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L'effondrement du prix du pétrole et la dégringolade des cours de l’or expliquent le bouleversement du monde
©Reuters

L'édito de Jean-Marc Sylvestre

Les deux valeurs vedettes de la croissance du siècle dernier n’ont plus la cote. L'or noir est en solde et on brade l'or jaune que personne ne veut plus. C'est, pour le monde entier, un vrai bouleversement.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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La chute du prix du pétrole et l’effondrement  des prix de l'or n’ont jamais été aussi spectaculaires dans l’histoire économique. Même dans les pires moments de dépression. Ces deux phénomènes marquent à quel point les modèles économiques ont changé sur l'ensemble de la planète.

L'or, qui depuis l'origine des temps et dans toutes les civilisations, a toujours été l’indicateur de richesse et le garant du pouvoir comme de la sécurité contre les aléas de la vie. L'or, cette relique barbare comme disait Staline mais qui l'accumulait comme aucun dictateur ne l’a fait avant lui… L'or qui représente pour beaucoup le seul plan retraite sécurisé, l'or est depuis six mois, descendu de son piédestal.

Quant au pétrole, c'était depuis un siècle ce qui alimentait le moteur de la croissance industrielle. Pendant un siècle on a mesuré avec inquiétude l’évolution des réserves mondiale. Pendant un siècle ces réserves ont dessiné la géopolitique de la planète. On était pauvre ou riche, faible ou puissant selon qu'on avait ou pas du pétrole. Et si on n'avait pas de pétrole, fallait avoir des idées mais les idées n’étaient pas fertiles à tous les coups. Et pour les mettre en œuvre, il fallait … du pétrole. L'or noir a gouverné le monde pendant un siècle.  

Depuis deux  ans maintenant, on s'est aperçu que la planète regorge de stocks au point de ne plus savoir qu’en faire. Les prix se sont effondrés. Les pays producteurs voient poindre à l'horizon le spectre de la misère. Pour eux, l’horreur quoi ! Enfin presque !

Les faits et les chiffres d’abord. Au début de ce mois d’aout, le métal jaune est tombe a son plus bas depuis plus d’un an…  Au début janvier, il se négociait à 1300 dollars l'once. Cette semaine il est tombe à moins de 1080 dollars. Avec un dollar plus cher, c'est tout dire ! Il a légèrement remonté, vendredi dernier mais ça ne change rien au phénomène de long terme.   

L’once d'or est l'unité de poids d'or fin utilisée dans le monde entier. Il y a 31 onces dans 1 kilo d'or soit 31.1034768 grammes par once… Une once pèse donc 31 grammes… Et au cours actuel, un gramme d'or vaut donc moins de 35 dollars.

Le prix a donc chute de 25 % environ en un an, les stocks d’or ont perdu un quart de leur valeur et selon les analystes du monde entier, ils pourraient dégringoler encore beaucoup plus, en dessous des 1000 dollars d'once.

Les marchand d’or ne le disent pas parce qu'ils ne veulent pas effrayer leurs clients , mais l’or  placement, que l’on estimait plus solide qu' un plan-retraite,  l’or en lingot qu' on cachait autrefois dans les caves ou dans les coffres n'est plus considérée comme une valeur refuge ; les investisseurs qui recommandaient aux riches de posséder un tiers de leur fortune en or, ont changé d’avis.  Pour tout le monde, les taux d’intérêt vont forcément remonter un jour, ce qui dévalue le lingot puisque l'or ne produit rien. Par ailleurs, toutes les banques centrales du monde se sont progressivement débarrassée de leurs stocks d'or parce qu'elles se sont aperçues que l'or ne servait à rien. C’est évidemment le cas de la Chine qui en avait des stocks considérable et qui les a progressivement échangés depuis 5 ans contre des devises étrangères, du dollar et de l’euro.  Il n'y a que l’Inde qui doit encore posséder des réserves importantes mais ce sont des réserves privées, détenues par des familles dont on ne connait pas les montants de richesse.

Alors, il y a évidemment un mystère sur l’état des stocks d'or monétaires dans le monde. Cet état,  est globalement stable depuis des années car l’essentiel de la production est destinée à l’industrie et notamment dans les nouvelles technologies …

Il y a un autre mystère qui porte sur la sincérité des autorités gouvernementales quand elles déclarent leurs réserves… L’Inde et plus encore la Chine, sans parler de beaucoup d’états africains, sont sans doute intérêt aujourd'hui a dire qu'ils vendent beaucoup pour faire baisser le prix de l’or… afin d’en racheter. Moralité, il existe d’autres moyens que l’or de se protéger, le métal jaune n'est plus la star mondiale des valeurs refuge, mais il n y a aucune raison de penser que les prix vont s’effondrer. L’or va se stabiliser autour d’une valeur purement économique impactée par la seule demande de l’industrie et de la bijouterie, mais ça restera une valeur rare et chère. Donc les lingots, et les Louis d’or garderont l’essentiel de leur valeur… tant qu’on n’aura pas besoin de les liquider.

Le cas du pétrole est beaucoup plus particulier. D'abord parce que le pétrole n'a qu’un siècle à peine et son utilité est purement liée aux technologies. Depuis un an, depuis juillet 2014, le prix mondial du pétrole a diminué de moitié. Cette baisse spectaculaire et rapide est imputable à trois séries de facteurs.

D'abord le ralentissement de la croissance économique liée à la crise de 2009 /2010.  Quand les usines tournent moins vite et que les automobiles restent au garage, on consomme évidement moins de pétrole.

Ensuite, le marché est sans doute impacté par le réchauffement climatique. Non pas parce que le réchauffement ferait baisser mécaniquement la consommation. Si on se chauffe moins, on va tierce davantage sur la climatisation et la dépenses d'énergie est aussi forte. Le réchauffement climatique, et les émissions de gaz à effet de serre ont incité les acteurs à rechercher des modèles de fonctionnement plus économes en énergie fossiles.

Enfin, la découverte de nouveaux gisements, de nouvelles réserves de pétrole et de gaz, ont accru l’offre mondiale pour une demande qui s’est plutôt réduite. La découverte des gaz et pétrole de schistes a décuplé l’offre. Les Etats-Unis sont ainsi devenus les premiers exportateurs de pétrole du monde.

Alors ce phénomène est à la fois une bonne et une mauvaise nouvelle. La mauvaise nouvelle  c’est que la baisse brutale des prix du pétrole a déprécie la valeur de beaucoup d’entreprises internationales ? L’ensemble des industries liées au secteur pétrolier aurait perdu 1300 milliards de dollars en un an. Or la perte de valeur boursière a beau être virtuelle, elle revient à appauvrir ceux qui en font les frais et à hypothéquer leur potentiel de développement. Un investisseur américain comme Carl Icahn, l’héritier de la famille Fiat, particulièrement "success full" sur les bourses américaines a perdu les 3/4 de la valeur de l’une de ses holding spécialisées Chesapeake, soit  1,5 milliard de dollars sur 2 milliards l'année dernière. Il est évident que sa capacité d’action s'en trouve amputée d'autant.

Ceci étant, la baisse durable du prix du pétrole est aussi une très bonne nouvelle dans la mesure où elle apporte de la productivité à l’industrie. La fonction de production s'en trouve améliorée par la baisse des coûts. La compétitivité aussi. Le problème c’est que les marchés nourris au lait concentré du pétrole cher sont moins dynamiques. Les rapports de force géopolitique peuvent également changer. Les états pétroliers ont moins de recettes. Ils vont donc avoir moins de moyens et de pouvoirs dans le monde. Ça n’est pas forcément une mauvaise nouvelle.

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