Combien fallait-il de morts pour qu'Hollande devienne courageux ? Au moins 129<!-- --> | Atlantico.fr
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Des manifestants qui soutiennent les victimes des attentats.
Des manifestants qui soutiennent les victimes des attentats.
©Reuters

Encore mieux que la droite

Le carnage de Paris, c'était du jamais vu. Et la réaction de la gauche au pouvoir, du jamais vu aussi.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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Ça dégaine comme dans un western. Ça pulvérise comme dans les Tontons Flingueurs. Et ça tire plus vite que son ombre. Les rôles ont été bien distribués. François Hollande en père de la Nation proclamant la patrie en danger. Et c'est bien normal vu l'ampleur de la tragédie. Cazeneuve en croque mitaine, ayant enfin revêtu le costard de premier flic de France, annonçant plusieurs fois par jour qu'on va voir ce qu'on va voir et qu'on a encore rien vu. Et enfin Valls barde inspiré de la France éternelle. Qu'on en juge. Des dizaines d'arrestations et d'interpellations. 140 assignations à résidence. Nos avions qui bombardent, enfin sans retenue, le fief de Daesh en Syrie. Des mesures pour fermer les mosquées islamistes. Des expulsions prochaines des imams étrangers les plus haineux. Des déchéances de nationalité programmées. Et surtout ces mots, ces mots qui n'ont jamais été de gauche.

Ecoutez Valls parler de ceux "qui n'ont pas l'âme française". "L'âme française " ? Oula ! Du Péguy mâtiné de Barrès. Pauvre Guaino qui croyait avoir des droits inaliénables sur ce vocabulaire. La droite hébétée assiste à ce virage sécuritaire et quasiment identitaire en cherchant bien ce qu'elle pourrait imaginer de plus fort. Et Marine Le Pen, pénarde et tranquille, la joue allegro ma non troppo. Elle sait que le moment venu c'est vers elle que se porteront les suffrages de tous ceux qui pensaient depuis longtemps que la guerre devait être faite contre "l'ennemi intérieur".

Et puis petit à petit une vérité douloureuse et dévastatrice se fait jour. On savait depuis longtemps quelles mosquées étaient devenues des haut-parleurs de la haine (Cazeneuve en a la liste parce qu'il veut les fermer). Sarkozy n'y a pas trop touché, tétanisé par une gauche toujours prompte à le traiter de fasciste. Hollande non plus n'a pas bougé redoutant d'être traité de sarkozyste par sa propre gauche.

Et les milliers de fichiers S on les connaissait quand même ? Que ce soit hier ou aujourd'hui. Qu'a-t-on fait ? On les a surveillé autant qu'il était possible. Rien de plus. Mohammed Merah, du temps de Sarkozy, ça ne suffisait pas pour aller plus loin ? Et les morts de 7 janvier ce n'était pas assez pour que Hollande fasse alors ce que Hollande fait aujourd'hui ? On n'a pas voulu voir. On n'a pas voulu stigmatiser une religion et ceux qui la pratiquent. Un criminel, je pèse mes mots, aveuglement. Fallait il, oui fallait il vraiment, 129 morts pour en arriver là ? C'est cher payé.

A lire du même auteur : "Comment je suis devenu un sale Français", de Benoît Rayski, publié aux Editions Du Rocher, 2015. Pour acheter ce livre, cliquez ici.

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