Le réveil de la grande distribution n’annonce sûrement pas le retour de la bonne santé économique globale<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Economie
Le réveil de la grande distribution n’annonce sûrement pas le retour de la bonne santé économique globale
©Flickr/ Jean-louis Zimmermann

Illusions en rayon

Il y a des semaines où l’actualité nous offre des chiffres et des faits que l’on n’ose pas regarder en face, tant ils révèlent notre propre lâcheté politique. Les bons chiffres de la grande distribution en est un parfait exemple.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

Voir la bio »

Un peu de lucidité, sur ce que l’actualité économique nous apporte, ne nous ferait pas de mal pour décrypter pourquoi la France a tellement de mal à sortir de la crise.  La semaine qui s’achève a été riche en paradoxes.

La grande surprise cette semaine aura été le réveil tonitruant des grands groupes de la distribution. Casino, le groupe dirigé par Jean-Charles Naouri a créé la surprise en montrant qu’il avait retrouvé la grande forme. Les investisseurs n’arrêtaient pas, depuis six mois, de s’inquiéter des difficultés rencontrées au Brésil, quand ils ont découvert que les performances européennes et françaises permettaient de compenser - et au-delà - les déconvenues rencontrées dans les émergents.

La croissance organique du groupe Casino au 3e trimestre atteint 2,8%. C’est le meilleur score depuis 2011. Le chiffre d’affaires approchera les 11 milliards, c’est bien mieux que ce qui était prévu. La plupart des grandes enseignes sont sur la même ligne : les choix stratégiques de se recentrer sur les marchés de proximité sont payants.

Même cause, même effet chez Carrefour. Les analystes financiers multipliaient les doutes et les avertissements, l’enseigne a pourtant connu le même redressement. Carrefour souffre dans les pays émergents mais fonctionne bien en Europe. Taux de croissance au 3e trimestre : 4,2%. Les chiffres des centres Leclerc ou de Système U ne dépareillent pas.

Pour tous ceux qui regardent la conjoncture à la loupe, la reprise dans les grandes surfaces, au 3e trimestre, traduit le redémarrage de la consommation. Les économistes proches du gouvernement voient le signe de la sortie de crise et n’hésitent pas à dire que ces chiffres apportent la preuve des bons choix du gouvernement dans le domaine économique. On peut dire cela.

Mais, on peut dire aussi que la grande distribution a mené une bataille inouïe sur ses tarifs et ses prix. Elle a donc regagné des marchés et utilise une grande partie de la manne du CICE pour financer les baisses de prix. Ce qui est quand même paradoxal et qui prouve bien qu’une mesure gouvernementale ciblée sur l’emploi ne touche pas forcement la cible mais celle qui est à côté. En l’occurrence, les grands distributeurs n’ont pas créé d’emplois. Ils ont créé du pouvoir d’achat, lequel a été utilisé en consommation de produits pour la plupart importés.

Si on voulait être vicieux, on pourrait dire que l’argent du contribuable destiné à l’emploi et à l’investissent a été détourné sur de la consommation, et que cette consommation porte principalement sur des produits importés.

Le succès retrouvé de la grande distribution n’entraine donc pas une reprise d’activité de la production en interne. On pourrait même penser que le succès de la grande distribution a freiné l’appareil de production hexagonal. La recherche frénétique des prix les plus bas rogne sur les marges des petites et moyennes entreprises qui restent figées et bloquées.

L’étude fiscale annuelle publiée cette semaine montre à l’évidence que les grands groupes industriels du CAC40 ont profité du CICE pour améliorer leur compétitivité et de la reprise mondiale parce que l’essentiel de leur chiffre d’affaires se fait à l’étranger. En revanche, la grande masse des PME n’en a pas profité. Ni de la reprise mondiale, ni du CICE. Ces PME ont très peu bénéficié du rebond de la grande distribution qui a encore serré les prix… et donc les marges.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !