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François Hollande ou le meurtre à l'édredon : et la victime actuelle du plus grand tueur en série de Ia Veme est... Manuel Valls
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L'Edito de Jean-Marc Sylvestre

En service commandé pour relancer l’emploi, le Premier ministre semble surtout être poussé par François hollande dans un piège redoutable.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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François Hollande a tout compris de François Mitterrand pour manipuler ses amis et ses alliés, et surtout utiliser les rapports de force électoraux. Ces élections régionales sont pour lui une magnifique préparation à la présidentielle de 2017.  Le résultat lui annonce un affaiblissement structurel de la droite et, du coup, lui garantit presque un deuxième tour face à Marine le Pen. Un remake à l’envers du Chirac/le Pen de 2002.

A partir de maintenant, François Hollande doit gérer "le temps" et se protéger de ses amis politiques qui peuvent polluer sa trajectoire. La gauche de la gauche est très affaiblie, beaucoup de ses électeurs ont voté pour le FN.

En revanche à la droite du Parti socialiste, il sait, pour bien connaitre le terrain, qu’il existe un groupe de responsables d’origine socialistes qui prônent l’émergence d’une social-démocratie, plus moderne, plus libérale. En tête de commando, Manuel Valls, à l’aile droite, Emmanuel Macron. Tous les deux ont très envie de marquer des buts. Ils ont compris, comme tout le monde, que la situation économique et sociale devenait intenable. D’où le score du Front national, même si la montée des extrémismes ne s’explique pas seulement par la misère qui gagne les campagnes et les banlieues françaises.

Depuis lundi, François Hollande a donc commencé à dévoiler une feuille de route possible pour l’année 2016, une façon de répondre à la colère sociale qui gronde et à la rébellion des chefs d’entreprise qui n’en peuvent plus de ne pas pouvoir débloquer les gisements de croissance qui seraient créateurs d’emplois.

La feuille de route qui sera publiée au début de l’année prochaine sera d’un machiavélisme redoutable.  François Hollande ne parle pas. Il est resté en dehors de la marmite politicienne. Mais il dit et fait dire que la seule réaction possible après le choc du Front national est de mobiliser tous les moyens qui pourraient redresser l’économie française. Un super choc de compétitivité, pour doper la croissance, les entreprises, les créateurs de richesse. Dans le stress de l’après élection, le monde des affaires croit avoir été écouté. Il a été écouté mais guère entendu. En fait, François Hollande a repris son travail de labourage politique pour dégager sa route.

Il confie l’entreprise de rénovation économique à Manuel Valls. C’est habile, il voulait réformer la société économique française, il pourra le faire. En plus, parce que tous ceux qui attendent les réformes de structure se disent qu'avec Valls, on peut  échapper aux frondeurs, échapper à un repliement à gauche sous la protection de l’Etat qui de toute façon n’a plus d’argent.

C’est habile, sauf que l'on s’aperçoit très vite que le super choc de compétitivité va se réduire à un plan très classique de relance de l’emploi. Manuel Valls est plutôt satisfait d’avoir repris la main sur les dossiers économiques qui avaient été préemptés par Emmanuel Macron. Mais il n’a pas retrouvé la trousse à outils, ni l’imagination qui caractérise Bercy sous Macron, ni même l’audace réformatrice qui devait souffler sur les vieilles structures.

La loi Macron 2, dite NOE, a été quasiment annulée. Elle sera remplacée par un dispositif Valls qui organise une relance d’emplois publics, une mobilisation des fonds de formation et des discours incantatoires sur les opportunités qu'offrent les nouvelles technologies.

Pour l’instant, cette première annonce a déjà fait une victime : Emmanuel Macron qui se retrouve un peu dessaiside cette fonction d’agitateur d’idées et de provocateur. Il l’a d’ailleurs bien compris. Il a, dès lundi matin, sorti un communiqué qui fait le bilan de la dérégulation du transport par autocars. Malin le plus jeune ministre du gouvernement. Un succès énorme dit Bercy, mille emplois créés en deux mois . Et c’est vrai que la réforme rencontre un énorme succès. Elle ne coûte pas d’argent public et elle créée de l'activité. Les autocars, ça n’est peut-être pas un projet de gauche, mais c’est un projet qui se révèle efficace.

Ce communiqué souligne en creux le vide des mesures pilotées par le ministère du Travail et celles envisagées par Matignon. Manuel Valls va avoir du travail, parce que ce plan emploi ne peut pas produire de résultats. L’emploi en France dépend maintenant d’une simplification du code du travail, de la suppression des seuils sociaux, de la réforme des contrats de travail, d’une gestion habile des prestations sociales par rapport au revenu du travail, et d’un allègement de la fiscalité sur l’investissement... donc sur le capital.

L’emploi dépend de la reprise du bâtiment, mais l’industrie du BTP dépend de la libération du marché du logement.

Toutes ces réformes étaient plus ou moins au programme de la loi Macron2 que Manuel Valls a éliminé du menu entre les deux tours. Parce que toutes ces mesures sont tabous pour la gauche de la gauche. Macron passe pour un épouvantail chez les caciques du PS, mais fait office d'aspirateur à sympathisants venus de toutes les couches sociales. Des gens qui ne sont ni de droite, ni de gauche mais qui ont envie de vivre une vie normale sans avoir l’impression de la perdre en cherchant un boulot ou en payant des impôts.

Manuel Valls se retrouve donc piégé. François Hollande l’a laissé écarter son ministre de l'Economie parce qu’il savait qu'il n’y avait pas de couple plus efficace que le couple Valls-Macron. La concurrence entre les deux hommes les a affaibli tous les deux.

Aujourd'hui , le Premier ministre est conforté avec la tâche de redresser l’Economie, de retrouver l’emploi sans avoir ni les hommes, ni les moyens financiers, ni la liberté politique de bousculer un peu ces vieilles structures sclérosées depuis si longtemps. François Hollande lui a donné une lettre de mission irréalisable. Il doit redresser l’emploi, on ne lui en a donné aucun moyen. Plus grave encore, il ne pourra faire porter le chapeau de l’échec à Emmanuel Macron. Le président de la République lui a donné un édredon avec lequel il ne peut que s’étouffer.  

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