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Duel Grèce-zone euro : ce qui s'est vraiment passé à l'Eurogroupe
©REUTERS/Fabrizio Bensch

L'Édito de Jean-Marc Sylvestre

La réunion des ministres membres de la zone euro a tourné court hier soir. Ces derniers attendaient des propositions de la Grèce pour commencer à négocier, le ministre grec est arrivé les mains vides et le verbe haut. La crise grecque vire à la farce.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

Il est aussi l'auteur du blog http://www.jeanmarc-sylvestre.com/.

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Cette réunion des pays membres de la zone euro a été, selon un des membres, surréaliste. On attendait un plan grec qui aurait permis de démarrer la discussion d’un compromis. Et bien non, le ministre des Finances grec, qui avait passé le début de semaine à haranguer les foules en menaçant tout le monde d’une explosion monétaire, n’a finalement rien demandé.

La totalité des membres représentant les pays de la zone euro, auxquels il faut ajouter les représentants de la Troïka, étaient prêts à travailler sur la base d’un document qui avait été élaboré par la Commission et qui reprenait les positions de chacun. Ce document n’a pas été divulgué. Il rappelait la nécessité de tenir compte du vote des électeurs grecs et par conséquent de l’assouplissement des plans de rigueur.

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Cependant, le document rappelait aussi très fermement l’impossibilité d’annuler les dettes pour plus de 120 milliards. L’impossibilité de passer outre la Troïka pour mener à son terme le plan de redressement et surtout, l’obligation de poursuivre les réformes de structure qui ont déjà été largement engagées avec beaucoup de succès par le gouvernement précédent.

Face à ce document, on savait que le ministre des Finances Yanis Varoufakis, avait roulé les mécaniques devant le Parlement en s’engageant à ne pas céder. Tout le monde avait compris qu'il s’agissait-là d’une posture politique.

Au lieu de cela, Yanis Varoufakis et son Premier ministre, Alexis Tsipras, se sont livrés à des déclarations intempestives qui ont fini par décourager et écœurer complètement leurs partenaires internationaux et surtout les déconsidérer complètement.

Ils ont continué, par exemple, de refuser de négocier avec le FMI, considérant que rien n’était possible. Du coup, Christine Lagarde qui avait fait le voyage exprès a décommandé toutes ses conférences de presse et a quitté la réunion. Le président de la Banque Centrale Européenne n’a pas plus apprécié la façon cavalière dont il a été traité par Yanis Varoufakis, qu'il surnomme la rock star du monde monétaire. Très bon pour rassembler des foules à Athènes, beaucoup moins performant pour négocier un rééchelonnement de la dette.

L' un des conseillers de Mario Draghi confie, sous le sceau de l’anonymat : "je ne vois pas ce que l'on peut offrir  d’autre aux Grecs que de remplacer les dernières dettes en dettes perpétuelles avec la quasi assurance de n’avoir jamais à les rembourser. Il faudrait en plus qu’on lui fasse un paquet cadeau."

Mais le comble du comble, aura été d’apprendre que le ministre de l’Économie grec a pris contact avec les dirigeants de l’OCDE, pour que l’OCDE remplace le FMI dans la gestion de la crise. Comme si l’OCDE avait les moyens de le faire. L’OCDE n’a ni l’argent, ni les experts, ni le droit de mener ce type de mission. Parallèlement, on sait maintenant que le Premier ministre grec est allé demander à la Russie de l’aider. Ce que Poutine a refusé très poliment.

Il aussi demandé à Pékin d’intervenir. Les autorités chinoises ont simplement demandé où en était le dossier de la privatisation du port du Pirée puisque le nouveau gouvernement d’Alexis Tsipras avait, comme première décision, virer manu militari les Chinois de ce projet, en disant qu'il pouvait redresser le port du Pirée tout seul. Et bien qu’il le fasse.

Le gouvernement grec est donc bien seul. Financièrement étranglé, diplomatiquement isolé et même rejeté par la majorité de la communauté internationale. Le gouvernement grec se retrouve complètement déconsidéré face à ses électeurs.

Cette situation est extrêmement grave, au point où les occidentaux imaginent un scénario à l’italienne quand, en 2010, il a fallu virer Sylvio Berlusconi du gouvernement parce qu'il entrainait l’Italie à la ruine.

L’Eurozone ayant échoué, la balle va revenir aux chefs d’État pour qu'ils trouvent une solution politique et qu'ils fassent accepter cela au peuple grec.

Ce n’est pas impossible parce qu'une  partie de la population se rend compte désormais que l’on ne peut pas s’affranchir des contraintes internationales surtout si les seules ressources de la Grèce proviennent de la fréquentation touristique. Ce n’est pas en traitant les Européens de voyous qu’ils vont attirer les touristes. Or, en Grèce comme partout en méditerranée, la saison commence dans un mois.

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