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Emmanuel Macron lors d'une allocution depuis l'Elysée.
Emmanuel Macron lors d'une allocution depuis l'Elysée.
©SARAH MEYSSONNIER / POOL / AFP

Les entrepreneurs parlent aux Français

Si l’on écoute « les nouvelles », les « bruits », qui ruissellent dans une partie de la presse française, et tapissent notre quotidien en continu, c’est certain, « Tout va bien » !

Denis Jacquet

Denis Jacquet

Denis Jacquet est fondateur du Day One Movement. Il a publié Covid: le début de la peur, la fin d'une démocratie aux éditions Eyrolles.  

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Nous avons une des meilleures croissances de toute l’Europe et au-delà (!), une demande d’emploi qui explose presque le nombre de nos travailleurs disponibles, des PME en pleine forme, des grands groupes doté d’une santé insolente. Le moral des entreprises est plutôt bon, le Medef pense que le télétravail est une bonne idée, les syndicats vont régler le sort des indépendants, tous les sujets qui fâchent sont, soit abandonnés, soit financés par la planche à billet, la présidentielle est déjà décidée et l’amour règne sur un peuple qui adore sa vie sous pass sanitaire.

Voltaire dirait que tout va bien dans le meilleur des mondes possibles. Pourtant ce serait très candide de le croire aussi benoitement. Passons en revue les clichés du moment et faisons état de la réalité. Le plus objectivement possible, bien entendu, vous me connaissez désormais !

La croissance est là. Oui. Il est clair que lorsque l’on met son économie au tapis pour une maladie qui restera dans les annales comme la moins meurtrière des 100 dernières années, alors, la moindre relance, prend des allures de tsunami bénéfique. La réalité est qu’il s’agit d’un rattrapage, et qu’il se fait bien, sauf pour l’automobile, qui ne bénéficie même pas d’une vaguelette. Nada. Niente. Rien !

Les français, biberonnés aux subventions, aides, réductions de charges diverses et privés d’une occasion de dépenser pendant des mois, ont un bas de laine bien garni et font des emplettes. Cela se ressent sur la consommation qui se porte à merveille. Provisoirement. Les biens étant plus rares, du fait d’une pénurie d’à peu près tout, nous nous dirigeons vers un courant inflationniste, mais l’on nous dit de ne pas nous inquiéter, car c’est passager.  Le problème c’est que partout, le « passager » s’éternise et que l’on commence à penser que le « passager » pourrait devenir « squatter ». Dans ce cas on augmente les taux, parfois les impôts, et hop ! l’édifice déjà chancelant, s’écroule d’un coup. Mais selon la banque de France et la météo des plages économiques, cela n’arrivera pas.

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Le cas des offres d’emploi est symptomatique de l’optimisme béat qui règne sur la Gaulle actuellement. L’érection du pendu disent certains, mais ce sont forcément des mauvaises langues. Nous n’avons jamais eu autant d’offres d’emplois. C’est excitant. Mais personne ne les prend, ce qui est moins drôle. Est-ce que ces chiffres abracadabrantesques, révèlent une économie prête à ridiculiser la Chine et les USA réunis ? Ou simplement, le fait que les entreprises peinent à trouver chaussure à leur pied déformé par 24 mois de crise, et qu’elles aimeraient profiter de cette embellie passagère ? Ce qui est intéressant à observer, ce n’est pas de savoir combien il y a d’offres d’emplois disponibles, mais combien seront pourvues.

On voit bien aux USA que c’est le seul sujet qui compte, car les Américains, si peu habitués à disposer d’aide et de temps, ne se ruent pas non plus sur les offres. Chaque magasin ici se livre à une enchère inflationniste (justement là aussi) pour attirer les personnes qui voudraient bien reprendre le chemin du travail. Les fast-food sont passés à 14$ de l’heure, eux qui se sont opposés à franchir la barre des 10$ il y a encore peu, et ils ne trouvent personne. Cet après-midi, je suis passé devant un hôtel qui proposait à tout embauché prêt à se fendre de quelques heures de travail hebdomadaire, une prime de « bienvenue » de 2000$. Imaginez cela en France, vous mettez les syndicalistes au chômage direct (ce qui nous ferait le plus grand bien). Si les français continuent à préférer le chômage au travail, une tendance déjà bien installée dans notre pays, nous pourrons nous gargariser de l’existence massive de ces offres, mais ce qui compte c’est qu’elles trouvent preneur. A suivre.

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Côté épargne, et donc richesse du « peuple » français, nous avons continué à régresser. Nous sommes passés en 10 ans de la 10ème à la 15ème, et la glissade (oups !) continue. Nous nous appauvrissons, comme l’Europe, et sans surprise, les places perdues, sont occupées par l’Asie et un peu plus les USA. La richesse nous échappe. Mais nos candidats à l’élection présidentielle vont continuer à utiliser la planche pour remédier à cela, sauf Zemmour qui semble à être opposé. Bertrand aussi ?

Côté immobilier, tout va bien. Là aussi. Le bonheur : Quand le bâtiment va... L’encours augmente, le ciment s’envole, c’est le paradis. Les Français ont de l’épargne, ils craignent la montée des taux, c’est la ruée vers le béton. Décroissance, chômage partiel et salaires en berne, difficile d’imaginer que cela provienne d’une embellie ou d’un enrichissement réel. Les chiffres de l’enrichissement en baisse racontent une toute autre histoire, donc cette embellie est également purement contextuelle. Elle ne reflète aucun accroissement de richesse, mais une peur de la pauvreté.

Les PME vont bien. Elles ne tombent pas en faillite, comme redouté. Les grands groupes ont des profits records. Voltaire est heureux. Les grands groupes ont dépensé moins, tout en encaissant autant ou plus. Leurs résultats sont donc excellents. Contextuel également. Nous n’aurons pas un Covid à faire passer à coup de dette tous les ans et du chômage partiel à gogo. Les PME ne sont pas harcelées par l’URSSAF, elles ne s’écrasent par dans le triangle des bermudes covidien. En revanche, au 2nd trimestre le chiffre était en hausse et la proportion qui vont directement à la liquidation sans passer par la case départ du redressement judiciaire, et sans recevoir 20 000, est en terrible augmentation.

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Le commerce extérieur est au plus bas, ce qui atteste à quel point la notion de réindustrialisation de la France est une fable pour politique opportuniste (pléonasme ?). Nous dépendons du monde, qui ne dépend plus de nous. Il faut s’y habituer. Nous abandonnons un monde qui nous abandonne.

L’Afrique, continent certes complexe, mais prometteur, reflète notre descente totale aux enfers. Alors que Musk, le génie, y installe ses super-charger, que la Chine redouble d’investissements, la France perd chaque année un peu plus sa place sur le continent, y compris dans ce qu’il était commun de qualifier de France-Afrique. La tragi-comédie du sommet Afrique-France récent, ne reflète rien de la réalité. Nous avons les mots, comme toujours, mais plus les actes.

La France devient le règne de l’apparence, une façade encore belle qui abrite et masque un délabrement, qui pousse les français qui le peuvent à la quitter et l’Europe avec elle. Il suffirait pourtant d’un peu d’ambition et d’une grande vision pour tenter le maintien en première division. Pas gagné. Mais c’est lundi, donc gardons espoir, sinon qui viendra travailler cette semaine ?

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