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La crise grecque remet en cause le fonctionnement de l'Europe.
La crise grecque remet en cause le fonctionnement de l'Europe.
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L'Edito de Jean-Marc Sylvestre

Les Européens s’agitent et paraissent de plus en plus nombreux à vouloir tirer les leçons de toutes ces difficultés. La construction européenne pourrait réparer ses erreurs et la démocratie pourrait se départir de pratiques hystériques.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Les Chinois traduisent la crise par "opportunité". Ce qui veut dire que la crise, par son impact prévisible, pourrait rendre intelligent tous ceux qui ont quelques influences et quelques responsabilités. C’est peut-être ce qui pourrait se passer avec la crise grecque. On sent bien que les acteurs principaux ont repris les négociations pour essayer de sortir du piège dans lequel ils sont tombés. Le Premier ministre, Alexis Tsipras a repris sa casquette de révolutionnaire pour s’adresser au petit peuple de la Grèce. Mais Alexis Tsipras peut très bien revenir en arrière avant la fin de la semaine. Cette stratégie du maitre chanteur est un marqueur de faiblesse. Donc tout est encore possible 

Si on veut résumer la crise grecque, il faut retenir deux problèmes.

Le premier tient au poids de sa dette. Plus de 300 milliards d’euros. Tous les créanciers savent, peu ou prou, que la Grèce ne remboursera pas cette dette. On trouvera forcement des arrangements. Les Européens commencent à le reconnaitre. Le détail qui tue c’est qu’ils ne peuvent pas l’acter officiellement sinon derrière les pays endettés défileront aux guichets de la BCE pour faire annuler leurs dettes. Il y a des formes qu'il faut respecter. Les Grecs devraient comprendre que leur ambition ne peut pas être contagieuse. Donc on dira qu’il faut restructurer la dette. C’est de cela que l'on discute depuis des semaines. Tout le monde est à peu près d'accord, sinon il y a longtemps que la BCE aurait fermé les perfusions.

Le deuxième problème est beaucoup plus important. Il faut que la Grèce reconstruise son modèle économique et social avec une industrie qui génère de l'activité et de la valeur, avec des recettes fiscales qui remontent au niveau de l’Etat et des dépenses de fonctionnent qui ne dépassent pas tous les jours, les recettes fiscales. Sur ce point, le gouvernement Tsipras n’a jamais voulu l’entendre.

C’est bien le problème. Il ne s’agit pas d’ajouter de l’austérité à l’austérité, il s’agit de récupérer des recettes fiscales auprès des contribuables qui n’ont jamais payer l’impôt. La nuit dernière, on pensait que la gouvernance grecque avait compris cette nécessité de retrouver en Grèce un modèle de croissance. Hier soir dans son discours, Tsipras en contradiction avec la lettre de compromis a repris son discours de guerrier.  

L’ampleur et la gravité de la catastrophe annoncée pourraient paradoxalement faire évoluer notre système économique et notre organisation politique dans des proportions importantes. A deux niveaux.

Tout d'abord, la construction européenne pourrait progresser vers plus d’unité politique. Les crises en Europe sont le résultat d’un déficit politique de l’Europe. Tout le monde savait dès la création de l’euro, que la monnaie unique aurait du être précédée ou suivie d’une construction politique. Jacques Delors, le créateur de l’euro pensait que l’Europe fabriquerait son unité politique trois mois après le lancement de l’euro. C’était dans les gênes de départ. Les égoïsmes et l’absence de volonté ont dressé des faisceaux de contraintes. Aujourd'hui  la situation n’est plus tenable. Il est impossible de faire vivre une monnaie unique sans un budget fédéral, un gouvernement fédéral et une autorité européenne légitime pour procéder aux harmonisations fiscales et sociales, aux arbitrages. On peut penser que la crise grecque pourrait forcer les pays de la zone euro à préparer un peu plus les Etats-Unis d’Europe.

Ensuite, la démocratie ne peut pas fonctionner avec des partis politique extrémistes qui, pour accéder aux pouvoirs, promettent des programmes irréalisables.La démocratie doit être sanctuarisée mais elle doit aussi respecter les règles fixées.

La légitimité politique d’Alexis Tsipras n’est pas en cause (pas encore). Ce qui est en cause, c’est son expertise et les promesses faites qui ne peuvent être financées par les voisins. Ses voisins n’ont pas voté pour payer les factures grecques. Angela Merkel a rappelé que toute aide supplémentaire devait être, autorisée par les parlementaires allemands du Bundestag. Le comportement allemand dans la crise grecque n’est pas le résultat d’une décision de la Chancelière, c’est un résultat de la démocratie allemande. La démocratie allemande vaut bien la démocratie grecque n’en déplaise au premier ministre Tsipras.

La démocratie ne peut fonctionner correctement que si les leaders politiques sont totalement responsables et conscients des contraintes juridiques et financières. La politique n’a pas tous les droits. Sinon c’est le principe même du système démocratique qu'ils fragilisent.

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