Externalisation, privatisation : ces pistes sous-exploitées par le gouvernement qui pourraient sortir Pôle Emploi de l'ornière<!-- --> | Atlantico.fr
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Une privatisation ou une externalisation des services de Pole Emploi peut-elle être envisagée ?
Une privatisation ou une externalisation des services de Pole Emploi peut-elle être envisagée ?
©Reuters

Au-delà du tabou

La montée croissante du chômage, malgré l'adoption d'une pléthore de mesures censées lutter contre, peut apparaître désespérante. Mais avons-nous vraiment tout essayé ?

Agnès  Verdier-Molinié

Agnès Verdier-Molinié

Agnès Verdier-Molinié est directrice de la Fondation IFRAP(Fondation pour la recherche sur les administrations et les politiques publiques).

Son dernier ouvrage est "Ce que doit faire le (prochain) président", paru aux éditions Albin Michel en janvier 2017.

 

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Atlantico : Les acteurs publics, de gauche comme de droite, appellent à l’adoption de « mesures urgentes » pour lutter contre le chômage. Une privatisation ou une externalisation des services de Pole Emploi, souvent considérées comme des tabous, peut-elle être envisagée ?

Agnès Verdier-Molinié : A la Fondation iFRAP, où nous avons réalisé une étude sur Pôle Emploi : « Pôle emploi, l’urgence d’une rénovation » publiée en 2012, nous avions davantage évoqué le principe d’une externalisation que celle d’une privatisation. La gestion des indemnités et du suivi administratif des dossiers doit, selon nous, continuer de se faire dans le cadre de la structure actuelle mais nous proposons en revanche d’externaliser le placement des demandeurs d’emplois. Cette mission pourrait ainsi être confiée à des associations ou des entreprises sous-traitantes.

La municipalité de Maarsen aux Pays-Bas a totalement privatisé ses services d’aide au retour à l’emploi depuis 2002. Pourrait-on s’inspirer d’une telle solution ou est-ce aller trop loin ?

Je pense pour commencer que si l’on utilise le mot « privatisation » cela ne marchera pas chez nous. Le problème est que l’on croit souvent en France que, lorsque Pôle Emploi sous-traite certaines de ses missions à des opérateurs privés de placement, nous allons vers une suppression du service public. Un service public n’est pas forcément géré par un organisme public sous monopole, il peut aussi -et parfois mieux- fonctionner dans le cadre d’une délégation de certains services. On peut prendre l’exemple de la gestion du service public de l’eau qui, dans certaines villes de l’Hexagone, est délégué à des entreprises privées pour affirmer qu’il n’y a ici rien de contradictoire.

Certaines missions de Pôle Emploi sont justement déjà gérées par des structures privées. Quels sont leurs résultats ?

Une étude menée par la Fondation iFRAP en août 2012 montre que le placement d’un demandeur d’emploi coûte moins cher lorsqu’il est réalisé par un opérateur privé de placement (OPP) que  par Pôle Emploi. On peut faire la comparaison entre le coût de placement d’un OPP et ce même coût par Pôle emploi si on le met en parallèle du programme  « Cap vers l’entreprise » (CVE). Le coût de placement d’un demandeur d’emploi dans un emploi durable  par les opérateurs privés de placement oscille entre 1450 et 1815 euros. Tandis que le coût moyen de placement par le dispositif CVE de Pôle Emploi est de 2728 euros. On peut donc affirmer que, à programme de placement comparable, un opérateur privé coûte moins cher que Pôle emploi peut-être en partie car les opérateurs privés sont plus spécialisés sur certains secteurs d’emplois.

On peut prendre pour illustrer cela le modèle australien qui fonctionne beaucoup en délégation de service public. En Australie, ce sont des organismes à but non lucratif, évalués tous les trois mois, qui placent les demandeurs d’emplois. 79% de ces opérateurs sont à but non lucratif.  Ils sont missionnés via un appel d’offres lancé par le Ministère de l’Emploi qui renouvelle leurs activités en fonction de leurs résultats. 

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