L'UMP choisit le "ni-ni" contre l'avis de Nicolas Sarkozy : ce que ce revers aura comme conséquences<!-- --> | Atlantico.fr
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Nicolas Sarkozy ne voulait pas du "ni-ni"
Nicolas Sarkozy ne voulait pas du "ni-ni"
©Reuters

ça va souffler

L'UMP appelle ses électeurs à exprimer une "double opposition" en "votant blanc ou en s'abstenant" dimanche lors du second tour de la législative partielle dans la 4e circonscription du Doubs. Nicolas Sarkozy avait marqué sa préférence pour une opposition plus claire au FN.

Nicolas Sarkozy était sans doute loin d'imaginer qu'une législative partielle dans le Doubs allait lui causer autant de soucis et jeter l'UMP en eaux troubles. Car depuis un peu plus de 48 heures, le parti se perd en querelles sur l'attitude à adopter face à un FN qui s'est maintenu au second tour face au PS. Mardi matin, devant les députés UMP, Nicolas Sarkozy a bien tenté d'arrêter une position commune avant un bureau politique qui s'annonçait explosif. L'ex-chef de l'Etat plaidait pour une inflexion au "ni-ni" avec un texte appelant à faire clairement barrage au Front national.

Nicolas Sarkozy a en effet indiqué qu'il fallait dire "non au FN", même s'il s'est pour autant refusé à donner la moindre consigne de vote. "Il a proposé une position qui n'est plus son ni-ni classique à savoir une position en trois points comprenant le refus très fort des valeurs du Front national, deux, une position de liberté de vote et trois, une position sur le renouveau de la droite" ont indiqué plusieurs députés aux médias dont Dominique Bussereau présent sur placeEn somme, la stratégie était passée du "ni-ni" au "non-non". "Si le “ni ni” avait servi à quelque chose, nous n’en serions pas là !Le “ni ni” n’est plus possible, car le FN est passé d’un parti minoritaire à un parti dont la victoire au niveau national n’est plus hypothétique" a notamment expliqué Nicolas Sarkozy.

Mais finalement, l'exercice d'équilibriste du président de l'UMP n'aura pas servi à grand chose. En effet, concrètement, à l'issue du bureau politique tenu mardi soir, le parti d'opposition a appelé ses électeurs à exprimer une "double opposition" en "votant blanc ou en s'abstenant" dimanche lors du second tour. Le "ni-ni" l'a donc emporté contre l'avis de Nicolas Sarkozy. Défendue par Laurent Wauquiez, Jean-François Copé, Xavier Bertrand, Bruno Le Maire, Luc Chatel et Hervé Mariton, cette motion l'a emporté par 22 voix contre 19 au texte voulu par le président de l'UMP. 

"Nicolas Sarkozy a été poussé à la synthèse, exercice qui ne lui plaît guère, et qui est risqué car il peut ne satisfaire personne à l'arrivée, explique la journaliste Christelle Bertrand. Il est poussé à cette stratégie, car il ne veut pas abandonner le centre à Alain Juppé. Or, cet espace politique restera incontournable dans le cadre d'une primaire ouverte pour désigner le candidat pour 2017."

"Nicolas Sarkozy a défendu une position qui n'était pas celle qu'il préconisait jusqu'alors pour maintenir l'unité du parti en rappelant que l'UMP était l'union de la droite et du centre", position défendue par Alain Juppé et Nathalie Kosciusko-Morizet, a dit un membre du bureau. Reste que cette prise de risque s'est conclue par un échec personnel qui engendre bien des questions. Que reste-t-il de l'unité voulue par Nicolas Sarkozy ? Comment peut-il désormais exercer son autorité sur le parti ? Va-t-il pouvoir rassembler comme il le souhaitait ?

En tentant d'éviter "l'explosion" d'une UMP déchirée, Nicolas Sarkozy n'a pas réussi à dégager une majorité. Un désaveu qui aujourd'hui le fragilise. Mais le président du parti doit désormais revoir sa copie pour les futures élections. D'ailleurs, le communiqué diffusé par le Bureau politique le laisse clairement entendre. "L'UMP doit repenser de fond en comble son projet pour l'adapter à la gravité de la situation" est-il écrit dans le document diffusé mardi soir. "Toute la difficulté pour Nicolas Sarkozy sera maintenant de préparer un programme qui rapprochera une UMP écartelée entre sa droite et une partie qui tire plutôt vers le centre pro-européen, analyse Christelle Bertrand. Et le parti va devoir maintenant assumer une primaire en 2016 à haut risque pour sa cohésion, après le fiasco de l'opposition Fillon/Coppé en 2012, dont l'UMP ne s'est pas remise"

Nicolas Sarkozy est donc sous pression. Un certain tumulte s'est orchestré à l'UMP qui semble ne plus écouter le voix de son chef. "La position de Sarkozy n'est pas tenable" a notamment dit un ancien ministre. "Son retour n'a pas empêché les progrès du FN" et "le plus grave, c'est qu'il n'arrive pas à faire parler le parti d'une seule voix", s'agaçait encore un  autre membre du Bureau. Et les adversaires de l'ancien chef de l'Etat constatant qu'il se trouvait dans une position délicate n'ont pas attendu pour "dégainer". "C'est le grand capharnaüm à l'UMP. Nicolas Sarkozy (...) n'a décidément aucune autorité" a indiqué Florian Philippot mardi matin sur Radio Classique.

Assurément, l'autorité de l'ancien président de la République a souffert. Il pourra néanmoins se consoler en constatant que le choix final du Bureau est dans l'ensemble partagé par les sympathisants UMP. En effet, selon un sondage Ifop-Figaro-LCI : 67% des sympathisants plaidaient pour le ni-ni, 19% souhaitaient que l'UMP appelle à voter PS et 14% voulaient que le parti appelle à voter FN. Un mince motif de satisfaction dans cette cacophonie ambiante qui aura sans doute un impact sur l'avenir et les desseins personnels de Nicolas Sarkozy.

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