Fin de l'indexation des retraites sur l'inflation : quel manque à gagner et comment le compenser ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Les retraites complémentaires seront désindexées de l'inflation.
Les retraites complémentaires seront désindexées de l'inflation.
©Reuters

Le plan B

Syndicats et patronat sont parvenus à un accord pour "sauver" les retraites complémentaires. Elles seront tout simplement désindexées de l'inflation.

Simone Wapler

Simone Wapler

Simone Wapler est rédactrice en Chef des Publications Agora (analyses et conseils financiers).

Elle est l'auteur de "Comment l'Etat va faire main basse sur votre argent: ... et ce que vous devez faire pour vous en sortir !", paru chez Ixelles Editions en mars 2013.

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Atlantico : Les partenaires sociaux - syndicats et patronat - se sont entendus sur un accord visant à désindexer de l'inflation (le niveau général de hausse des prix, ndlr) les retraites complémentaires Arrco, qui concernent les salariés issus du secteur privé, et Agirc, pour les cadres, afin de les "sauver". Qu'est ce que cela signifie concrètement ? Quel est le manque à gagner pour les retraités ?

Simone Wapler : Pour les retraités, cela signifie officiellement une baisse annuelle de pouvoir d’achat de l’ordre de 2%, puisque c’est environ le niveau actuel de hausse des prix. Une telle érosion signifie, qu’en trente-cinq ans, par exemple, la rente issue des retraites complémentaire sera divisée par deux.

En pratique, cette érosion sera plus importante que cela car la hausse des prix officielle est sous-estimée. Les retraités ne sont pas gros consommateurs des produits dont les prix baissent (la high tech, l’électronique). En revanche, ils consomment des produits dont les prix ont plutôt tendance à monter au dessus du niveau moyen de l’indice des prix : alimentation, énergie, soins.

Pour le moment, la baisse de pouvoir d’achat est supportable. Mais n’oublions pas que, comme l’a rappelé Michel Sapin, l’État est en faillite. Une des portes de sortie de ce guêpier consistera à laisser filer l’inflation. En effet, l’État possède l’immense privilège de s’endetter in fine. Tout au long de la durée de son emprunt, il ne verse que les intérêts et ce n’est qu’à l’échéance qu’il rembourse d’un coup le principal. Donc rembourser en monnaie dévalorisée fait très bien les affaires d’un État impécunieux. La désindexation d’un certain nombre de prestations publiques est un moyen pour l’État de se débarrasser du fardeau de la dette. Pour l’État providence, il est impératif de la mettre en place tant que l’inflation est faible et que les protestations ne seront donc pas vives.

Comment les retraités peuvent-ils compenser ce manque à gagner ? Quels types de produits s'offrent à eux avec des niveaux plus ou moins sécurisés en termes de garantie du capital investi ?

La première idée qui vient aux épargnants est de souscrire à des produits indexés sur l’inflation. C’est une mauvaise idée. En effet, les obligations d’État indexées sur l’inflation sont les premières à être répudiées par les États en difficulté car ce sont les plus lourdes à porter dans un processus de défaut sélectif et donc de faillite.

Compte tenu du contexte de répression financière dans lequel nous vivons, les rendements obligataires restent très bas. Souscrire à des produits d’épargne au rendement plus ou moins "boosté" est tentant. Mais là aussi, mauvaise idée. Les SICAV monétaire sont très exposées aux obligations souveraines et bancaires. Les risques sont importants dans les deux cas. Rappelons que le secteur bancaire ne fonctionne toujours pas normalement, les prêts de la Banque centrale européenne se substituent aux prêts interbancaires puisque les banques ne se font toujours pas confiance entre elles.

Les bonnes formules pour se prémunir de l’inflation à venir sont les placements en or, au plus près de l’or physique. Côté investissement, le PEA redevient une niche fiscale, ayant échappé à la rage taxatrice de l’ÉtatPar placement, entendez un support capable de conserver sa valeur dans le temps. Par investissement, entendez un support capable de s’apprécier et qui donc comporte un risque.

L’investissement en actions n’est pas de tout repos en période de montée de l’inflation. Voyez les performance boursières des années 1970 à 1980, grande époque de la "stagflation", combinaison de faible croissance et de forte inflation. Les indices se sont contentent de fluctuer dans une bande, sans grande tendance. Mais ceux qui savent sélectionner, faire un habile stock picking, pourront dégager des plus-values malgré tout.

Evidemment, toute épargne plus ou moins contrôlée par l’État est à proscrire. Il faut bien comprendre que l’État est devenu le prédateur à fuir et non le protecteur à rechercher. Les plus aventureux des retraités iront jusqu’au bout de la logique et songeront à se délocaliser dans un pays où ils pourront gagner en pouvoir d’achat, que ce soit fiscalement ou dans le coût de la vie quotidienne.

En plus d'une désindexation des retraites, les entreprises vont participer au redressement des régimes avec une hausse des cotisations sociales patronales de 0,1 point en 2014 et une seconde hausse d'un même niveau en 2015. Les retraites complémentaires sont-elles vraiment "sauvées" ou le problème n'est-il que reporté à plus tard ?

Nous vivons la faillite des États providence qui offrent leurs prestations à crédit en creusant toujours plus leur endettement. Le système de retraite français fait partie de ce naufrage. La retraite par répartition est un régime totalement inadapté au vieillissement de la population et au chômage de masse. Il faudra évidemment travailler plus longtemps pour ceux qui sont en activité. Pour ceux qui sont déjà à la retraite, il faudrait alléger la pression fiscale, notamment sur les revenus de l’épargne. C’est évidemment une utopie dans un système qui ne sait plus que ponctionner toujours plus pour redistribuer toujours moins. Espérer d’un homme politique qu’il prélève moins d’argent, ce serait croire que les vampires végétariens existent…

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