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Donald Trump, Theresa May, Marine le Pen, François Fillon et Benoit Hamon… Les marchés perturbés et les milieux d’affaires inquiets par la conjoncture politique
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Atlantico Business

Les incertitudes politiques se sont encore invitées sur les marchés qui commencent sérieusement à perdre leur calme.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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La bourse américaine, Wall Street et Nasdaq, depuis le début de la semaine, et les bourses européennes depuis 24 heures, ont perdu leur calme pour une seule et même raison : la multiplication des incertitudes politiques partout en occident.

La conjoncture économique n'est pas brillantissime, mais les indicateurs de consommation, d’investissement et d’emplois sont plutôt mieux orientés pour 2017. La zone américaine semblait plutôt bien anticiper les projets de relance budgétaire annoncés par le nouveau président. Quant à l’Europe, elle commençait à intégrer et à assumer les effets du Brexit, même si tous les pays de l’Union ne se retrouvaient pas sur la même longueur d’onde. La France par exemple continuait d’être gênée par les facteurs structurels alors que l’Europe du nord et l’Allemagne enregistraient une évolution plus dynamique.

En quelques jours, les nuages chargés des incertitudes politiques sont venus obscurcir les anticipations et perturber les indicateurs sur les marchés boursiers et sur les changes.

1°C’est aux Etats-Unis où les écarts ont été les plus violents. Apres l’euphorie qui a salué l’élection de Donald Trump, les investisseurs considèrent que le président américain sème un véritable trouble. A tel point d’ailleurs que les appels à la destitution se multiplient et que beaucoup estiment déjà qu'il ne pourra pas terminer son mandat dans ces conditions de désordre et d’impréparation.

Ses projets de soutien systématique à l économie américaine, sa promesse de lancer une vague d’investissement public ou d’équipement collectifs, son programme de dérégulation et de baisse d’impôts avaient été très bien accueilli par l’opinion américaine et par les marchés qui voyaient dans ce programme un booster qui serait venu prendre le relai du moteur monétaire que la FED voulait freiner.

Le problème est que les premières décisions annoncées et signées dans le bureau ovale par Trump, alors que son équipe n’est pas complètement installée, ont créé un trouble. Sa détermination à freiner les importations mexicaines, ses critiques à l’encontre de la Chine, puis de l’Europe et surtout de l’Allemagne ont, quand même été mal reçues par la communauté des affaires. Les décrets qui empêchent l’accès au territoire américain de citoyens originaires de sept pays du Moyen-Orient sous le prétexte de lutter contre le risque terroriste ont suscité de l’émotion et de la colère.

Une majorité de chefs d’entreprise, et notamment ceux qui travaillent dans les nouvelles technologies réagissent assez violemment en soulignant que la force   de l’Amérique lui a été apportée en grande partie par les immigrants à toutes les époques de son histoire. Cette affaire conjuguée aux risques du protectionnisme a passablement refroidi les marchés qui se sont donc retournés. Ils attendent les mesures fiscales, ils attendent les dérèglementations promises et les plans d’investissement, mais en attendant ils ont singulièrement perturbés. En fait comme dans beaucoup de pays, ils pensaient que le président américain ne ferait pas exactement ce qu'il avait dit qu'il ferait pour être élu. La vraie surprise, c’est que pour la première fois, le président élu change les codes. Et c’est d’autant plus violent que les contrepouvoirs américains ne sont pas encore branchés. D’où ce sentiment de désordre et de surprise.

2° En Europe, le Brexit concentrait l’attention et limitait les incertitudes sur les modalités de sortie. Aujourd’hui, on est entré dans le dur de la négociation avec la certitude que la Grande-Bretagne va essayer d’obtenir le maximum d’avantages par des accords commerciaux unilatéraux qu’elle pourra signer avec les membres de l’Union Européenne afin de conserver l'essentiel de son activité. Pour les Européens, ce type d’accord n’est pas envisageable puisqu’ils reviendraient à donner à la Grande Bretagne les avantages du grand marchée n l’exonérant de ses devoirs de solidarité. Cela dit, tout va dépendre des Européens eux-mêmes. Ou ils sont déterminés à dénouer les liens très compliqués qui ont été tissés avec la Grande-Bretagne depuis un demi- siècle, ou alors s’ils sont près à négocier des compromis qui seraient forcément préjudiciables à l’Union.

3° Les pays européens peuvent profiter du Brexit pour récupérer des activités industrielles et de services qui n'auraient plus aucun intérêt à rester localisées outre manche, mais Bruxelles craint par dessus tout, un phénomène de contagion avec le risque de mettre l‘Europe en miettes.

Les velléités de quitter l’union européenne existent encore et toujours en Grèce, en Italie, en Espagne même si les courants souverainistes sont loin d’être majoritaire faute de pouvoir en assumer les conséquences financières.

4° En France, les risques politiques sont à nouveau apparus sur la scène des marches depuis quelques jours. Les difficultés de François Fillon font douter de la capacité qu’il aura à se présenter. Or, une éventuelle défaillance de François Fillon, nous plongerait à nouveau dans l’incertitude.

D’abord parce que la droite n’a pas de plan B évident, ensuite parce que cette affaire apporte encore de l’eau au moulin de Marine Le Pen, enfin parce qu‘à gauche, on n’exclut pas un accord entre Benoit Hamon et Jean-Luc Mélenchon. Reste Emmanuel Macron qui s’installe en pôle position mais dont personne ne connaît le programme.

A trois mois de la présidentielle l’horizon politique s’est complètement obscurci. Personne n’y voit clair ou plutôt si, beaucoup y voient de mauvais présages.

Les candidats capables de proposer une politique pro-business et pro européenne sont de plus en plus rares. A l'extrême droite comme à l'extrême gauche, on est dans une autre logique, beaucoup plus populiste. Le monde des affaires et de la bourse n'imagine absolument pas possible la mise en œuvre d’un revenu universel, d’un abandon des dettes publiques, de la possibilité d'organiser des referendums d initiative populaire et encore moins d’une sortie de l’euro comme l’annonce le FN. Pour la majorité des chefs d’entreprises et des banquiers, les conséquences seraient catastrophiques.

Alors restent Fillon et Macron. Deux libéraux, disait-on. Mais Fillon va sans doute être obligé d’amender son programme libéral et Macron de préciser la réalité de la politique qu’il veut conduire.  

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