèrent pas à collaborer au Choc Du Mois, un mensuel dont la tonalité pouvait laisser à penser que Minute était une publication mollement centriste.

Puis les années passèrent. Les "rouges" prirent du gras et du bide. Les "bruns" vieillirent aussi mais en meilleur forme. Alain de Benoist a en effet gardé toutes ses facultés intellectuelles et sa juvénile vitalité. Contre la social-démocratie corrompue à la Hollande, contre le règne des banques, contre l'Europe de Bruxelles, contre l'axe américano-sioniste il a su trouver de nouveaux alliés. Souverainistes de gauche, souverainistes de droite tous ensembles !

C'est ainsi que la revue Éléments d'Alain de Benoit a frappé très fort au niveau commercial. Comme les magazines féminins cette publication a cherché quelle covergirl serait la meilleure pour une "une" la plus vendable. Il s'agissait de choisir entre Michel Onfray et Patrick Buisson qui tous deux avaient accordé de longs entretiens au journal. Buisson fut écarté car banal : il avait trop de choses en commun avec Alain de Benoit et notamment leur goût partagé pour certains chants viriles et guerriers.

C'est donc Michel Onfray qui fut distingué. Il était "rouge". Ses livres se vendaient comme des petits pains. Et en plus Manuel Valls l'avait dénoncé à la vindicte populaire à cause de sa phrase : "je préfère une analyse juste d'Alain de Benoist… ". Tout ça faisait de l'auteur du Traité de l'Athéisme une icône éminemment vendable. De surcroît – et on adore ça à l'extrême droite – ça faisait "bouger les lignes".

On n'a pas, en dehors de la fameuse phrase d'Onfray, d'hypothèses solidement établies sur la raison de la présence dans Eléments. Dans une interview récente Alain de Benoist a fourni un début de piste. Il qualifie Onfray de "socialiste proudhonien". Vous ne savez peut être pas (mais le patron d'Eléments sait) que Proudhon fut un des plus virulents antisémites du XIXème siècle. Vichy qui s'y connaissait opposa son "socialisme français" au "socialisme juif" de Marx.

Michel Onfray est assurément un être complexe. Et travaillé par plusieurs démons. Son propos sur "je préfère une analyse juste d'Alain de Benoist" a été tellement cité qu'on en a oublié la deuxième partie de sa phrase : "plutôt qu'une analyse injuste de Minc, Atali et BHL". Le choix de ces trois noms est intéressant. Dommage qu'Onfray n'aime pas Freud. Sinon il lui aurait été profitable d'interroger son inconscient…

Ps: dans mon précédent article sur la réédition en français de Mein Kampf j'ai fait une approximation pour le moins légère. Contrairement à ce que j'écrivais le livre du Führer n'est pas un des plus lus après le Coran dans le monde arabo-musulman. Il est distancé, et de loin, par les Protocoles Des Sages de Sion. Dans le genre c'est bien aussi.

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