L'UMP dans la lessiveuse des municipales parisiennes : quel impact la campagne de NKM a-t-elle sur le parti dans son ensemble ? <!-- --> | Atlantico.fr
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L'ump se divise à propos des élections municipales de Paris.
L'ump se divise à propos des élections municipales de Paris.
©Reuters

Divisions et dissidences

François Fillon aura eu beau soutenir Nathalie Kosciusko-Morizet, ça ne lui aura pas épargné de manquer de courage aux yeux de cette dernière et il en va de même pour Jean-Louis Borloo. Autour de cette campagne pour la mairie de Paris, c'est tout un parti politique qui semble se déchirer.

Daic Audouit

Daic Audouit

Daic Audouit est journaliste politique à France 3 pour la région Ile-de-France. Il suit notamment l'UMP.

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Atlantico : Nathalie Kosciusko-Morizet tiendra ce mercredi son dernier meeting de sa course à la mairie de Paris. François Fillon a dit qu'il y serait présent. Pourtant la campagne de la candidate officielle de l'UMP a bénéficié d'un soutien relativement distant de son parti. Qu'est-ce que ce phénomène révèle de l'état actuel du principal parti d'opposition ?

Daic Audouit  : Il n'est pas de tradition dans une élection municipale de mettre l'étiquette politique trop en avant. L'ancrage local et l'équation personnelle priment tout autant que l'appartenance partisane. Surtout pour un maire sortant. Ce n'est pas le cas de NKM. Elle a sollicité le soutien de son parti mais sans le mendier non plus, même si à des moments de difficultés au mois de novembre, elle aurait souhaité un engagement à ses côtés plus marqué. Exception faite de Nicolas Sarkozy dont elle espérait depuis le mois de juin un signe qui est venu début février. Pour deux raisons. La première est qu'elle considère jouer dans la même catégorie que tous les leaders de l'UMP. Avoir besoin d'eux serait reconnaître qu'elle n'est pas du même niveau. La seconde est pour respecter la tradition de l'enjeu local d'une campagne qu'elle souhaite avant tout mener en direction des Parisiens. Or ceux-ci votent en majorité à gauche.

Néanmoins tous les leaders politiques de l'UMP sont venus à un moment ou un autre la soutenir sur Paris : Alain Juppé, Bruno Le Maire, François Fillon, Jean-François Copé ou Valérie Pécresse.

Mais plus que l'étiquette politique, ce qui comptait c'était leur réputation au sein de l'électorat UMP et les valeurs qu'ils incarnent au sein de la famille. Avoir un éventail le plus large possible, de l'UMP modérée à celle plus à droite. Il n'a manqué personne sur la photo de famille même si ce fut un cliché rapide. L'essentiel était là.

"Si les choses avaient été faciles, cela n'aurait pas été moi" : NKM a récemment sous-entendu, dans une interview au Figaro magazine, que ceux qui, dans son camp, avaient un temps pensé à la mairie de Paris se seraient finalement désistés face à la difficulté. Son analyse est-elle justifiée ? Si oui, qu'est-ce que cela traduit de l'esprit qui prévaut aujourd’hui à l'UMP ?

Il est exact que depuis 2008, c'est l'hypothèse Fillon qui prévalait au sein de l'UMP Paris comme candidat sur la capitale. Une solution qui permettait de geler les ambitions des uns et des autres et d'éviter les divisions ancestrales dans la capitale. Après sa défaite à la présidence de l'UMP, Fillon a renoncé à la mairie considérant qu'un second échec serait rédhibitoire. Il fallait trouver un remplaçant. C'est alors que la solution NKM intervient.

Elle a toujours considéré que l'élection serait difficile notamment en raison du mode de scrutin qui sur avantage la majorité sortante. D’où sa proposition au mois de juin de changer les règles à Paris. Elle savait que cela n'avait aucune chance d'aboutir mais son élément de langage était déjà tout prêt. Si j'ai perdu c'est à cause de la loi PLM. NKM pensait qu'elle était gagnante dans tous les cas. Soit elle remportait l'élection, et bingo. Soit elle perdait avec un écart serré. Une défaite honorable mais elle avait occupé le terrain médiatique, montré aux militants UMP qu'elle savait aller au combat.

La campagne a été beaucoup plus chaotique qu'elle ne l'escomptait. Son image a été abimée. Néanmoins, elle pense toujours aujourd'hui, que la bataille sera beaucoup plus serrée que ne le disent les sondages. Elles espèrent que ses listes unies arriveront en tête au premier tour face à une gauche dispersée. Des résultats qui balayeront l'impression laissée par la campagne.

Comment expliquer la façon dont la problématique des candidatures dissidentes a été gérée par la direction de l'UMP ?

L'UMP a géré administrativement mais convenablement les dissidences. Tous les dissidents ont été suspendus de l'UMP. NKM n'a pas à se plaindre des instances de son parti. Il n'a pas fait lambiner les choses. Aucun des leaders de l'UMP n'est venu soutenir les dissidences. Au contraire, ils ont tous été chez Florence Berthout dans le Vème, la candidate UMP qui affronte la dissidence de Dominique Tiberi. L'UMP a été réglo.

Ce n'est pas forcément le cas à l'UDI, où Hervé Morin ou Rama Yade ont apporté leur soutien à des candidats UDI dissidents qui ne sont pas sur le listes d'union UMP-UDI-MoDem.

Au fond, comment faire la part des choses entre ce qui à l'UMP a pu contribuer à ruiner la campagne de NKM et ce qui dans la campagne de NKM a contribué à affaiblir l'UMP ?

La campagne de NKM a été imperméable au soubresauts de l'UMP. Ou à la marge. Si sa campagne a été "ruinée", c'est par les divisons ancestrales de la droite parisienne, entre élus de l'est et de l'ouest et des conflits entre personnes au sein de chaque arrondissement. Des conflits qu'elle a tranché à moitié ce qui a mécontenté autant de monde que cela n'en a réjoui. Mais par exemple elle n'est absolument pour rien dans le conflit qui oppose Philippe Goujon et Géraldine Poirault-Gauvin dans le 15ème. Celui-ci existe depuis plusieurs années. Il est vrai néanmoins que les personnes en conflit ont profité de la guerre Copé/Fillon à la présidence de l'UMP pour donner un nouvel écrin à leurs querelles et régénérer les justifications de celle-çi. Se ranger dans un camp ou un autre permettait d'avoir un protecteur. Mais la guerre froide qui préside les rapports entre Fillon et Copé a plutôt gelé les choses à Paris. NKM a tenté de s'en extraire au moment de la constitution des listes même si certains fillonistes estiment qu'elle a fait trop la part belle aux copéistes. NKM a surtout tenté de faire lever une génération de nkmiste derrière elle : (Harel, Pawlik, Périfan, Montandon etc etc)

Quelles vont être les conséquences sur l'UMP de la campagne parisienne une fois le scrutin passé ? Certains comptes vont-ils devoir être réglés ? Certaines conclusions tirées ? Par qui et comment ?

La question de l'après est de savoir si NKM va rester sur Paris. Certainement pour les législatives de 2017. Mais va-t-elle vouloir prendre les rênes du groupe UMP de Paris et être la chef de l'opposition face à Anne Hidalgo en cas de défaite. Il n'est pas certain qu'elle le veuille, il n'est pas certain qu'elle le puisse. L'un de ses partisans m'a confié qu'il la soutenait jusqu’au 30 mars. Après on verra ajoutait-il. Il faut savoir qu'à Paris les maires d'arrondissements UMP ont plus de poids que le président de groupe y compris dans la confrontation avec l'Hôtel de Ville.

Et il y aura surtout la question de la fédération de Paris. Aujourd'hui c'est le filloniste Philippe Goujon qui en est à la tête. Les copéistes qui sont minoritaires vont-ils tenter de la prendre en s'alliant avec des non-alignés, nouveaux arrivés. Là encore, il n'est pas certain que NKM veuille s’engluer dans ses guerres d'appareil. Tout dépendra de ses ambitions pour la présidentielle de 2017. Car la fédération UMP de Paris qui compte entre 15.000 et 20.000 adhérents (chiffres toujours difficilement vérifiables) est la plus importante de France. Et même si une éventuelle primaire UMP à la présidentielle est ouverte à toute la population, ce seront d'abord les militants qui voteront. Or ceux d'Ile de France représentent 1/4 des effectifs de l'UMP (Paris, plus Hauts de Seine, plus Yvelines).

ET lors des futures élections de la présidence de fédération, la guerre des chefs entre Fillon et Copé reprendra de plus belle. Et elle se fera aussi sur le bilan des municipales de 2014 à Paris.

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